Mathilde Panot: "Je ne regretterai jamais d'avoir été du camp de la paix"

Mathilde Panot, présidente du groupe de La France insoumise à l'Assemblée nationale, assure, dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, ne pas regretter les positions controversées de son mouvement sur la guerre entre le Hamas...

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, le 24 octobre 2023 à Paris © JOEL SAGET
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, le 24 octobre 2023 à Paris © JOEL SAGET

Mathilde Panot, présidente du groupe de La France insoumise à l'Assemblée nationale, assure, dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, ne pas regretter les positions controversées de son mouvement sur la guerre entre le Hamas et Israël, qu'elle qualifie de "guerre coloniale".

Question: Regrettez-vous un manque de clarté dans certaines prises de paroles de LFI depuis l'attaque du 7 octobre et le début du conflit entre le Hamas et Israël?

Réponse: "Non je ne regrette et ne regretterai jamais d'avoir été du camp de la paix et de celles et ceux qui ne cessent de dire qu'il faut appeler à un cessez-le-feu immédiat. Et je ne suis pas d'accord avec les termes de la question que vous posez. Ce n'est pas une guerre Hamas-Israël. Celles et ceux qui pensent, en quelque sorte en suspendant la pensée, que la guerre aurait commencé le 7 octobre commettent une faute politique et morale. Nous sommes dans le cas d'une guerre coloniale et si nous ne le disons pas tel quel alors nous ne pouvons pas poser les mots sur ce qui est en train de se passer".

Q: Pourquoi ne pas avoir utilisé le mot "terroriste"? Certains de vos partenaires disent que c'est complètement contre-productif, parce que cela vous rend inaudibles.

R: "Nous n'avons pas refusé d'utiliser le mot +organisation terroriste+ pour nier ou minimiser la gravité de ce qui s'est passé le 7 octobre. Ce qui s'est passé le 7 octobre nous foudroie dans notre humanité, c'est abominable. Ce sont des crimes de guerre inacceptables, inexcusables, que nous condamnons fermement. Nous demandons que les criminels de guerre soient traduits devant la Cour pénale internationale. Et lorsque nous disons +crimes de guerre+, exactement comme l'ONU, nous ne voulons pas nous mettre dans un cadre de pensée qui est celui de l'extrême droite et du choc des civilisations, avec en quelque sorte une guerre du bien contre le mal". 

Q: Sandrine Rousseau disait récemment que la gauche doit progresser sur la question de la lutte contre l'antisémitisme. Partagez-vous ce constat?

R: "Oui, comme sur les luttes antiracistes, comme sur toutes les luttes, évidemment la gauche doit continuer sur ces questions. Évidemment qu'il faut progresser, il faut toujours progresser. Mais dans le débat politique, à force d'instrumentaliser la lutte contre l'antisémitisme contre nous, on oublie qu'il y a de véritables actes antisémites qui sont menés dans ce pays et que dans l'histoire de notre pays, ceux qui ont porté des idées antisémites, ceux qui parfois ont même des partis qui ont été fondées par des antisémites, c'est l'extrême droite. Je crois que c'est contre eux qu'il faut se battre".

Q: On entend de plus en plus de voix dissonantes au sein de La France insoumise en ce moment. Cela peut-il fragiliser le mouvement selon vous?

R: "Dans un sens, oui, ça fragilise le mouvement quand nous avons l'air d'être comme d'autres mouvements ou partis politiques. Parfois ça ne contribue pas à la lisibilité de nos positions. Mais pour l'instant nous ne sommes pas dans une situation qui est grave, parce que nous n'avons jamais voté différemment - peut-être à de rares exceptions sur des textes par-ci par-là. Je crois que c'est ça qui est la garantie de la cohérence politique de ce que nous portons. Personne n'a dit à ces voix dissonantes de partir, chacun est libre de ce qu'il fait".

Q: Sur son blog dimanche, Jean-Luc Mélenchon disait que la menace de dissolution de l'Assemblée se précise. Vous vous y préparez?

R: "Oui. Tout le monde a compris que vous avez une Première ministre qui n'a jamais demandé la confiance à l'Assemblée nationale, qui pense qu'on peut gouverner la France à coups de 49.3. Donc ce pouvoir ne tient qu'à un fil et il est tout à fait possible qu'à un moment il y ait effectivement une dissolution et nous nous y préparons, comme je crois beaucoup d'autres d'ailleurs".

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