Mairie de Paris: les socialistes préparent la succession d'Hidalgo dans un climat de malaise
Quel candidat socialiste se lancera dans la bataille de Paris ? A seize mois des municipales, la campagne démarre au PS parisien, dont les militants vont devoir départager deux candidats sur fond de...
Quel candidat socialiste se lancera dans la bataille de Paris ? A seize mois des municipales, la campagne démarre au PS parisien, dont les militants vont devoir départager deux candidats sur fond de tensions autour de la succession d'Anne Hidalgo.
En annonçant la semaine dernière qu'elle ne briguerait pas un troisième mandat, l'édile aux commandes de la capitale depuis 2014 a adoubé l'un de ses fidèles, le sénateur PS Rémi Féraud, chef du groupe de la majorité municipale, pour prendre la relève.
Ce choix a surpris les socialistes, dont les esprits étaient préparés à la candidature du député Emmanuel Grégoire, l'ex-premier adjoint d'Anne Hidalgo avec lequel elle est en froid.
Les ambitions du parlementaire pour briguer l'hôtel de ville étaient connues depuis longtemps, bien qu'il n'ait officialisé qu'à la mi-novembre sa candidature, soutenue par 450 militants et le premier secrétaire du PS Olivier Faure. "Auprès de la base, Emmanuel Grégoire paraissait le candidat naturel", explique à l'AFP Franck Guillory, secrétaire fédéral du secteur Paris Centre.
"C'est la première fois qu'on se retrouve dans une situation où la maire ne soutient pas la continuité. L'idée de la transmission, pendant des années, a été à mon bénéfice", a regretté Emmanuel Grégoire auprès de l'AFP.
L'ancien dauphin pointe "l'incongruité de la situation allant jusqu'au lapsus" de la maire sortante, qui a prononcé son nom au lieu de celui de Rémi Féraud à son premier déplacement de campagne.
Pour la première fois depuis 2014, les 3.000 adhérents du PS parisien vont devoir choisir entre deux prétendants. Qu'a priori rien n'opposait, d'où un sentiment de malaise.
"Anne Hidalgo a pris deux frères pour se taper dessus, c'est très dur, ça crée des tiraillements", estime Emmanuel Grégoire, qui voit Rémi Féraud comme "l'instrument d'une vengeance" menant sa campagne "sous tutelle".
"Quand Bertrand Delanoë a passé le témoin à Anne en 2012, il l'avait laissée déployer sa campagne comme elle le voulait", se souvient le député de 46 ans, qui a tenu son premier rassemblement militant le soir même où la maire annonçait qu'elle passait la main.
Risque de déchirures
Rémi Féraud, 53 ans, ancien maire du Xe arrondissement, doit démarrer sa campagne dans les jours qui viennent, avec comme credo l'appel au rassemblement de "tous les socialistes", y compris son concurrent. Et le soutien affiché des maires d'arrondissement et de nombreux élus.
Les deux prétendants ont quelques semaines pour convaincre avant un vote que tout le monde souhaite assez rapide, début 2025, en amont du congrès national du PS.
"Avoir deux candidats n'est pas inhabituel dans nos usages. Nous sommes un parti démocratique, on a toujours des débats d'investiture pour les élections. Il n'y a pas de confrontation mais deux ambitions différentes qui s'expriment", estime la première secrétaire fédérale du PS, Lamia El Aaraje, adjointe à la maire en charge de l'urbanisme et soutien de Rémi Féraud.
"Il faut que ça se passe sereinement, sans trop de déchirures. Pour l'instant ça n'est pas le cas, mais le risque existe", prévient Franck Guillory, pointant une "vraie menace que la droite remporte Paris" après 25 ans de règne socialiste.
Certains redoutent des pressions d'Anne Hidalgo auprès des maires pour se ranger derrière son poulain. "La fédération de Paris vit un peu dans la peur de ce système de +château+ à l'hôtel de ville", confie une militante sous couvert d'anonymat.
Sans divergence majeure de fond, Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud défendront des méthodes différentes, avec des deux côtés, un refus de s'allier à LFI.
"Tout va se jouer sur la motivation, et c'est Emmanuel qui en a le plus envie car ça fait des mois qu'il se prépare", selon la députée Céline Hervieu, faisant également valoir la large victoire du député aux législatives à Paris face au macroniste sortant et ex-ministre Clément Beaune.
Pour Colombe Brossel, sénatrice et conseillère de Paris, Rémi Féraud est le plus capable de rassembler au vu de son expérience de leader de la majorité municipale. Cette proche de l'ancien maire du Xe se souvient aussi du "courage" qu'il lui avait fallu pour maintenir, à la veille de la campagne de 2014, son projet alors "conspué" de salle de consommation à moindre risques pour les usagers de drogues.
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