Macron prône "l'unité" de l'Europe mais reconnaît ses divisions sur le Proche-Orient

Emmanuel Macron a défendu jeudi en Suisse l'Europe comme "réponse" aux crises géopolitiques, mais a dû reconnaitre que le Vieux Continent est profondément divisé face au conflit entre Israël et le Hamas, au coeur...

Le président français Emmanuel Macron (g) et son homologue suisse Alain Berset lors d'un événement à l'université de Lausanne, le 16 novembre 2023 en Suisse © MARTIAL TREZZINI
Le président français Emmanuel Macron (g) et son homologue suisse Alain Berset lors d'un événement à l'université de Lausanne, le 16 novembre 2023 en Suisse © MARTIAL TREZZINI

Emmanuel Macron a défendu jeudi en Suisse l'Europe comme "réponse" aux crises géopolitiques, mais a dû reconnaitre que le Vieux Continent est profondément divisé face au conflit entre Israël et le Hamas, au coeur d'une petite manifestation hostile au président français.

Accompagné de son homologue suisse Alain Berset, le chef de l'Etat a présenté sa vision de l'Europe avant de débattre avec des étudiants, à l'Université de Lausanne, sur les rives du lac Léman.

A l'extérieur, environ 200 manifestants propalestiniens ont dénoncé sur le campus sa position sur le Proche-Orient. "Macron complice!", ont-ils scandé, brandissant des banderoles où il était écrit "Stop génocide" ou "Free Palestine".

Après un moment de tension avec les forces de l'ordre, déployées en nombre, un calme relatif est revenu.

A l'intérieur, le contraste était total avec un grand amphithéâtre, rempli d'étudiants qui avaient dû passer des contrôles draconiens pour y accéder. La presse suisse s'était fait l'écho de l'intention d'une partie d'entre eux de faire entendre leur malaise face à une position française qu'ils jugeaient trop pro-israélienne, et les organisateurs semblent avoir pris leurs précautions.

Ni drapeaux ni banderoles, et un débat policé. La seule question sur le sujet est posée par écrit. "Nous avons beaucoup de mal à comprendre vos positionnements", relaie le modérateur, déclenchant des applaudissements.

Pas de "guerre totale

Malgré la "position d'unité" affichée par l'Union européenne, "il y a beaucoup de différences sur ce sujet entre les pays" qui la composent, admet d'emblée Emmanuel Macron, soulignant que, partout, ce conflit relève à la fois de la diplomatie et de la politique intérieure.

Comme la veille devant la presse, il "assume totalement" sa position, qui suscite des critiques, parfois pour des raisons opposées, en France comme dans la région: "le droit d'Israël à se défendre ne justifie pas de bombarder des civils et d'avoir des enfants, des familles qui sont tués dans ces bombardements".

"Ca ne peut pas être la guerre totale, sans règles", insiste encore le président français, applaudi assez franchement par l'auditoire.

Pour cela, il plaide pour une "trêve immédiate conduisant à un cessez-le-feu humanitaire", mais convient que "là, il n'y a pas une position unie, pour être honnête, au niveau européen".

Or c'est bien de l'Europe dont Emmanuel Macron est venu vanter les vertus dans un pays qui a fait de la neutralité le fondement de sa politique étrangère et qui s'interroge sur ses liens avec l'Union européenne.

"Nous sommes déjà intimement liés à l'Europe", glisse Alain Berset, même "sans  être intégrée politiquement à l'Europe, la Suisse ne partage pas moins" ses "valeurs".

- "Besoin d'unité"-

Mais alors que le projet européen a longtemps été présenté comme garantie de paix sur un continent auparavant miné par les conflits, "la guerre revient partout à nos portes", en Ukraine, dans le Caucase, au Proche-Orient, constate le chef de l'Etat français.

"Face à tous les risques, d'écartèlement, de retour au nationalisme, l'Europe est la réponse", martèle-t-il. "Penser que face à tous les défis", "la réponse serait de revenir au nationalisme, au conflit entre les uns et les autres", ce "serait une catastrophe".

"Et donc nous avons, plus encore au fond qu'avant le retour de la guerre sur notre sol un besoin d'unité", conclut-il.

Un discours qu'il devrait décliner dans les prochains mois à l'approche des élections européennes de juin, pour lesquelles son camp centriste et pro-européen est pour l'instant devancé dans les sondages par l'extrême droite.

Cette "unité", elle passe selon Emmanuel Macron par l'élargissement de l'UE associé à des réformes pour fonctionner à 30 ou 35, mais aussi, pour les Etats comme la Suisse qui ne souhaitent pas y adhérer, par son initiative de Communauté politique européenne, des "projets concrets", ou encore "des accords d'association ambitieux".

Celui entre Berne et Bruxelles languit depuis des années, mais les négociations semblent en passe d'être relancées et le président français a plaidé dans sa visite d'Etat de deux jours mercredi et jeudi pour leur accélération.

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