Marseille: un homme tué par son codétenu dans la prison surpeuplée des Baumettes
Un jeune détenu de la prison des Baumettes à Marseille est mort mercredi soir, égorgé par son codétenu dans leur cellule de cet établissement dont la surpopulation notoire met en danger, selon les syndicats...
Un jeune détenu de la prison des Baumettes à Marseille est mort mercredi soir, égorgé par son codétenu dans leur cellule de cet établissement dont la surpopulation notoire met en danger, selon les syndicats, la sécurité des prisonniers et du personnel.
L'administration pénitentiaire à Marseille a confirmé un "incident" aux Baumettes, "avec une personne décédée".
Le parquet de Marseille a déclaré avoir ouvert une enquête pour meurtre et précisé "qu'à ce stade ces faits semblent avoir pour origine une mésentente entre codétenus et ne sont pas reliés aux événements récents relatifs aux conflits entre bandes rivales sur fond de narcotrafic".
Selon une source proche du dossier, l'agresseur, âgé de 25 ans, avait été condamné à six mois de prison ferme dans une affaire de transport de stupéfiants et était emprisonné aux Baumettes depuis septembre. Le codétenu décédé, âgé de 22 ans, était de son côté en détention provisoire, également depuis septembre, pour une affaire de stupéfiants.
Selon une autre source proche du dossier, la victime a été "attaquée avec un objet tranchant au niveau du cou". Les deux hommes étaient détenus dans le "quartier arrivant".
"Le surveillant du quartier arrivant, lors de sa ronde à 19h, a fait son contrôle habituel des cellules. Il a demandé aux personnes détenues de déboucher l'œilleton et il a observé beaucoup de sang", a raconté à l'AFP le secrétaire régional adjoint du Syndicat Pénitentiaire des Surveillants (SPS), Marc Bercan.
Ne voyant pas de corps, le surveillant aurait alors demandé au détenu où se trouvait son codétenu. "Il est par terre", a-t-il répondu, selon M. Bercan.
L'agresseur a été placé en garde à vue aux alentours de minuit.
Insécurité et trafics
Des conflits entre gangs rivaux autour du trafic de drogue ont régulièrement ensanglanté Marseille et sa région ces dernières années et certains réseaux se reconstituent en détention, ont mis en garde des responsables judiciaires locaux ces derniers mois.
Le donneur d'ordre dans deux affaires de narchomicides à Marseille la semaine dernière était ainsi détenu à la prison d'Aix-Luynes.
La maison d'arrêt des Baumettes, qui accueille des prévenus en détention provisoire ou des détenus condamnés à de courtes peines, est situé dans l'est de Marseille et connaît, comme beaucoup de prisons françaises, une forte surpopulation.
C'est ce qui explique que les deux détenus aient été placés dans le "quartier arrivant", l'un depuis un mois et l'autre depuis fin septembre, "alors qu'on devrait y rester dix à quinze jours maximum", selon Marc Bercan.
"Ce sont des personnes qui auraient dû être affectées en bâtiment. Mais il n'y a pas de place ! Vous avez deux, voire trois détenus par cellule, alors qu'à la base, ce sont des cellules individuelles".
"Vous avez plus de détenus et moins de surveillants. Il y a beaucoup plus d'incidents, d'insécurité, de trafics. En plus, on saupoudre ça avec l'actualité que nous subissons sur Marseille... vous avez un cocktail explosif", déplore M. Bercan.
Même constat pour la CGT Pénitentiaire PACA Corse. "On travaille dans des conditions déplorables" souligne Laetitia Kassa, membre du bureau régional de la CGT.
"Cette nuit-là, il n'y avait qu'un seul gradé pour surveiller cinq bâtiments. Le service était en sous-effectif, il y avait trois agents en moins pour le service de nuit", a souligné Mme Kassa, pour qui les agents "sont à bout".
Aux Baumettes, le taux d'occupation avait dépassé fin mai les 180%, selon des sources judiciaires et syndicale. L'établissement compte actuellement plus de 1.000 détenus pour une capacité d'environ 700 places.
Au 1er septembre la surpopulation carcérale atteignait 127,3% au niveau national en France. le pays est régulièrement condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour sa surpopulation carcérale chronique, la dernière fois en juillet.
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