Loi immigration: LFI dénonce une éventuelle "corruption" de députés par Darmanin, le ministre annonce une plainte

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a saisi mardi la justice "sur des faits pouvant s’apparenter à de la corruption d'élus par Gérald Darmanin" afin d'obtenir le vote de députés en faveur de son texte sur l'immigration, le ministre de l'Intérieur répliquant dans la...

La présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot (c), durant la session de questions au gouvernement, le 12 décembre 2023 à Paris © Bertrand GUAY
La présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot (c), durant la session de questions au gouvernement, le 12 décembre 2023 à Paris © Bertrand GUAY

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a saisi mardi la justice "sur des faits pouvant s’apparenter à de la corruption d'élus par Gérald Darmanin" afin d'obtenir le vote de députés en faveur de son texte sur l'immigration, le ministre de l'Intérieur répliquant dans la soirée par l'annonce d'un dépôt de plainte en retour.

Gérald Darmanin "va porter plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse à la suite des accusations mensongères concernant de prétendus marchandages" de vote de députés, a annoncé à l'AFP l'entourage du ministre de l'Intérieur.

La rédaction de la plainte était en cours dans la soirée, selon l'entourage de M. Darmanin.

La présidente des députés LFI avait annoncé quelques heures plus tôt saisir la procureure de la République "sur des faits pouvant s’apparenter à de la corruption d'élus par le ministre Gérald Darmanin".

"Marchander des votes pour éviter le rejet de sa loi immigration, contre des gendarmeries, des brigades de gendarmes mobiles ? Ces faits, s’ils sont avérés, sont une atteinte grave à l'exercice démocratique !", a-t-elle affirmé dans un tweet.

Le député PS Philippe Brun a ainsi relaté à quelques médias, dont l'AFP, avoir été contacté par le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, qui lui a annoncé - le confondant avec son homonyme, le LR Fabrice Brun - que la demande de brigade de gendarmerie qu'il avait formulée pour une commune de sa circonscription était acceptée, ajoutant: "vous savez ce que le ministre attend de vous...".

Dans son courrier à la procureure, Mathilde Panot fait état d'un article de Paris Match, évoquant trois députés LR approchés par le ministère de l'Intérieur.  

Interrogé par l'AFP, Beauvau a souligné que le cabinet du ministre avait "l'habitude de répondre aux demandes des parlementaires. Comme ce fut le cas pour le député Fabrice Brun (...) au sujet de sa brigade de gendarmerie". 

Mais le projet a été "remonté en juillet 2023 et formellement validé en octobre 2023", et "ce n'est donc pas à l'occasion des débats parlementaires sur l'immigration que la décision a été prise, mais plusieurs mois avant".

Dans la matinée, lors de leur point de presse hebdomadaire, les députés écologistes ont demandé pour leur part la création d'une commission d'enquête après ces informations de presse sur des soupçons de "chantage" ou de "corruption" de députés de la part du ministère de l'Intérieur.

"Nous avons découvert (...) dans la presse un certain nombre de choses extrêmement troublantes, notamment qu'il aurait été promis, négocié en échange de votes de soutien à ce texte, des casernes de gendarmerie, des postes de police et que sais-je encore", s'est indigné le député Benjamin Lucas.

Il a proposé à ses collègues "de la Nupes" de signer "une résolution demandant la constitution d'une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur ce qui serait, si les faits étaient avérés, une tentative de corruption au sein du Parlement, a minima un chantage".

Dans l’hémicycle, la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain a aussi dénoncé les "méthodes crapuleuses" du ministre de l’Intérieur.

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