Macron au Liban pour soutenir ses nouveaux dirigeants

Emmanuel Macron a affiché vendredi son soutien aux nouveaux dirigeants libanais et annoncé la tenue prochaine d'une conférence internationale à Paris pour aider à la reconstruction du Liban...

Macron au Liban pour soutenir ses nouveaux dirigeants

Emmanuel Macron a affiché vendredi son soutien aux nouveaux dirigeants libanais et annoncé la tenue prochaine d'une conférence internationale à Paris pour aider à la reconstruction du Liban qui sort d'une guerre avec Israël.

Le président français a salué le tout récent déblocage politique, qu'il n'avait pu obtenir lors de ses deux visites il y a quatre ans dans la foulée d'une explosion dévastatrice.

Il a également appelé à accélérer l'application de l'accord de cessez-le-feu dans le sud du Liban, qu'il a évoqué lors d'un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, également en visite à Beyrouth.

"Depuis le 9 janvier dernier, en plein milieu de l'hiver, le printemps est apparu", a déclaré le chef de l'Etat français à son homologue Joseph Aoun.

Le commandant en chef de l'armée a été élu le 9 janvier, après plus de deux ans de crise politique, et a chargé Nawaf Salam quatre jours plus tard de former un gouvernement.

"Vous êtes cet espoir. Et le Premier ministre désigné concrétise cet espoir à vos côtés", a ajouté le président français. 

M. Salam est engagé dans des consultations délicates pour former son gouvernement mais se heurte encore aux réserves du puissant Hezbollah pro-iranien, incontournable au Liban.

"L'atmosphère (..) était très positive avec tous les blocs (parlementaires) et aujourd'hui avec Nabih Berri", le président du Parlement, allié du Hezbollah, a toutefois déclaré M. Salam dans la soirée, à l'issue d'une rencontre avec M. Aoun.

Soutien massif

"Je suis convaincu que les prochains jours permettront de donner un gouvernement" au Liban, a assuré en fin de visite Emmanuel Macron devant la communauté française, après avoir rencontré dans la journée le Premier ministre désigné mais aussi M. Berri.

Le président français a annoncé par ailleurs la tenue "dans quelques semaines", à l'occasion d'une visite de Joseph Aoun à Paris, d'une "conférence internationale pour la reconstruction, afin de mobiliser les financements". 

Il a estimé que "la communauté internationale" devait "anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures", au Liban, qui vit depuis cinq ans une crise économique inédite.

Le pays sort en outre d'une guerre dévastatrice entre le Hezbollah pro-iranien et Israël, à laquelle un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre.

Le président français a appelé à "accélérer" la mise en oeuvre de cet accord.

"Il faut un retrait total des forces israéliennes, un monopole total de l'armée libanaise sur les armes", a-t-il souligné.

Selon l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud, d'où l'armée israélienne doit se retirer au 26 janvier. 

Le Hezbollah doit également retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière. La France fait partie du mécanisme d'application du cessez-le-feu.

Retour sur ses pas

Emmanuel Macron a déambulé vendredi matin dans le quartier de Gemmayzé qui avait été dévasté par l'explosion au port de Beyrouth en 2020.

Le quartier tendance où s’enchaînent bars branchés et galeries d’art est revenu à la vie grâce à l'initiative de ses habitants et d'ONG, certains projets ayant été financés avec des fonds français.

Salué par les habitants, il a pris des selfies avec les passants et les commerçants, qui lui ont offert du café. "C’est le premier qui est venu en 2020, après l'explosion, nous n'avons pas oublié", lui a dit une dame âgée.

Emmanuel Macron avait été accueilli en sauveur en 2020 par une population remontée contre ses dirigeants, qu'elle rendait responsable de l'incurie ayant abouti au drame.

L'explosion, provoquée par le stockage de tonnes de nitrate d'ammonium, avait défiguré la capitale libanaise et fait plus de 220 morts.

Le président français avait effectué deux visites au Liban en 2020, arrachant à la classe politique un engagement à former un gouvernement réformateur, promesse qu'elle n'a jamais tenue.

Depuis, il a continué de maintenir à distance la pression sur les dirigeants libanais, nommant en juin 2023 son ex-ministre, Jean-Yves Le Drian, comme émissaire personnel pour faciliter l'élection d'un président.

Mais il aura fallu encore un an et demi pour que le Parlement parvienne la semaine dernière à élire le général Aoun.

"J'avais pris l'engagement que la France serait toujours là et qu'elle ne lâcherait rien", a dit vendredi Emmanuel Macron devant la communauté française en fin de visite. "La France n'a rien lâché."

Il a aussi annoncé que les vols Air France desservant le Liban, suspendus depuis mi-septembre, seraient rétablis "début février".

Selon Ziad Majed, professeur à l'université américaine de Paris, plusieurs facteurs ont contribué au déblocage: "la guerre dévastatrice" entre Israël et le Hezbollah, "l'affaiblissement" de celui-ci par l'armée israélienne, "la crise économique qui dure". Mais aussi la chute de Bachar al-Assad en Syrie, allié de l'Iran, et "une crainte de l'arrivée de Donald Trump" à la Maison Blanche, avec son "soutien à Israël".

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