L'illectronisme touche les plus fragiles dans les Hauts-de-France
Une étude de l'Insee publiée début décembre révèle que 17% de la population de la région est touchée par l'illectronisme. Un fléau qui concerne principalement les territoires ruraux et les personnes âgées.
« Le mot illectronisme est un néologisme né de la contraction des notions d’illettrisme et d’électronique. Dans notre étude, sont considérées en situation d’illectronisme les personnes qui n’ont pas utilisé Internet dans l’année ou qui ont des difficultés importantes dans la recherche d’information et la communication », annonce Solène Hilary, chef de projets à l’Insee. Dans la région, 800 000 personnes seraient concernées par ce problème, soit 17% des 15 ans ou plus. C’est ce que révèle une étude de l’Insee, menée en partenariat avec le Secrétariat général pour les affaires régionales (Sgar), la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) et publiée début décembre. « Les résultats de cette enquête permettront de mieux cibler les politiques publiques visant à améliorer l’accès à Internet et à lutter contre l’illectronisme, qui est un enjeu d’égalité et d’insertion sociale », précise François Chevalier, directeur adjoint à l’Insee Hauts-de-France.
Une fracture générationnelle
Déjà très rapide ces dernières années, le développement des usages du numérique (personnel, administratif) s’est encore accéléré avec la crise de la Covid-19 (télétravail, téléconsultations etc.) en 2020. Sauf pour 13% de la population régionale qui ne dispose pas d’Internet chez soi, soit à cause de son coût jugé trop élevé (matériel, abonnement…), soit à cause d’un manque de compétences. « On s’aperçoit avec cette étude que 7 personnes en situation d’illectronisme sur 10 ont 60 ans ou plus. Ils sont donc largement surreprésentés », ajoute Solène Hilary.
Des fractures culturelles et économiques sont également mises en avant par l’étude : une personne non ou peu diplômée sur trois est en situation d’illectronisme dans la région. Parmi les actifs, les plus touchés sont les agriculteurs et les ouvriers. « Les cadres, au contraire, sont moins représentés », ajoute la chef de projets.
Il existe aussi une fracture territoriale très importante. Le taux d’illectronisme varie en effet de 13 à 25% selon les EPCI. Il est plus élevé dans la Thiérache, le Ternois, au sud du littoral et à l’est de la Somme où la population cumule les fragilités : elle y est plus âgée, moins diplômée, moins qualifiée. Dans les grandes agglomérations et le sud de l’Oise en revanche, le phénomène est moins présent. « Lille, Arras et Amiens par exemple concentrent beaucoup d’étudiants. Elles comptent aussi beaucoup de cadres et de professions intermédiaires parmi leurs actifs », note François Chevalier.