Malgré un contexte compliqué, l’ESS démontre toute sa vitalité
À l’occasion des vœux amiénois de la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire (ESS), tous les acteurs présents ont souhaité montrer la pertinence de leur démarche, rappelant que les activités et les emplois créés sont porteurs de sens, favorisent le développement local et ne sont pas délocalisables.

«Évidemment, la période n'est pas simple. La baisse des financements, les tensions de trésorerie, la perte potentielle d'emplois sont des sources d’inquiétude», lance Peggy Robert, présidente de la CRESS Hauts-de-France, qui rappelle qu’entre le premier trimestre 2023 et le premier trimestre 2024, on comptait une perte de 290 emplois dans la Somme. «Mais nous sommes des organisations collectives d'utilité sociale, non-lucratives et non délocalisables. Alors, au-delà des incertitudes, l'idée est de garder la tête froide et de défendre nos ambitions et nos engagements», ajoute-t-elle.
«Nous savons que le contexte incite au repli sur soi et à l'isolement. Mais en 2025, ce que nous voulons, c'est lever la tête», abonde Julien Cordier, directeur de la CRESS Hauts-de-France. En 2022, le secteur de l’économie sociale et solidaire en région comptait 14 086 établissements et 220 000 salariés. Pour illustrer la vitalité des structures locales, la CRESS Hauts-de-France a choisi de mettre en avant quatre acteurs de l’économie sociale et solidaire, dont deux œuvrant dans le domaine de la transition environnementale et deux dans le secteur culturel.
Des initiatives locales au service de la solidarité et de l’environnement
«Nous luttons contre le gaspillage et la précarité», résume Louise Boyard, fondatrice de l’association amiénoise Les Robin.e.s des bennes, lauréate du prix de l’ESS 2024. L’an passé, la structure, qui compte 3 100 adhérents, a récolté 44 tonnes de denrées alimentaires, 22 tonnes de textiles et 800 plantes par semaine. «Nous savons aujourd’hui qu’un euro investi chez Les Robin.e.s des bennes génère quatre euros et cinquante centimes de plus-value sur le territoire en termes social, environnemental et économique», souligne-t-elle. Face au succès de l’initiative, l’association a ouvert en 2024, une antenne à Saint-Quentin.
Chez Synapse 3i, l’environnement est également au cœur de l’action, puisque la structure, qui emploie plus de 150 salariés, a notamment reconditionné et démantelé l’année dernière, 300 tonnes de matériel informatique. «Nous avons aussi traité 480 tonnes de textile pour en faire des chiffons destinés aux entreprises privées», explique Jean-Pierre Motte, directeur de Synapse 3i. La structure va également se lancer dans la récupération de cartons auprès des entreprises et des collectivités, afin de les transformer, notamment, en litière pour chevaux et nouveaux animaux de compagnie.
Culture engagée : entre improvisation et festival responsable
Dans le domaine culturel, outre le Mouvement d’improvisation amiénois (MIAM), installé à Amiens depuis 2010 et qui s’appuie sur l’improvisation pour véhiculer des valeurs de bienveillance, d’écoute et de confiance en soi, la CRESS Hauts-de-France a invité Antoine Grillon, directeur de La Lune des Pirates et créateur du festival Minuit avant la nuit. Né en 2018, cet événement s’est imposé comme un moment fort du territoire, rassemblant 14 600 spectateurs sur trois jours en 2024. «Nous voulions offrir au public la possibilité de découvrir des artistes très différents, tout en défendant de véritables engagements, notamment sur le plan environnemental», explique-t-il.
Au-delà d’un ancrage local fort, Minuit avant la nuit accorde une attention particulière à la parité – 54% de la programmation 2024 comptait un lead féminin – ainsi qu’à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VHSS) et toute forme de discrimination. «Cette année, nous avons également mis en place une véritable politique d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap», ajoute Antoine Grillon. Le festival a noué 70 partenariats avec des mécènes et des organismes locaux, dont 22 issus du secteur privé. Face aux défis économiques et sociaux, l’ESS Hauts-de-France affirme plus que jamais sa résilience et son engagement, prouvant que des initiatives locales peuvent conjuguer impact social, dynamisme économique et transition écologique.