Événement

Medef Somme : une Garden party sur fond de renouveau

Carton plein encore une fois pour l’édition 2022 de la Garden party du Medef Somme, qui s’est déroulée au Château de Flixecourt le 23 juin dernier. C’est devant une assemblée attentive de plus de 550 personnes que le président de l’instance patronale Stephan de Butler a dévoilé la nouvelle stratégie et identité du syndicat, avant de laisser la parole à Antoine Hubert, président d’Ÿnsect.

(à l'extrême g. et dr.) Philippe Gravez et Patrice Guillou de Communimark, Antoine Hubert et Anne-Charlotte Roux, déléguée générale du Medef Somme. (c)Instantmatic
(à l'extrême g. et dr.) Philippe Gravez et Patrice Guillou de Communimark, Antoine Hubert et Anne-Charlotte Roux, déléguée générale du Medef Somme. (c)Instantmatic

C’est sous une verrière surchauffée que Stephan de Butler a commencé par lister les principaux enjeux à venir, citant pêle-mêle les retraites, l’attractivité de la France et de l’Europe, la décarbonation de l’économie, la santé au travail, la transformation digitale des entreprises, la souveraineté économique, etc.

En poste depuis deux ans et demi, le président du Medef Somme a tenu à saluer la mobilisation de son équipe auprès des entreprises durant la crise sanitaire. « Il fallait que les entreprises tiennent, qu’elles ne décrochent pas, qu’elles comprennent le dédale administratif pour tirer partie de la situation, ou simplement survivre, se souvient Stephan de Butler. Nous avons aujourd’hui un pays qui a fait face, dans une logique de résilience qui a permis à l’économie de rebondir », ajoute-t-il, avant d’évoquer la seconde partie de sa mandature, consacrée aux défis à relever.

Nouvelle image et nouvelle dynamique

« Nous savons pertinemment que nos entreprises entrent dans une ère de transformation, c’est une mutation conséquente qui nous attend tous », estime le président du Medef Somme qui compte entre autres continuer de travailler sur la RSE « une obligation et une réalité », sur la promotion du territoire et entend accélérer le rythme des formations et rencontres orchestrées par des experts, à destination des dirigeants.

« Nous avons également tenu à rafraîchir notre image, pour la rendre plus dynamique et qu’elle donne confiance en l’avenir », enchaîne-t-il, présentant la nouvelle philosophie du Medef Somme dont le message est on ne peut plus clair : créer des connexions puissantes (avec les instances étatiques, les organismes et les collectivités), partager l’énergie des savoirs et repousser les limites, avec un slogan qui porte haut l’ambition du syndicat patronal : "Entrez dans un mouvement qui fait bouger les lignes". Stephan de Butler a profité de l’occasion pour rappeler le rôle essentiel des mandataires, « qui travaillent dans l’ombre pour défendre les intérêts des entreprises ».

Stephan de Butler a énuméré les défis à relever par les entreprises et le Medef Somme. (c)Instantmatic

Il a ensuite cédé sa place sur la tribune à Antoine Hubert, co-fondateur d’Ÿnsect, qui est revenu sur la genèse de ce projet au départ « un peu fou », imaginé avec trois autres amis et qui va donner naissance à la plus grande ferme verticale du monde (45 000 m² et 36 mètres de hauteur pour une production à terme de 200 000 tonnes d’ingrédients par an), à Poulainville près d’Amiens.

Un modèle vertueux et ambitieux d'économie circulaire

Si Antoine Hubert était au départ destiné à suivre une carrière de chercheur en agronomie, c’est son intérêt pour le monde qui nous entoure, la biodiversité et les enjeux environnementaux qui l’amènent à bifurquer et prendre le virage de l’entreprenariat en 2011, après avoir créé une association environnementale avec quelques amis.

« On sentait qu’au-delà de cette sensibilisation à l’environnement, il y avait quelque chose de plus grand à construire avec les insectes, maillon primordial de la chaîne alimentaire. Le meilleur est devant nous, mais le temps presse pour mettre en place une écologie positive », explique-t-il.

Antoine Hubert décide donc de voir – beaucoup – plus haut et vise la très grande échelle avec Ÿnsect, qui transforme les insectes (des scarabées Molitor et Buffalo) en « ingrédients premium à haute valeur ajoutée » pour les animaux, poissons et plantes, dans une logique d’économie circulaire.

L’idée : proposer une solution saine et durable pour répondre à la demande croissante de la consommation mondiale, avec une empreinte carbone négative. Entreprise à mission, Ÿnsect a la très grande ambition de réinventer la chaîne alimentaire pour répondre à ces enjeux, et a commencé par produire de la farine de poisson, pour nourrir les poissons d’aquaculture.

« Nous tablons sur une quinzaine d’installations comme celle de Poulainville dans le monde à la fin de la décennie, ce qui éviterait de pêcher plus de 1 000 milliards de poissons dans le Sud de l’Amérique destinés à l’alimentation pour l’aquaculture », révèle Antoine Hubert, qui a trouvé à Amiens un solide réseau de partenaires, un écosystème économique favorable au développement de son activité et a ouvert une école de formation à Amiens, Chrysalis, pour acculturer les futurs collaborateurs.

Ÿnsect a franchi en 2021 une nouvelle étape majeure, en se lançant sur le marché de l’alimentation humaine et en accélérant son développement sur ce segment avec l’acquisition de l’entreprise agritech néerlandaise Protifarm. Cette troisième ferme verticale va lui permettre d’accroître sa capacité de production.

La suite logique d’une sucess story qui mêle acquisitions, levées de fonds et soutiens de stars internationales (l’acteur Robert Doney Jr se fait Outre-Atlantique le chantre médiatique d’Ÿnsect). Le secret ? « Il ne faut pas avoir de limites, oser entreprendre, savoir s’entourer et travailler tous ensemble dans la même direction », sourit Antoine Hubert.