Mettre en relation investisseurs et porteurs de projet
Invest’Innove, plate-forme d’investissement spécialisée en santé et en innovation, a organisé mi-février sa 26e soirée en faveur de jeunes entreprises actuellement en levée de fonds. L’occasion également de présenter le 100e projet incubé.
Depuis 2009, Invest’Innove accompagne les dirigeants de start-up dans la recherche de levée de fonds. «Jusqu’en 2009, les dossiers que l’on portait concernaient exclusivement la santé. Depuis, les secteurs sont plus variés», introduit Thomas Buffin, président de Clubster Santé, le réseau des entreprises de santé de la région qui pilote Invest’Innove. En neuf années, plus de 80 millions d’euros ont été levés par les porteurs de projet venus pitcher à l’une des soirées de la plateforme.
Soit 97 projets financés. Le principe même de Invest’Innove est de permettre la rencontre entre des chefs d’entreprise en plein essor et des business angels. Le premier contact est cadré : les porteurs de projet, sélectionnés au préalable par la plateforme, ont sept minutes pour présenter leur concept et convaincre l’assemblée venue les écouter d’investir. Ensuite, les échanges sont moins formels autour d’un cocktail. Trois entreprises régionales ont donc eu l’opportunité de pitcher à l’occasion de cette soirée.
«En neuf années, plus de 80 millions d’euros ont été levés par les porteurs de projet»
MyFavoreat, une application mobile qui propose des solutions alimentaires
Premier projet présenté, MyFavoreat est une entreprise régionale créée il y a un an. Son besoin en financement est de 500 k€. «Notre application propose des solutions alimentaires aux personnes qui souhaitent maîtriser leur alimentation soit par obligation soit par conviction, explique Caroline Valent, cofondatrice. En créant son profil alimentaire et celui de son entourage, on a accès directement à des recettes adaptées et on peut aussi scanner des produits en magasin pour en connaître la teneur.» Ce qui peut se révéler intéressant pour des personnes souffrant d’allergies ou d’intolérances par exemple.
L’application a été développée en partenariat avec des médecins et des laboratoires. «Nous avons choisi de constituer nous-mêmes nos propres algorithmes et nous avons voulu un accès gratuit, précise Caroline Valent. Notre modèle est BtB, nous proposons des données réelles de consommateurs, mais nous ne faisons pas de marketing de produits par exemple.» L’application est opérationnelle depuis le mois d’octobre et «présente des taux de progression à deux chiffres tous les jours».
Asmodine, un styliste numérique en ligne
Le second projet présenté aux business angels concerne le secteur de l’habillement. À l’origine du projet, Claude Marquis, ancien international de basket, qui, avec des mensurations de 2,04 m et 115 kg, rencontrait quelques difficultés pour trouver des vêtements à sa taille. «Je ne suis pas le seul, puisque des études montrent qu’entre 20 et 40% des commandes effectuées sur le Net sont retournées pour des problèmes de taille», indique-t-il. Il décide alors de lancer avec Christophe Samarine, expert en réalité augmentée, Asmodine. Il s’agit d’un moteur de recherche qui permet un shopping intelligent en ligne, notamment en précisant les tailles adéquates en fonction de la morphologie des personnes.
Mais les potentialités sont nombreuses, comme par exemple la recommandation des coupes et des formes selon le profil. «En prenant une photo de soi de face et de profil, cela permet une reconnaissance d’image et notre moteur de recherche sera capable de proposer, quelle que soit la marque de vêtement, les modèles qui conviennent le mieux.» Cette technologie vise le marché des profils atypiques qui représente, selon Claude Marquis, 1,6 milliard d’euros en France. Pour pouvoir permettre son accroissement, la jeune pousse a besoin d’un financement de 300 k€, notamment pour sa R&D.
X’Prochem synthétise des biomédicaments
Troisième et dernier projet à tenter de convaincre les investisseurs lors de cette soirée, X’Prochem, qui est également le 100e projet porté par Invest’Innove. Bio-incubée en 2010 à Eurasanté, la société voit le jour deux ans plus tard. Lauréate la même année du concours i-Lab organisé par le ministère de la Recherche, X’Prochem connaît une première levée de fonds de 400 000 euros, en 2015 déjà, par le biais de Invest’Innove. Aujourd’hui, X’Prochem se tourne vers l’international et a donc besoin de nouveaux financements pour conquérir de nouveaux marchés. «Notre découverte repose sur une colle brevetée qui permet d’assembler différentes parties d’un biomédicament et d’éviter ainsi l’utilisation de gros incubateurs, installations qui coûtent très cher, explique Denis Henrard, directeur d’exploitation. Depuis deux ans, nous avons une cinquantaine de clients et nous n’avons aucune dette.» Le marché mondial du biomédicament représente 6 à 8 milliards d’euros par an. «Nos clients sont des sociétés pharmaceutiques, des laboratoires de biotechnologie et des fondations avec lesquels nous travaillons sur des projets ponctuels.» À terme, X’Prochem espère que son procédé innovant permettra de traiter une large gamme de pathologies, notamment en réduisant les coûts de production des biomédicaments. La société recherche 500 k€, dont 350 en capital ou royalties. Entre 2018 et 2019, la moitié de cet investissement sera consacrée au marketing et à la vente et l’autre moitié, à la recherche et à l’automatisation.