Manon Aubry, la rapide ascension au sein de La France insoumise

Il y a cinq ans, beaucoup pensaient qu'elle était la fille de Martine Aubry. Maintenant qu'elle n'est plus novice dans le monde politique, Manon Aubry s'est fait un prénom pour sa deuxième élection européenne en...

Manon Aubry lors d'une séance plénière au Parlement européen à Strasbourg le 12 mars 2024. © FREDERICK FLORIN
Manon Aubry lors d'une séance plénière au Parlement européen à Strasbourg le 12 mars 2024. © FREDERICK FLORIN

Il y a cinq ans, beaucoup pensaient qu'elle était la fille de Martine Aubry. Maintenant qu'elle n'est plus novice dans le monde politique, Manon Aubry s'est fait un prénom pour sa deuxième élection européenne en tant que tête de liste des Insoumis.

Ancienne porte-parole de l'ONG Oxfam, elle s'est lancée en politique en 2019, quand La France insoumise la recrute pour conduire la bataille des européennes.

"Je n'avais jamais assisté à un meeting politique de ma vie, mon premier meeting j'étais sur scène et je tenais le micro", se rappelle l'énergique jeune femme de 34 ans.

"Ils m'ont prise comme j'étais mais sans énormément me coacher, ce qui aurait peut-être été utile sur le coup", raconte dans un sourire cette brune aux cheveux bouclés, qui précise avoir "appris en marchant".

Et Manon Aubry s'est vite adaptée à la politique. En quelques années elle est devenue la numéro 3 de LFI et co-présidente du groupe de la gauche au Parlement européen. 

"Elle a une double facette: un petit côté activiste, avec ses interventions un peu coup de poing en plénière, déguisée en Rosie la riveteuse dans l'hémicycle. Et en parallèle de ça, elle est très consciente des rouages politiques, institutionnels, elle est comme un poisson dans l'eau dans ces milieux-là", raconte sa collègue eurodéputée insoumise Leila Chaïbi.

L'intéressée dit "assumer" son côté activiste, et s'amuse de la différence de traitement qui lui est réservée dans les médias depuis qu'elle est passée du combat associatif au monde politique.

"Je dis exactement la même chose sur les plateaux télé avec ma casquette France insoumise que quand j'y allais pour Oxfam, et on va dire que je suis l'immense bolchevik qui veut brûler les riches. Non, je veux juste les taxer", explique cette spécialiste de la lutte contre l'évasion fiscale.

Taxez les riches

Ce slogan, "taxez les riches", elle le porte souvent sur des t-shirts qu'elle distribue également aux militants lors des meetings, ce qui lui vaut une bonne cote de popularité auprès des sympathisants insoumis. 

Surtout, Manon Aubry a une qualité plutôt rare au sein de LFI: sans être une historique de la formation, elle garde des liens avec la direction aussi bien qu'avec les frondeurs.

"Je me pose comme celle qui rassemble toute La France insoumise. Je discute avec tout le monde", explique-t-elle, précisant considérer comme "impératif" de "maintenir l'unité du mouvement".

Car depuis Bruxelles et Strasbourg, elle reste très active au sein du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Au point de jouer un rôle important dans la négociation de l'accord entre les partis de gauche qui, en juin 2022, donna naissance à la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

Unité

Fille de journalistes, elle est originaire de Fréjus, dans le Var (où elle a été scolarisée dans le même lycée que le maire RN de la ville David Rachline), et s'est retrouvée dans la même promotion que Gabriel Attal à Sciences Po Paris.  

Joueuse de water-polo en club, malgré son emploi du temps chargé, elle dit "détester la violence du monde politique" avec sa part de "misogynie".

"La première fois que je suis arrivée à l'accueil du Parlement européen, on m'a demandé si j'étais l'assistante de (Manuel) Bompard", élu à ses côtes en 2019 et actuel coordinateur du mouvement, se rappelle-t-elle.

Même avec l'éclatement de la Nupes, elle prend garde à ne pas s'en prendre aux autres responsables de gauche.

"C'est quelqu'un de sympa mais dans la séquence des européennes, quand elle nous sourit, Bompard ou (le député) David Guiraud nous défoncent", regrette un cadre écologiste. 

Ce sens de la diplomatie, Manon Aubry l'explique par son rôle de co-présidente de groupe au Parlement.

"J'ai environ 40 députés qui viennent de quinze pays différents, qui parlent autant de langues différentes, qui ont une culture politique différente... Là, vous apprenez à gérer un collectif".

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