Les scientifiques au chevet de la Manche

Espace maritime stratégique d’un point de vue économique et écologique, la Manche est un bras de mer de plus en plus convoité pour ses richesses minérales (sables et graviers) et son potentiel éolien, voire hydrolien, et non plus seulement pour ses espèces marines d’intérêt commercial. Une centaine de scientifiques ont échangé leurs connaissances lors de trois jours de colloque à Boulogne-sur-Mer.

Des campagnes sont régulièrement menées à bord du chalutier scientifique Thalassa, ici équipé d’un filet à zooplancton.
Des campagnes sont régulièrement menées à bord du chalutier scientifique Thalassa, ici équipé d’un filet à zooplancton.

 

Des campagnes sont régulièrement menées à bord du chalutier scientifique Thalassa, ici équipé d’un filet à zooplancton.

Des campagnes sont régulièrement menées à bord du chalutier scientifique Thalassa, ici équipé d’un filet à zooplancton.

Pour apporter les outils nécessaires à une gouvernance des activités humaines, a été privilégiée une démarche intégrée pluridisciplinaire. Débuté en 2003 sur le Détroit et étendu en 2006 à la Manche orientale, le projet franco-britannique Charm (Channel Integrated Approach for Marine Resource Management), financé par l’Union européenne, implique de nombreuses disciplines : les sciences marines, l’économie, le droit maritime, la géographie, les statistiques… Si la partie visible de Charm est jusqu’à présent l’édition de deux atlas des habitats des ressources marines (téléchargeables sur www.ifremer.fr/charm), une troisième étape qui rassemble 17 partenaires et une enveloppe de 11,6 M€ doit déboucher sur un ensemble d’outils. Plus globalement, “le chantier Manche, explique André Carpentier, responsable du département ressources halieutiques au Centre Manche-mer du Nord d’Ifremer, constitue un canevas qui regroupe les projets de recherche développés sur les ressources vivantes marines en Manche sous un label commun. Le but est de faciliter le transfert des avancées scientifiques vers les structures de décisions et les professionnels.

Bien des projets concrets sont associés à ce chantier. Ainsi, Comanche a pour but de caractériser la distribution spatiale de la coquille Saint-Jacques et de mettre en évidence la connexion entre les différents gisements. Memo suit à la trace le plancton gélatineux Mnemiopsis leidyi, apparu récemment en Manche, dont la prolifération pourrait affecter la pêche ou le tourisme. Dymaphi s’intéresse au phytoplancton, ces micro-algues qui peuvent créer en quelques heures des marées de mousse : les “marées rouges”. Marinexus analyse les changements des écosystèmes engendrés par les activités humaines (comme le transport maritime ou la plaisance), à l’aide de bouées de mesures ou de boîtes accrochées aux coques des ferries. Panache a pour objectif de consolider la cohérence dans le suivi et la gestion des aires marines protégées. Gifs se penche sur l’importance socio-économique mais aussi culturelle et patrimoniale de la pêche côtière. En cours de montage, Camanoc va dresser un état des lieux de la ressource halieutique en Manche occidentale, à la faveur de campagnes à bord du chalutier scientifique Thalassa. “Très divers, souligne André Carpentier, ces différents projets se nourrissent les uns les autres.”