Événement

Les questions budgétaires au cœur du débat au Congrès des maires de l'Aisne

Le président Thierry Routier avait convié les élus du département à la 20e édition du Congrès des maires de l'Aisne le 14 octobre dernier au Forum de Chauny. Coût de l’énergie, revalorisation du point d’indice pour les fonctionnaires… les dépenses supplémentaires inquiètent les maires et présidents d’intercommunalités à l’heure d’établir les budgets 2023.

Les élus et parlementaires ont exprimé leurs sujets d'inquiétude dans un contexte compliqué.
Les élus et parlementaires ont exprimé leurs sujets d'inquiétude dans un contexte compliqué.

Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin, présidente de l’Agglomération du Saint-Quentinois, et vice-présidente de l’association des Villes de France, a ouvertement exposé ses inquiétudes lors de l’Assemblée générale de l’Union des maires de l’Aisne : « Je ne sais comment je sors le budget 2023 pour la ville et pour l’Agglo »

L’élue a listé les dépenses de fonctionnement venues alourdir successivement les budgets des collectivités et notamment les deux « grosses difficultés » de 2022 « le point d’indice qui n’est pas compensé par l’État » et « le coût de l’énergie ». Frédérique Macarez a mis en perspectives l’inquiétude qui est la sienne, et que bon nombre d’élus présents ont déclaré partager, du maintien des services publics, crèches, portages de repas à domicile… autant de services rendus aux habitants qui font, ont martelé les maires, « la cohésion sociale sur le territoire ». Des dépenses, ont convenu les maires, que ne viennent pas compenser les augmentations de dotations de l’État.

L'Assemblée générale statutaire s'est tenue dans la grande salle, en matinée.

Être entendus de l’État

« L’heure est grave pour nos communes », a conclu Frédérique Macarez, ajoutant qu’elle l’est aussi pour les entreprises et les habitants des territoires. Emmanuel Lievin, le maire de Chauny, l’avait évoqué en ouverture du congrès : « Je pense que nous devenons des maires gestionnaires et plus des maires bâtisseurs », constatant que des communes avaient décidé de décaler certains projets voire même de les supprimer au regard du contexte national. 

Les intervenants ont été unanimes à espérer que « l’État puisse entendre les problématiques » qui sont celles des maires de l’Aisne aujourd’hui. Les politiques publiques doivent intégrer les enjeux de développement durable et face à l’explosion des coûts de l’énergie, certaines collectivités ont déjà enclenché des mesures visant à réduire leur consommation en régulant la température dans les bâtiments publics ou en réduisant les périodes d’éclairage public. Les parlementaires présents ont porté le débat au niveau national sur la question de la souveraineté et de l’indépendance de la France dans le domaine de l’énergie.

Le salon des maires de l'Aisne a fêté cette année ses 20 ans.

Objectif Zan : des maires ruraux inquiets

La question du Zéro artificialisation nette (Zan) est revenue régulièrement dans les interventions. Le premier à l’évoquer fut le président Thierry Routier, en ouverture du Congrès. Inscrit dans la loi Climat et résilience, l’objectif de Zéro artificialisation nette à l’horizon 2050 inquiète le chef de file des maires de l’Aisne, département à forte majorité rural. 

« Nous devons assurer le développement de nos communes pour qu’elles continuent à vivre et à prospérer. » Le sénateur Antoine Lefevre présente cette obligation « comme un amoncellement de contraintes » qui va condamner des petites communes ne possédant pas de friches industrielles « à la mort économique ».

Dans sa prise de parole, le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, exige que la « singularité du département de l’Aisne », qui ne comporte aucune métropole, soit prise en compte. 

Faire reconnaître les besoins des communes et des petites intercommunalités pour maintenir « leurs capacités de développement », « un combat à mener », dira pour Frédéric Leturque, maire d’Arras et vice-président de l’Association des maires de France. 

Le préfet de l’Aisne, Thomas Campeaux, est revenu en clôture d’Assemblée générale, sur l’objectif Zan, comprenant que ce sujet qualifié de « complexe » pouvait être source d’inquiétude pour les élus ruraux de l’Aisne et préconisant « un équilibre national à trouver » qui prendrait en compte les spécificités du territoire.

L'intervention du préfet de l'Aisne a clôturé les échanges de la matinée.

Télégestion de l’éclairage public : le stand de l’Useda très fréquenté

Installé dans le hall du Forum, le stand de l’Union des secteurs d’énergie du département de l’Aisne (Useda) a connu une forte fréquentation dès l’ouverture au public. Alors que l'Useda vient d’achever un gros chantier - le déploiement de la fibre Très haut débit sur les 757 communes du périmètre d’intervention publique -, ses équipes développent actuellement un autre service pour lequel les maires ayant délégué au syndicat la gestion de l’éclairage public, se montrent particulièrement intéressés.

Fibre optique et éclairage public intelligent, nombreux sont les élus à s’être arrêtés au stand de l’Useda.

Sobriété énergétique

Thomas Bertanier, chef de projet à l’Useda, présente l’application baptisée Usedaroc (pour réseau d’objets connectés) comme « un outil simple et précis pour l’utilisateur ». Depuis le début de l’année, une cinquantaine de communes dont Presles-et-Thierny qui fut la première, expérimente l’outil et permette par la remontée des problèmes rencontrés à l’usage, d’améliorer le service rendu.

Techniquement, poursuit Thomas Bertanier, il s’agit de mutualiser les équipements existants en matière d’éclairage public. Depuis son téléphone portable, le maire peut donc piloter en direct les horaires de mise en service des candélabres de la commune ou choisir une programmation, zone par zone. 

L’application offre également au maire la possibilité de faire des projections grâce à un simulateur et de connaître ainsi en termes de consommation l’économie ainsi réalisée. « Ce service ne nécessite aucun investissement, il est gratuit pour les 550 communes ayant délégué la gestion de l’éclairage public au syndicat et à l’heure de la sobriété énergétique… », argumente le chef de projet qui a mis au point l’application avec son collègue Stéphane Hatton, chargé de mission spécialisé dans l’éclairage public.

Stéphane Hatton et Thomas Bertanier ont présenté l’application Usedaroc lors de ce salon des maires.