Les rachats d’entreprises au plus haut en 2022

Le nombre de ventes et cessions d’entreprises, qui était déjà légèrement reparti à la hausse en 2021 en France, a bondi de 14,3 % l’an dernier, pour atteindre son plus haut niveau depuis cinq ans.

Les ventes et cessions de fonds de commerce ont enregistré une hausse de 14,3 % l’an passé, soit leur plus haut niveau depuis cinq ans.
Les ventes et cessions de fonds de commerce ont enregistré une hausse de 14,3 % l’an passé, soit leur plus haut niveau depuis cinq ans.

31 717 transactions en 2022 pour un prix moyen de 215 716 euros. Les données de l’étude du groupe Altares, spécialiste des données sur les entreprises, sur les ventes et cessions d’entreprises en France en 2022 font état d’un retour à une «dynamique solide», «avec des prix à leur plus haut niveau historique.» Les ventes et cessions de fonds de commerce ont en effet enregistré une hausse de 14,3 % l’an passé, soit leur plus haut niveau depuis cinq ans.


Le double effet d’un rattrapage et d’une disposition fiscale avantageuse

Selon le directeur des études d’Altares, Thierry Millon, deux grands facteurs contribuent à cette nouvelle dynamique du marché. «Le faible nombre de transactions réalisées pendant la période Covid justifie en partie un rattrapage des opérations en 2022. Mais ce n’est pas la seule raison qui explique ces volumes. Une disposition fiscale en faveur des petites entreprises a pu encourager certaines à racheter des fonds.» Il s’agit d’une disposition de la loi de Finances pour 2022 qui prévoit que les petites entreprises (moins de 50 salariés, chiffre d’affaires inférieur à 12 millions d'euros, et un bilan ne dépassant pas 6 millions d'euros) sont autorisées à déduire du résultat imposable l’amortissement sur une période de dix ans du fonds de commerce acquis entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025. «Cet aménagement fiscal pour les petites entreprises a contribué à redresser un marché des fonds de commerce en perte de vitesse ces dernières années. Provisoire, ce dispositif devrait néanmoins s’éteindre dès 2025.»


À plus de 215 000 euros, un record historique pour le prix moyen

Cette disposition fiscale explique, probablement, également la hausse du montant moyen des transactions constatée en 2022. Celui-ci a, en effet, augmenté de 7,5 % pour s’établir au prix record de 215 716 euros. Vendues 1,2 million d’euros en moyenne (+ 14,4 %), les pharmacies ont largement contribué à tirer la moyenne des prix à la hausse. Le prix médian se situe autour de 100 000 euros. Après les pharmacies, ce sont les supermarchés qui atteignent les plus hauts prix (en moyenne, autour de 500 000 euros), puis les hôtels (430 000), les bureaux de tabac (350 000) et les concessionnaires automobiles (308 500). La restauration à table, dont la reprise n’avait été que partielle en 2021, a enregistré une forte augmentation du nombre de transactions (+ 51 %) l’an dernier et représenté près du quart des transmissions, avec des prix moyens en hausse (+ 18 %). Au total, ce sont 7 608 établissements qui ont changé de main (dont 3 118 en restauration rapide et 4 490 en restauration assise). Les cessions de cafés ont eux-aussi enregistré un fort rebond en 2022 (+ 46,2 %), ainsi que les ventes dans l’hôtellerie (+ 34,9 %). La boulangerie-pâtisserie a en revanche connu une petite baisse (- 6,3 %), après la nette reprise constatée en 2021. Le marché des salons de coiffure continue d’être très attractif, contrairement à celui des boucheries, qui a enregistré un nouveau recul l’an passé.


Une dynamique qui profite aux villes moyennes et aux petites villes

Plus de neuf transactions sur 10 ont été réalisées par des entrepreneurs à la tête d’une TPE (moins de dix salariés), soit 15 % de plus qu’en 2021. Plus de la moitié de l’ensemble des transactions ont été recensées dans des villes moyennes (de 20 000 à 100 000 habitants) et des petites villes. Mais les communes rurales et les villages de moins de 5 000 habitants ont néanmoins perdu en attractivité en 2022. L’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes restent en tête des régions où le marché de la transmission de fonds de commerce est le plus actif, devant la Provence-Alpes-Côte d'Azur, l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine. Un classement qui évolue peu d’une année à l’autre. En termes de montants moyens, l’Île-de-France continue de tirer les prix, devant les Hauts-de-France, PACA et les Pays de La Loire.

Miren LARTIGUE