Méthode et réalité

La Côte d’Opale n’en finit pas de se débattre avec un chômage structurel. Les chiffres du second trimestre ont encore accentué la déprime : à part l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer, les autres territoires sont à la peine.

Les chiffres sont édifiants : 16,8% dans le Calaisis (+ 0,8% depuis un an), 14,1% dans le Boulonnais (+ 0,6% depuis un an), 12,8% dans l’Audomarois (+ 0,9% depuis un an) et 12,5% dans le Dunkerquois (+ 0,3% depuis un an)… Seul l’arrondissement de Berck/Montreuil-sur-Mer limite la casse mais franchit un palier avec 10% (+ 1,1% depuis un an). «La méthode a changé, ça ne veut pas dire grand-chose», expliquent les acteurs économiques et politiques du Calaisis, face à leurs efforts réduits à néant par les chiffres du chômage du second trimestre dans l’arrondissement. A l’Insee, on rectifie : «La méthode n’a pas changé depuis un an. Les chiffres ont bougé, certes, mais pas les différences entre les territoires. Peut-être les zones transfrontalières, qui sont désormais plus affinées». De plus, «si on regarde l’emploi, ça s’améliore mais les demandeurs d’emploi viennent aussi d’ailleurs» font remarquer les services de l’Insee. Autrement dit, certains actifs au travail dans un territoire n’habitent pas forcément ce territoire et n’entrent pas dans les chiffres «positifs» de celui-ci.  Reprenons les éléments fondamentaux pour comprendre les chiffres. Premier point, «le taux de chômage est le rapport (en pourcentage) entre une estimation du nombre de chômeurs et la population active estimée au lieu de résidence. La population active comprend les personnes occupant un emploi et les chômeurs». Deuxièmement, les chômeurs sont classés en cinq catégories selon le volume de leur activité : le taux résulte de la prise en compte des catégories A, B et C, seules «tenues de faire des actes de recherche d’emploi».

Stabilité des critères et variable «politique». Les autres (en maladie, en stage, de plus de 55 ans dispensés de recherche…) n’entrent pas dans les statistiques. A noter que seuls les demandeurs d’emploi de la catégorie A n’ont pas du tout d’activité rémunérée. Les B et C sont en temps partiel. L’Insee collecte les renseignements des organismes sociaux et les traduit aussi finement que possible. Ses sources sont, entre autres, le Pôle emploi et la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) : les statistiques finissent dans «l’enquête emploi». Dans le détail, on peut se reporter à une note interne de l’Insee qui explique le calcul du taux de chômage : «Pour évaluer le chômage localisé par zone d’emploi chaque trimestre, la méthode consiste à répartir (…) le nombre de chômeurs brut au prorata des demandes d’emploi en fin de mois de catégorie A. Cette ventilation est réalisée en moyenne trimestrielle à partir des séries mensuelles séparément pour les hommes et pour les femmes et selon trois tranches d’âge.» Les critères de l’Insee sont basés sur ceux du Bureau international du travail (BIT) et la logique de calcul repose sur des critères jugés stables et partagés par la plupart des pays. Les comparaisons sont donc pertinentes dans le temps et malgré les systèmes sociaux et économiques différents selon les pays.

La marge dans les chiffres réside dans les personnes proches de l’indisponibilité, de la recherche partielle d’un emploi et du temps partiel effectué par quelqu’un qui voudrait travailler plus… D’un autre côté, le ministère du Travail publie, lui, un autre chiffre : celui des demandeurs d’emploi «en fin de mois». Mensuel, ce chiffre repose sur des critères administratifs qui peuvent changer à discrétion… du ministère du Travail. Une autre variable que les politiques aiment avoir sous le coude. Pas les statisticiens.

 

Note : selon l’Insee, un chômeur est une personne remplissant les trois conditions suivantes : être sans emploi, rechercher un emploi et être disponible pour travailler.

 

 

Encadré :

 

Les chiffres nationaux

 

«Le chômage continuera d’augmenter en 2013», a dit le président de la République. Les chiffres sont déjà très haut et touchent toutes les strates de la population. A la fin du second trimestre 2012, il y avait 1,55 million d’hommes demandeurs d’emploi (en catégorie A) et 1,43 millions de femmes. La hausse est de près de 2 points pour les premiers et de 1 point pour les secondes. Les jeunes chômeurs de moins de 25 ans sont passés de 439 000 à 471 000 entre juillet 2011 et juillet 2012. Quant aux jeunes femmes, les chiffres passent de 214 000 à 225 000. Au total, l’ensemble des demandeurs de catégorie A est passé, entre juillet 2011 et juillet 2102, de 2,752 millions à 2,987 millions de personnes.