Mélody Eulriet parie sur le terroir Bio
Arboricultrice et transformatrice, Mélody Eulriet est à la tête d’une exploitation agricole mettant en valeur les fruits lorrains, la mirabelle en particulier. Sa démarche certifiée agriculture biologique a été récemment distinguée en Russie.
À 26 ans, Mélody Eulriet mêle tout à la fois une personnalité discrète et une détermination nécessaire à la voie de chef d’entreprise qu’elle s’est tracée. Les produits de la vigne lui sont si familiers. Comment pourrait-il en être autrement ? Au cœur du cépage toulois, son père Jean-Claude est distillateur depuis treize ans et a développé appétence et expertise du métier. Le relais de l’héritage familial est naturellement transmis. Après un cursus à BAC + 3 agricole réussi en Normandie, Mélody Eulriet fait d’abord ses gammes dans une succession de missions courtes. Avant d’effectuer le grand saut : «J’ai toujours eu ce tempérament d’aller de l’avant. En mai 2012, j’ai pris ma décision, soutenue par la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle», affirme-t-elle. Il faudra un an d’étude de faisabilité, de démarches administratives et variées pour qu’elle parvienne à son objectif. Elle qui a désormais le statut d’agricultrice avance son leitmotiv, comme une éthique de travail affichée : «Le bio est actuellement tendance. Pour ma part, ce n’est pas un simple mot. Dès le départ de cette aventure, j’ai voulu être à la tête d’une exploitation où l’on réalise tout de A à Z. Hors de question de faire du bricolage !» Concrètement, Mélody Eulriet produit des fruits Bio, nés de souches traditionnelles, issus de leurs terroirs originels. Notamment la mirabelle, le fruit roi des vergers lorrains.
S’imposer dans un univers masculin
Pour l’heure, dans le lancement de son activité, l’arboricultrice travaille en corrélation avec son père. Tous les produits sont réalisés par leurs soins, de l’exploitation des vergers à la récolte jusqu’à la distillation des fruits en alcool dans l’atelier présent sur le domaine à Bruley. Boissons, jus, alcools, liqueurs, crèmes, jus, confitures, apéritifs, fruits séchés, confiseries, eaux de vie… fleurent bon l’authentique. Mélody Eulriet plaide pour une vraie qualité : «Il y a une demande d’exigence et de vigilance du consommateur à revenir vers des choses 100 % naturelles. J’insiste sur la traçabilité de ce que je vends». Mirabelles, quetsches, poires et pommes sont ici récoltées, commercialisées frais ou destinées à la transformation. Mélody Eulriet s’est aussi muée en femme d’affaires, arpentant foires et salons à la rencontre des particuliers, des professionnels, grossistes, cavistes, comités d’entreprises : «Quand on doit négocier, décrocher son téléphone, convaincre, cela donne obligatoirement de l’assurance !», avance-t-elle. Dans son entreprise où se lient artisanal et commercial, terrain et représentation, l’emploi du temps est très chargé, demandant réactivité et anticipation. Son paternel note : «Le milieu agricole demeure dans sa mentalité très masculin. Voir une jeune femme qui en veut venir bousculer les habitudes dérange parfois. Le terme alcool est quasi automatiquement associé à homme. Mélody apporte un autre regard. Et il y a l’aspect financier à gérer : sur un produit, 70 % de la vente que nous réalisons s’envole en taxes ! Et je ne compte pas les autres charges.» Mélody Eulriet ne manque pas d’allant pour l’avenir : «Ouvrir une boutique identifiée, développer un site internet et plus largement ma visibilité. Pourquoi pas, dans quelque temps, embaucher ?» Première reconnaissance : «Eau de vie mirabelle» de la maison Eulriet a remporté la médaille d’argent du réputé concours international Griffon d’Or, à Yalta, en Crimée, catégorie Vodkas et alcools de fruits. À son échelle, Mélody Eulriet bouge les lignes, véhicule l’image d’une Lorraine fière de son terroir, n’hésitant pas à le revendiquer.