Les TPE plus touchées en 2015, le recul s’amorce
Selon une étude du cabinet Altares, 63 081 défaillances d’entreprises sont survenues en 2015, en hausse de 0,8 % par rapport à 2014. Ce chiffre est cependant marqué par des disparités selon la taille de l’entreprise, les secteurs touchés, et le nouveau découpage régional. La sinistralité des entreprises devrait reculer cette année.
La fin d’année 2015 a été marquée par «une fausse note» : le nombre de défaillances d’entreprises a progressé de 1,6 % au dernier trimestre par rapport à la même période de 2014, selon le dernier bilan du cabinet Altares (plus de 10 000 entreprises concernées pour les mois de novembre et décembre). Sur l’ensemble de l’année, dans le détail, les liquidations judiciaires directes (dont le taux reste supérieur à 68 % depuis trois ans) viennent en tête des défaillances, avec 43 178 entreprises immédiatement liquidées en 2015 (+ 0,7 %), suivies des redressements judiciaires pour 18 370 entreprises (+ 1,5 %). Par contre les 1 533 procédures de sauvegardes baissent de – 5,4 %. Les trois quarts des entreprises liquidées (33 000 sur 43 000) sont des TPE qui emploient moins de trois salariés. Ce taux décroît lorsque la taille de l’entreprise augmente. De fait, la liquidation touche majoritairement les sociétés jusqu’à 20 salariés (- 8 % de défaillances à partir de 20 salariés, au dernier trimestre de 2015), et diminue jusqu’à ne concerner qu’une entreprise sur cinq à partir de 100 salariés (- 12 %).
Forte disparité entre les secteurs
Sur le dernier trimestre de 2015, les principales victimes sont les TPE, dont les débouchés vers les particuliers sont fortement sensibles aux fluctuations d’activités, par manque de trésorerie. En particulier, ce sont les activités de santé humaine et action sociale (+ 32 %), récréatives (+ 32 %), les soins de beauté (+ 19 %) et la restauration (+ 7 %), qui sont les plus en difficulté. À l’inverse, la tendance est plus favorable dans le bâtiment (- 2 % de liquidations) pourtant sinistré, l’industrie manufacturière (- 3 %) ou le transport routier de marchandises (- 5 %).Sur l’ensemble de l’année passée, la situation demeure «compliquée», dans l’industrie pour le textile habillement (+ 6,7 %), mais globalement les évolutions sont favorables, dans les activités B to B, note Altares. En revanche, «les activités à destination des consommateurs (B to C) ne parviennent pas à inverser la tendance» : les défaillances progressent de 6,1 % dans la coiffure et les soins de beauté, de 8,4 % dans l’hébergement-restauration, ou encore de plus de 15 % dans la santé humaine et l’action sociale, et même près de 18 % pour les activités de loisirs.
Les nouvelles régions changent la donne
L’agrandissement de la taille des territoires conduit mécaniquement à l’amélioration de la tendance des défaillances pour 2015, quatre sur sept des nouvelles régions affichent une certaine stabilité voire une diminution du nombre de procédures collectives par rapport aux régions de l’ancienne configuration. La région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (- 4,8 %), est composée d’une Champagne stable (+ 0,6 %) depuis quatre ans, d’une Alsace plus «performante» (- 14,3 %), et d’une Lorraine en légère dégradation (+ 1,7 %), après une bonne année 2014. Dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, l’amélioration de 1,5 % est soutenue par la Picardie (- 6,2 %) dont les défaillances ralentissent depuis trois ans, tandis que le NordPas-de-Calais reste stable (+ 0,5 %), sur des valeurs élevées depuis trois ans. Dans les régions non fusionnées c’est dans le Centre que l’on observe la plus forte dégradation (+ 9,5 %), notamment dans les secteurs de la restauration (+ 27 %) et du commerce de détail (+ 20 %). Seules la Corse (- 6,7%) et la Bretagne (- 7,8 %) se redressent après deux années difficiles. Globalement, les 63 000 procédures collectives enregistrées en 2015 ont menacé 235 000 emplois directs, soit quelque 10 000 postes préservés par rapport à l’an dernier. Et l’amélioration devrait se confirmer. Selon Thierry Million, responsable des études chez Altares, les chiffres records du premier trimestre 2015 (18 000 défaillances, + 8 %) ne devraient pas être reproduits en ce début d’année 2016. La conjoncture se solidifie, la croissance est à nouveau au rendez-vous ! ( ). Si l’objectif des 60 000 défaillances à fin 2016, en baisse de 4 % par rapport à 2015, lui paraît «atteignable», «il faudra attendre encore avant d’effacer plus de sept années de crise et revenir aux 55 000 défaillances de 2008.»
camille.schaub et b.l