Macron appelle ses troupes à l'"unité" autour d'Attal et à la "mobilisation" pour les européennes

A la veille de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a appelé lundi ses troupes à "garder" leur "unité" et à se "mobiliser" pour les élections européennes autour du gouvernement de Gabriel Attal, déjà aux prises avec...

Le président Emmanuel Macron et Gabriel Attal, alors ministre de l'Education, lors d'une visite dans un lycée professionnel le 1er septembre 2023 à Orange (Vaucluse) © Ludovic MARIN
Le président Emmanuel Macron et Gabriel Attal, alors ministre de l'Education, lors d'une visite dans un lycée professionnel le 1er septembre 2023 à Orange (Vaucluse) © Ludovic MARIN

A la veille de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a appelé lundi ses troupes à "garder" leur "unité" et à se "mobiliser" pour les élections européennes autour du gouvernement de Gabriel Attal, déjà aux prises avec une polémique de taille et des tiraillements internes.

"2023 vous a collectivement mis à rude épreuve et je ne l'ignore pas", a déclaré le chef de l'Etat devant les parlementaires de son camp et les ministres réunis à huis clos à l'Elysée, évoquant le débat sur la loi immigration, qui a divisé la Macronie, et l'adoption dans la douleur de la réforme des retraites.

Il a remercié une nouvelle fois Elisabeth Borne "pour l'action qui a été conduite", dont il s'est dit "fier", sous des applaudissements nourris, selon des propos rapportés par plusieurs participants. L'ex-Première ministre n'était pas présente.

Mais le président a aussitôt tourné cette page, comme il s'y emploie depuis qu'il a nommé la semaine dernière Gabriel Attal à Matignon, pour souhaiter une année 2024 pleine "d'audace et d'action collective".

Il a exhorté sa majorité, qui souffre de n'être que relative à l'Assemblée nationale, à "garder" son "unité", ainsi que son "esprit de dépassement" du clivage droite-gauche, marque de fabrique initiale du macronisme. Il a jugé que "réactiver tous les clivages" serait la "pire des choses", car synonyme d'"impossibilité d'agir", de "défaite assurée" et de "triomphe des extrêmes".

"Ce n'est pas un changement de cap, ce n'est pas un changement d’orientation, c’est la poursuite du dépassement", a martelé M. Macron, alors que l'inflexion à droite du remaniement a créé des turbulences dans la majorité.

Sur l'immigration, il a prédit qu'après la décision du Conseil constitutionnel, qui pourrait invalider plusieurs parties de la loi le 25 janvier, la droite et l'extrême droite risquaient de demander de "changer la Constitution ou de sortir des traités" européens. "C'est là qu'il faudra se battre et pas en nous divisant", a-t-il martelé.

Alors que le camp présidentiel est largement distancé dans les sondages par le Rassemblement national pour les européennes, il a appelé tous ses élus et responsables à se "mobiliser dans la bataille" car c'est selon lui le "seul" bloc qui "s'engage uni" avec "une vision claire pour l'Europe".

Emmanuel Macron n'a pas évoqué la première crise qui sape déjà la "régénération" voulue après les débuts poussifs du second quinquennat, au sujet de la scolarisation dans le privé des enfants de la nouvelle ministre de l'Education Amélie Oudéa-Castéra.

Réarmement civique

Et il marche sur des oeufs avec son aile gauche et le Modem qui ne cachent pas leurs doutes face à un gouvernement qui fait la part belle aux ministres venus de la droite, avec la sarkozyste Rachida Dati en invitée surprise à la Culture.

Après l'avoir exclue de son parti, le patron des Républicains Eric Ciotti a annoncé que ses députés ne voteraient pas la "confiance" à Gabriel Attal, pas plus toutefois qu'une éventuelle motion de censure.

Le président du RN Jordan Bardella a sauté sur l'occasion pour appeler les électeurs et adhérents de LR, ulcérés par les débauchages de l'exécutif, à rejoindre son parti.

Signe aussi de certaines tensions dans la majorité? Ni le patron du Modem François Bayrou, ni celui du parti Horizons Edouard Philippe n'étaient à l'Elysée lundi soir, officiellement retenus dans leurs fiefs respectifs de Pau et du Havre.

Après avoir partagé publiquement ses "interrogations" sur "l'expérience" de Gabriel Attal, devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre français, François Bayrou s'est muré dans un silence qui en dit long. Mais dans ses rangs, on critique un exécutif qui penche "nettement à droite".

En attendant, cette semaine doit mettre Emmanuel Macron sur le devant de la scène. Mardi soir, de la salle des fêtes de l'Elysée et en "prime time" à la télévision, il tiendra une grande conférence de presse, exercice auquel il ne s'est pas prêté depuis cinq ans, hors campagne pour sa réélection.

Présenté par son entourage comme une "nouvelle étape" de son "rendez-vous avec la Nation", inauguré par la nomination de Gabriel Attal, l'échange avec les journalistes sera l'occasion de faire des "annonces concrètes", notamment sur le "réarmement civique" esquissé lors des voeux pour 2024.

Mercredi, le président mettra l'accent sur le "réarmement économique et industriel" lors d'une intervention devant le Forum de Davos (Suisse) avant les voeux aux armées vendredi à Cherbourg.

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