LR: la campagne s'envenime entre Retailleau et Wauquiez

Coups de "poignards dans le dos" et "chiens qui aboient": A deux mois du congrès qui désignera le nouveau président de LR, le ton monte entre les deux candidats Bruno Retailleau et Laurent...

Le président du groupe des députés LR à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez (G) et Bruno Retailleau, alors chef des sénateurs LR au Sénat, le 19 septembre 2024 à Paris © Ludovic MARIN
Le président du groupe des députés LR à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez (G) et Bruno Retailleau, alors chef des sénateurs LR au Sénat, le 19 septembre 2024 à Paris © Ludovic MARIN

Coups de "poignards dans le dos" et "chiens qui aboient": A deux mois du congrès qui désignera le nouveau président de LR, le ton monte entre les deux candidats Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, qui multiplient les piques à distance.

A en croire les entourages des deux candidats, il n'y a pas de guerre des chefs: "Bruno Retailleau ne parle jamais de Laurent Wauquiez dans ses meetings", assure le camp du ministre de l'Intérieur. "Il n'y a aucune attaque personnelle ou de critique de son action au gouvernement", réplique celui du patron des députés LR.

Malgré ces déclarations de bonnes intentions, le ton monte : "Les chiens aboient, la caravane tranquille passe", a répondu le ministre de l'Intérieur sur RTL, répondant aux doutes émis sur sa capacité à obtenir des résultats en étant "sous la tutelle de François Bayrou". 

"Il faut se calmer!", a immédiatement répliqué sur les mêmes ondes Florence Portelli, vice-présidente de l'Ile-de-France et membre de la direction de la campagne de Laurent Wauquiez, qualifiant "d'un peu violente" l'expression utilisée par le ministre.

"La tension provient des mots choisis par Bruno Retailleau", déplore un proche du député de Haute-Loire, qui tacle "la fébrilité" du ministre et l'appelle "à garder son calme".

Dans l'entourage du ministre, en vogue dans les sondages, on nie un quelconque dédain dans l'utilisation de cette expression, assurant qu'elle témoigne de la volonté de Bruno Retailleau de montrer que "ça ne l'empêche pas d'avancer" dans sa tâche à Beauvau.

Surtout, c'est une manière de dire "ça suffit" à Laurent Wauquiez qui "passe son temps à nous taper dessus avec des sous-entendus", explique la source, agacée par les attaques sur le manque de liberté du ministre en tant que membre du gouvernement. 

Et l'entourage du Vendéen de contre-attaquer: "Pour décrédibiliser le ministre de l'Intérieur, Laurent Wauquiez se sert du récit de nos adversaires du RN". A l'image du vice-président Sébastien Chenu qui a récemment présenté le ministre comme "l'homme des accommodements". 

La campagne contre la ville

Ces premiers échanges musclés entre les deux candidats coïncident avec l'accentuation de la "chiraquisation" de la campagne de Laurent Wauquiez.

Le député de Haute-Loire l'a d'ailleurs reconnu mardi sur Europe 1, citant dès les premières secondes de l'interview le nom de l'ancien président et affichant sa volonté de vouloir "sillonner la France" comme lui pour aller à la rencontre des adhérents LR. 

Un parallèle qu'il a cherché à renforcer en parlant des "poignards qu'on lui a plantés dans le dos". Allusion à la trahison infligée à Jacques Chirac par Edouard Balladur, son meilleur ennemi à droite, qui s'était finalement aussi jeté dans la course à l'Elysée en 1995 porté par des sondages favorables... avant de se faire doubler par celui qui deviendra au final président.   

"C'est la campagne contre la ville", observe un élu auvergnat en comparant la stratégie de Laurent Wauquiez, qui prend son temps pour prendre un verre après ses meetings avec les militants et celle du ministre de l'Intérieur dont les fonctions le privent de la même disponibilité.

Le patron des députés LR a d'ailleurs l'intention de mener sa campagne jusqu'au congrès du 17 et 18 mai au "rythme de deux réunions par jour avec les fédérations, voire trois" pour pouvoir les rencontrer toutes, commente un proche.

C'est déjà le cas cette semaine où il est allé mercredi à la rencontre des militants en Côte d'Or et en Seine-et-Marne, avant de mettre le cap jeudi et vendredi sur l'Aude, l'Hérault, le Tarn et Toulouse.

Un emploi du temps chargé qui donne au camp de Bruno Retailleau l'occasion de riposter aux attaques de son adversaire qui souligne sans cesse que "la France a besoin d'un ministre à temps plein". 

A Beauvau, on déplore que cette campagne se fasse aux dépens de sa présidence des députés LR: "Il était absent lors du débat sur l'Ukraine...", réplique un proche du ministre.

Pour sa part, le ministre accélère également et avance au rythme de trois réunions publiques par semaine, auxquelles s'ajoutent celles de son directeur de campagne Othman Nasrou qui se rend jeudi à Marseille.

arz/jmt/dch  

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