L'internationalisation et le numérique au cœur des formations

Olivier Oger aura laissé sa marque de fabrique et l’image d’un management paternaliste lors de ses 29 années de présidence à l’EDHEC Business School. Emmanuel Métais, dans l’institution depuis plus de 20 ans, a pris la relève en mars 2017 et compte bien poursuivre la voie de l’internationalisation de la célèbre école régionale.

«Quand un programme se met en place dans une école, il faut 5 ans avant de voir les résultats. Il faut être tenace.» Crédit photo ®Audoin Desforges
«Quand un programme se met en place dans une école, il faut 5 ans avant de voir les résultats. Il faut être tenace.» Crédit photo ®Audoin Desforges

Professeur de stratégie et – entre autres – à la tête du département «Management et Stratégie» entre 1997 et 2005, puis de l’EDHEC Global MBA de 2006 à 2015 et, depuis 2015, directeur des programmes masters, Emmanuel Métais a occupé plusieurs fonctions au sein de l’EDHEC, que ce soit à Lille, Paris ou Nice. Aujourd’hui directeur de l’une des meilleures business schools mondiales en finance selon le Financial Times, il avoue que la succession d’Olivier Oger est empreinte de sens : «Olivier Oger était une figure ! Cela a été un moment fort. La succession est difficile, mais je suis déterminé dans les directions à prendre. Ma feuille de route ? Poursuivre l’international, notamment à travers des partenariats avec les universités étrangères ; travailler sur l’expérience étudiante et l’intelligence artificielle.» 8 000 étudiants – dont les deux tiers sur l’établissement de Roubaix –, cinq campus (Lille, Paris, Nice, Londres et Singapour), la machine EDHEC est engagée depuis quelques années autour d’une vision – à travers la baseline «Make an impact» –, notamment à l’international ou dans la recherche appliquée aux entreprises. Pour amener l’international dans l’école (un tiers de l’effectif étudiant n’est pas français), il faut un corps professoral digne de ce nom. «Le programme ‘Grande Ecole’ est d’ailleurs dispensé à 100% en anglais», précise Emmanuel Métais. Un programme joint a aussi été mis en place entre l’Université Sungkyunkwan en Corée du Sud, l’Université de Californie à Berkeley et l’EDHEC, pour que les étudiants puissent étudier sur les trois campus. Une ouverture indispensable puisque la moitié des étudiants trouvent leur premier emploi en dehors de leur pays d’origine.

Faire de la recherche une source de financement

Avec un budget de 120 millions d’euros, en croissance permanente depuis plusieurs années, l’EDHEC se finance essentiellement grâce aux frais de scolarité (75% du budget), à la taxe d’apprentissage (5%) et aux autres fonds privés ou émanant de la recherche. Un dernier point sur lequel Emmanuel Métais continue de mettre l’accent : «Notre centre de recherche à l’international basé à Nice est reconnu dans le milieu de la recherche. Si elle est pertinente, elle sera utile aux entreprises. En 2012, nous avons créé le spin-off Scientific Beta, qui vend les résultats de la recherche aux entreprises.» Ajoutée à la création d’EDHEC Risk Institute par le professeur Noël Amenc en 2001, ce spin-off confirme la place de leader mondial du design et de la production d’indices alternatifs aux indices traditionnels du marché : 15 millions d’euros de revenus sont générés chaque année par ces entités de recherche.

Favoriser la création d’entreprise

Des étudiants «humbles et entrepreneurs». Emmanuel Métais mise beaucoup sur l’entrepreneuriat pour rendre l’école encore plus visible. Déjà dotée de l’incubateur EYE – EDHEC Young Entrepreneurs – qui a soutenu 140 entreprises pour 850 emplois créés, la business school s’ouvre aussi aux étudiants d’autres écoles : 400 entretiens sont réalisés chaque année pour 30 projets retenus. Au total, 150 places réparties entre Lille, Nice et Station F à Paris, et des étudiants créateurs pour 6 à 8% d’entre eux.

«L’EDHEC N’A PAS DE VOCATION À DEVENIR ONLINE, MAIS IL N’Y AUCUNE RAISON DE S’OPPOSER À LA TECHNOLOGIE»

Innover par le digital

Autre chantier d’Emmanuel Métais, ce qu’il nomme «l’expérience étudiante». «La technologie doit rester un outil et non une fin en soi. Nous avons créé une ‘direction de l’expérience étudiante’ qui gère l’arrivée et la vie des étudiants, de l’admission à leur placement. Nous avons aussi testé les coachs robots, on pourrait l’imaginer sur des cours de base mais, attention, cela ne remplace bien entendu pas un professeur. L’EDHEC n’a pas de vocation à devenir online, mais il n’y aucune raison de s’opposer à la technologie», rassure le nouveau directeur.

Un bootcamp pour apprendre le développement web

Allier pratique et travail collaboratif. Une technique plébiscitée dans les nombreux bootcamps, ces 48 heures non-stop de foisonnement d’idées qui aboutissent sur des créations d’entreprises ou des projets innovants. L’an dernier, l’EDHEC et le bootcamp mondial Le Wagon ont initié un partenariat autour du MSc en data «Analytics&Digital Business», un nouveau programme d’un an proposé à Lille (entièrement en anglais) et qui permet aux étudiants d’exploiter des données, de les analyser en contexte d’entreprise, de maîtriser les méthodes quantitatives… Une quinzaine d’étudiants du master ont eu la possibilité de suivre un bootcamp l’an dernier ainsi qu’une formation délivrée par Le Wagon.