Les Salaisons Bentz au bout du monde
Maison de tradition artisanale, les Salaisons Bentz ont dépassé les frontières hexagonales. En Asie, ses jambons et ses saucissons cuits sont désormais bien implantés. Avec d’autres ambitions planétaires.
Jean-François Antoine est un infatigable passionné. Ce fils de boucher, gérant des Salaisons Bentz depuis une décennie, aime à faire partager cet affect si particulier pour un noble métier. Lui-même le dit : «J’adore les défis. L’impossible n’existe pas !» historiquement, l’activité de l’entreprise familiale est vouée vers le façonnage pour les bouchers-charcutiers lorrains. Le fondateur Paul Bentz a débuté cette activité de façonnage de jambon cuit en 1960, après avoir repris une boucherie-charcuterie à Nancy. Avec à sa tête, François, le fils, la société se lance dans la saucisse à cuire et le commerce de charcuterie en provenance de Lorraine. Nouvel’Progalor diversifiera ensuite le panel de clientèle. Puis Jean-François Antoine a pris les commandes, avec un regard différent : «Je suis curieux de tout et j’aime voyager. Plutôt qu’une diversification aléatoire des produits, j’ai préféré faire fructifier notre savoir-faire en regardant vers l’extérieur.» Rapidement, le nouveau gérant mesure les potentialités des Salaisons Bentz à l’export, affine normes et traçabilité (étapes indispensables à toute exportation). Sortir des frontières pour se développer. Un pari motivant qui se travaille bien en amont. Jean-François Antoine suit en 2011 un coaching avec la CCI International Lorraine. Un an plus tard, il possède les clés en main pour faire aboutir son projet, avec une bonne visibilité sur plusieurs pays cibles. Puis tout s’enchaîne : des contacts avec les Frères Marchand qui vendent des fromages vers l’Asie et un voyage à hong Kong. Ses produits séduisent ses interlocuteurs asiatiques. Se rappelant ces instants si particuliers, il glisse cette anecdote : «Dans les négociations sur place, je leur ai amené des saucissons faits maison. Ils les ont goûtés et c’était gagné !»
L’innovation et l’export : clés d’une réussite
Ce marché hongkongais en poche, un autre challenge attend les Salaisons Bentz qui candidatent, avec le soutien d’Ubifrance, à une autre source de débouché : Taïwan. Il faudra s’armer de patience. Le 4 mars 2014 est une date importante. La filière porcine française voit de nombreux mois de négociation aboutir. Désormais, l’exportation vers Taïwan de viandes de porc et de produits carnés issus des porcs nés et élevés en France et abattus dans cinq abattoirs agréés par les autorités taïwanaises est une réalité. Le 11 avril 2014, les Salaisons Bentz sont la première charcuterie française à passer la frontière de Taïwan. Depuis, ses jambons et saucissons cuits et son fuseau lorrain sont distribués par les supermarchés haut de gamme CitySuper du groupe Eastern. Et déjà se dessine un autre défi pour Jean-François Antoine. En rendant visite à son fils au Chili, il se renseigne, en observe les us et coutumes. Et il pressent une nouvelle opportunité. Les formalités pour une demande d’agrément désormais remplies, les spécialités de l’entreprise pourraient prochainement arriver du côté de Santiago. Avec ce dynamisme et ce sens de l’innovation, la société a reçu le prix nouvel exportateur dans le cadre des Trophées export 2013. Insatiable, Jean-François Antoine voit plus loin à court ou plus long terme : Macao, l’Allemagne, la Suède, l’Espagne, l’Angleterre. Il conclut : «C’est une grande fierté individuelle et collective. Sans jamais perdre nos valeurs d’origine, en poursuivant notre développement avec des produits de haute qualité, nous avons su faire grandir notre notoriété. C’est une réussite que je partage avec tous mes collaborateurs.» Avec 500 tonnes de produits transformés par an, les Salaisons Bentz réalisent 5 % de leur chiffre d’affaires à l’export. La tradition lorraine n’a pas fini de régaler une partie du monde.