Ports de Calais et Boulogne-sur-Mer : le trafic littoral a la cote !

La Société d’exploitation des ports du détroit dévoilait le 27 janvier dernier ses résultats annuels : une belle année 2024, en dépit des circonstances politiques et du ralentissement économique européen. Boulogne-sur-Mer comme Calais sont au vert. Compte-rendu.

Benoît Rocher (à droite) et François Lavallée, respectivement directeur général et président de la SEPD, ce 27 janvier. © Aletheia press / M. Railane
Benoît Rocher (à droite) et François Lavallée, respectivement directeur général et président de la SEPD, ce 27 janvier. © Aletheia press / M. Railane

À contre-courant. Alors que l’ensemble des trafics restent globalement atones dans les autres ports français, le port de Calais-Boulogne-sur-Mer affiche des résultats «satisfaisants», selon son directeur général, Benoît Rocher. Lequel a exposé les résultats de la Société d'exploitation des ports du détroit (SEPD), ce 27 janvier à Calais. «On espérait rester sur le même niveau d’activité en 2024 qu’en 2023, qui a été une très bonne année. Notamment à Boulogne-sur-Mer», explique le cadre. Les résultats ont probablement surpris la direction portuaire avec une hausse de 4% en valeur (93 millions d’euros) et de 9% en tonnage (33 000 tonnes).

300 millions d'euros d'investissements à Boulogne-sur-Mer

L’encornet, la coquille Saint-Jacques (+ 60%), le maquereau et le merlan restent les produits phares de cette embellie qui propulse le port de Boulogne-sur-Mer vers un nouveau record depuis 20 ans. La seconde bonne nouvelle pour le premier port de pêche européen réside dans la série d’investissements en cours dans sa zone d’activité économique privilégiée de Capécure, qui compte plus de 200 entreprises. En effet, des travaux de démantèlement de friches industrielles vont libérer 7 000 m².

Mieux, les investissements, à cheval sur 2024 et 2025, atteignent des records avec 300 millions d’euros attendus. C’est le projet de ferme d’élevage de saumons de Local Océan qui pèse le plus, avec 200 millions d’euros. Suivent les projets logistiques de NordFrigo (22 millions d’euros) et de STEF-Delanchy (15 millions d’euros), les travaux engagés par l’agglomération boulonnaise pour les nouveaux ateliers de mareyage (11 millions d’euros). De son côté, Grand Frais fera plus que doubler la surface de son site, initialement prévue à 5 000 m² (23 millions d’euros).

Un très bon été pour le transmanche

À Calais, le transmanche poursuit sa lente remontée vers son niveau d’avant Covid. «On est encore à - 20% de trafic sur l’ensemble du détroit et - 16,5% à Calais», indique Benoît Rocher. En 2024, le port de Calais a vu passer 7,6 millions de voyageurs (+ 4%) et 1,4 million de véhicules de tourisme (+ 11%). Le port transmanche doit ces hausses à une très bonne saison estivale, avec plus de 750 000 véhicules passés entre juin et septembre dernier (+ 6%) et 3,4 millions de passagers. On observe aussi une très belle remontée du trafic des autocars avec 68 000 unités (+ 13%).

Coté marchandises, les chiffres sont stables avec 1,8 million d’unités de fret, représentant 40 millions de tonnes. Au total, la moitié des camions qui ont traversé la Manche en 2024 sont passés par Calais. Sur le rail, le port reste en seconde division, malgré une hausse de 10% avec 46 000 unités transportées. Calais attend la mise en service du terminal ferroviaire de Sète, auquel il est déjà lié. En fin d’année, les rotations quotidiennes devraient passer de trois à cinq.

Inquiétudes avec la renégociation des accords du Brexit

Autre développement prometteur, le trafic de voitures reprend du poil de la bête. Calais avait perdu un marché au profit de Dunkerque il y a quelques années avant d’en retrouver en 2023. L’an dernier, le trafic a atteint 25 000 unités venant de Grande-Bretagne et de Turquie. Calais connaît également une grande déception avec l’arrêt brutal du trafic de véhicule avec l’Algérie au premier trimestre 2024 «en raison du contexte géopolitique», a déclaré pieusement le directeur du port.

L’année qui commence est source d’une inquiétude certaine : la renégociation des accords du Brexit. Prévus pour cinq ans, ces accords vont repasser sous les fourches caudines du gouvernement britannique et de ses alter ego européens. Deux questions taraudent les acteurs du trafic maritime et de la pêche en Manche-Mer du Nord : que risque-t-on encore de perdre ? Qu’est-il possible de regagner sur ce qui a été perdu il y a cinq ans ?