Les principaux événements de l'année 2023 en France
Une réforme des retraites vivement contestée et adoptée sans vote au Parlement, des cités qui s'embrasent sur fond de méthodes policières contestées, une alerte "Urgence attentat" après le meurtre d'un enseignant, et une loi immigration très...
Une réforme des retraites vivement contestée et adoptée sans vote au Parlement, des cités qui s'embrasent sur fond de méthodes policières contestées, une alerte "Urgence attentat" après le meurtre d'un enseignant, et une loi immigration très controversée ont marqué l'année 2023 en France.
Chaleur, crues et tempêtes
Le 1er janvier 2023 est la quatrième journée la plus chaude dans l'Hexagone depuis 1947, avec des records battus aussi bien à Dax (24 degrés) qu'à Besançon (18,6). Le 17 février, la France est à sec depuis 27 jours, "du jamais vu en hiver", selon Météo-France.
Début novembre, les tempêtes Ciaran et Domingos font trois morts, privant plus d'un million de foyers d'électricité, surtout en Bretagne, et occasionnant des dommages estimés à 1,3 milliard d'euros.
Le Nord et surtout le Pas-de-Calais sont touchés peu après par des inondations dues à des crues historiques. Plus de 240 communes sont classées en catastrophe naturelle.
Réforme des retraites : la colère
Le 10 janvier, la Première ministre, Elisabeth Borne, présente une réforme prévoyant un report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans à l'horizon 2030.
Très impopulaire, elle donne lieu à une mobilisation de plus de trois mois, avec des défilés dépassant trois fois 1,2 million de personnes, selon la police.
Les forces de l'ordre se voient reprocher un "usage excessif de la force" et des "arrestations abusives", selon Amnesty International. Reporters sans frontières (RSF) dénonce aussi des "agressions" de leur part sur des journalistes.
Le 1er avril, le tribunal administratif de Paris annule un arrêté du préfet de police interdisant des rassemblements, jugeant qu'il porte atteinte à la liberté de manifester.
Des raffineries, transports et ports sont bloqués, des concerts de casseroles rythment les sorties présidentielles.
Prévue en mars, la première visite officielle en France du roi Charles III, qui aurait dû être sa première visite en tant que roi à l'étranger, est reportée à septembre, alors que des milliers de tonnes d'ordures non ramassées jonchent les trottoirs parisiens.
Onze 49.3 pour faire passer la loi
Le Conseil constitutionnel valide l'essentiel de la réforme et rejette la demande de la gauche d'un référendum d'initiative partagée (RIP). La loi est promulguée le 15 avril.
Pour cela, outre une procédure législative accélérée, Mme Borne a dû actionner pas moins de onze fois l'article 49.3, qui permet de faire adopter sans vote un projet de loi, et faire face aux motions de censure et milliers d'amendements d'un hémicycle survolté.
Pour le Conseil de l'Europe, ce recours massif français au 49.3 "soulève des interrogations au regard de la séparation des pouvoirs".
Pierre Palmade : des vies fracassées
Le 10 février, Pierre Palmade, sous l'emprise de la drogue, percute sur une route départementale de Seine-et-Marne un véhicule venant en face. Outre l'humoriste de 54 ans, l'accident fait trois blessés graves: un homme, son jeune fils, et sa belle-sœur, qui perd le bébé qu'elle attendait.
L'acteur est hospitalisé, mis en examen, puis placé sous contrôle judiciaire avec obligation de soins.
Sainte-Soline et les "bassines"
Le 25 mars, 6.000 personnes selon les autorités, 30.000 selon les organisateurs, manifestent contre un réservoir d'eau puisée dans les nappes phréatiques en hiver pour irriguer les terres agricoles en été, en construction à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), à l'appel de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre (SLT), qui dénoncent un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie.
Interdite, la mobilisation écologiste fait environ 200 blessés parmi les manifestants, dont deux comas. La Ligue des droits de l'Homme et un rapporteur de l'ONU dénoncent un usage "disproportionné" de la force du côté des gendarmes.
La dissolution des SLT, prononcée par décret le 21 juin, est annulée par le Conseil d'Etat le 9 novembre au nom de "la liberté d'association".
Le 3 octobre, deux autres projets de "mégabassines", en Poitou-Charentes, sont annulés par la justice administrative qui souligne leur inadaptation aux effets du changement climatique.
Drames du harcèlement scolaire
Le 12 mai, Lindsay, 13 ans, se suicide après avoir subi des mois de harcèlement scolaire dans son collège de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Quatre mineurs et une personne majeure sont mis en examen. La famille dépose plainte contre l'établissement et le rectorat.
Le 5 septembre, Nicolas, 15 ans, également victime de harcèlement scolaire, se suicide à Poissy (Yvelines).
Les deux familles dénoncent un soutien très défaillant des autorités scolaires quand leur enfant allait mal. Celle de Nicolas rend public un courrier du rectorat de Versailles au ton menaçant. "Une honte", réagit le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, favorable à "une procédure disciplinaire" à l'encontre de l'ancienne rectrice.
Le 27, le gouvernement officialise un plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire.
Sarkozy sous les feux de la justice
L'ancien président Nicolas Sarkozy est condamné le 17 mai en appel à trois ans d'emprisonnement, dont un an ferme à purger sous bracelet électronique, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes". Il se pourvoit en cassation.
Il est, par ailleurs, mis en examen le 6 octobre dans l'enquête sur des accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.
Enfin, dans l'affaire Bygmalion, qui concerne le financement illégal de sa campagne de 2012 et pour laquelle M. Sarkozy a été condamné en 2021 à un an de prison ferme, le parquet requiert en appel le 30 novembre un an d'emprisonnement avec sursis. Décision le 14 février 2024.
Anatomie d'un succès
Le 27 mai, le film de Justine Triet, "Anatomie d'une chute", remporte la Palme d'or au festival de Cannes. En recevant son prix, la réalisatrice de 44 ans reproche au pouvoir sa réforme des retraites et sa politique culturelle, ce qui provoque une polémique.
Le film où joue Sandra Hüller dépasse le million d'entrées un mois après sa sortie en salles en août, et reçoit de multiples prix à l'étranger.
Attaque isolée à Annecy
Le 8 juin, un homme poignarde quatre très jeunes enfants et deux adultes dans un parc d'Annecy. L'assaillant, un réfugié syrien sans "motivation terroriste" selon la procureure, est mis en examen pour tentatives d'assassinat.
JDD: la longue grève
Le 22 juin, la rédaction du Journal du dimanche, débute au nom de son indépendance une grève de 40 jours, mobilisation inédite dans la presse française depuis 1975.
Elle tente en vain d'empêcher l'arrivée à la tête du journal - en passe d'être contrôlé par Vincent Bolloré - de Geoffroy Lejeune, ancien de Valeurs Actuelles, marqué à l'extrême droite.
M. Lejeune prend ses fonctions le 1er août. Une majorité de la rédaction quitte le journal.
Mort de Nahel, l'embrasement
Le 27 juin, des violences urbaines éclatent dans le pays après la mort à Nanterre (Hauts-de-Seine) de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier.
Une vidéo montre que le motard de la police tenait le jeune conducteur en joue quand il a tiré à bout portant. M. Macron évoque un acte "inexcusable".
Face aux émeutes, destructions ou pillages qui suivent dans le pays, 45.000 policiers sont mobilisés cinq nuits de suite et près de 4.000 personnes interpellées. Le policier est mis en examen pour homicide volontaire et écroué. Une marche blanche en hommage à Nahel rassemble plus de 6.000 personnes.
Le 2 juillet, une désescalade se confirme au terme d'une septième nuit d'émeutes marquée par une attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne).
Un policier de la Bac de Marseille (Bouches-du-Rhône) soupçonné d'avoir blessé grièvement au crâne Hedi, 22 ans, en marge des émeutes, est placé en détention provisoire le 21 juillet, entraînant un mouvement de protestation dans la police.
En réponse aux émeutes, Elisabeth Borne annonce le 26 octobre envisager un "encadrement des délinquants", souvent mineurs, par des militaires" et des "stages de responsabilité parentale" ou des peines de travaux d'intérêt général pour leurs parents.
Mini-remaniement
Le 21 juillet, huit nouveaux ministres entrent au gouvernement après que le président Emmanuel Macron a renouvelé sa confiance à Mme Borne.
Gabriel Attal, 34 ans, remplace Pap Ndiaye à l'Education nationale et annonce le 28 août, au nom de la laïcité, l'interdiction du port à l'école de l'abaya, longue robe portée par certaines élèves musulmanes.
Epinglée pour sa gestion opaque du "Fonds Marianne", Marlène Schiappa doit quitter le gouvernement.
Restos du coeur : le cri d'alarme
En pleine inflation, les Restos du Coeur, qui assurent 35% de l'aide alimentaire en France, lancent le 3 septembre un cri d'alarme face à une "très forte hausse" des demandes qu'ils ne vont pas pouvoir satisfaire.
Comme ses bénéficiaires, l'association voit son budget grevé par une hausse du prix des produits alimentaires de plus de 11% en un an.
Le gouvernement promet une aide et présente le 18 une nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté, jugée insuffisante. "Ça craque de partout", répète le 10 octobre la FAS, fédération regroupant quelque 800 associations de lutte contre la précarité, au moment où plus de neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Elle s'aggrave chez les femmes et les enfants, selon le Secours catholique.
La drogue et ses violences
Le 21 septembre, un collectif d'élus appelle à "un plan national et européen" contre le trafic de drogue, soulignant que "plus de 70 victimes liées au trafic de drogue" ont déjà été recensées en France depuis début 2023.
Marseille (Bouches-du-Rhône) bat le triste record de 47 victimes sur l'année.
Des personnes souvent très jeunes et parfois victimes collatérales de règlements de comptes entre gangs, à l'instar de Fayed, 10 ans, mortellement atteint par une balle perdue en août à Nimes (Gard) ou de Socayna, étudiante marseillaise de 24 ans, tuée dans les mêmes conditions alors qu'elle travaillait sur son ordinateur dans sa chambre.
Le pape et les migrants
Le 23 septembre, le pape François conclut lors d'une messe géante réunissant 60.000 fidèles, dont le couple présidentiel Macron, une visite de deux jours à Marseille dominée par la dénonciation du sort réservé aux migrants. "Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent hospitalité", souligne-t-il.
"Urgence attentat" après le meurtre d'un professeur
Le 13 octobre, trois ans après le meurtre de Samuel Paty, Dominique Bernard, 57 ans, professeur de français au collège-lycée d'Arras (Pas-de-Calais), est poignardé à mort dans la cour par un ancien élève de l'établissement, âgé de 20 ans fiché pour radicalisation islamiste. Trois autres personnes sont blessées dans l'attentat.
Avant de tuer, l'assaillant, né en Russie, a revendiqué son geste dans une vidéo au nom de l'organisation Etat islamique (EI).
La France est placée en alerte "urgence attentat".
Auparavant, le 22 février, la communauté éducative avait déjà été éprouvée par la mort d'Agnès Lassalle, une professeure d'espagnol de 52 ans poignardée par un élève de 16 ans sans mobile terroriste, dans un lycée catholique de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).
En décembre, six collégiens impliqués dans l'assassinat de M. Paty sont condamnés à des peines de 14 mois avec sursis à six mois de prison ferme sous bracelet électronique.
La Nupes se déchire
La coalition de gauche Nupes (LFI, EELV, PCF, PS, Générations) démarre unie son combat contre la réforme des retraites, mais implose au fil des mois sous le poids de déchirements internes, échouant à bâtir des listes uniques aux élections sénatoriales et aux Européennes à venir.
Le PCF parle d'une "impasse", tandis que le PS suspend sa participation à l'intergroupe le 17 octobre, en reprochant à Jean-Luc Mélenchon (LFI) de ne pas avoir désigné le Hamas comme une organisation "terroriste" après son attaque meurtrière contre Israël le 7 octobre.
Marche contre l'antisémitisme
Le 12 novembre, alors que le ministère de l'Intérieur fait état d'une forte hausse des "actes ou propos" antisémites, des manifestations contre l'antisémitisme, à l'appel des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, réunissent plus de 180.000 personnes en France. La participation du Rassemblement national (RN) est vivement dénoncée par certains.
Mort de Thomas à Crépol
Thomas, un lycéen de 16 ans, est mortellement blessé en marge d'un bal de village à Crépol (Drôme) dans la nuit de 18 au 19 novembre. Neuf jeunes, dont trois mineurs, sont mis en examen.
Des groupes néonazis se mobilisent alors que droite et extrême droite multiplient tweets et déclarations faisant le lien entre ce meurtre, aux circonstances encore non établies, et l'immigration.
Le 28, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, demande la dissolution de trois groupuscules d'ultradroite après une expédition punitive de militants à Romans-sur-Isère, d'où sont originaires certains prévenus.
Des ministres en exercice poursuivis
Menacé d'un an de prison avec sursis lors d'un procès inédit pour un ministre de la Justice en exercice, Eric Dupond-Moretti est relaxé le 29 novembre par la Cour de justice de la République (CJR).
Selon la CJR, le garde des Sceaux s'est bien placé en situation de conflit d'intérêts en ouvrant des enquêtes administratives contre quatre magistrats qu'il avait critiqués quand il était avocat, mais il ne peut être reconnu coupable, faute d'élément "intentionnel".
Jugé également fin novembre, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, risque 10 mois d'emprisonnement avec sursis pour des soupçons de favoritisme dans un marché public quand il était maire. Verdict le 17 janvier.
Attentat mortel au couteau à Paris
Le 2 décembre, non loin de la Tour Eiffel, un touriste germano-philippin de 23 ans est mortellement agressé à coups de marteau et de couteau par un Franco-Iranien de 26 ans fiché pour radicalisation islamiste. Il blesse deux autres passants avant d'être interpellé.
Déjà condamné pour un projet d'attentat, l'assaillant, mis en examen et écroué pour cette attaque, dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde". Ses troubles psychiatriques passés relancent la question du suivi médical des ex-détenus radicalisés et nourrit les inquiétudes sur la sécurité, à huit mois des Jeux olympiques de Paris.
Immigration : une loi choc
Le 11 décembre, une motion de rejet du projet de loi immigration de Gérald Darmanin, à l'initiative des écologistes et adoptée avec les voix de la gauche, des LR et du RN, inflige une lourde défaite au gouvernement et un camouflet au ministre de l'Intérieur.
Le texte est finalement adopté au Parlement le 19 décembre, avec les voix de la droite et de l'extrême droite qui l'ont fortement durci en commission mixte paritaire. Ce vote, qui remet en cause le droit du sol, fracture la majorité présidentielle et indigne nombre d'élus, certains promettant même de ne pas l'appliquer.
Le RN se félicite d'une "victoire idéologique" en faveur de la "préférence nationale", LR d'une "victoire historique".
Opposé au texte, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, démissionne, aussitôt remplacé par Agnès Firmin Le Bodo qui devient la cinquième ministre à occuper ce poste en moins de deux ans.
Mediapart relève qu’elle est visée par une enquête sur des cadeaux illicites reçus dans le cadre de sa profession de pharmacienne.
Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur) est dissuadée de faire de même par l'exécutif, qui assure que le texte "sera amené à évoluer" et annonce la saisine immédiate du Conseil constitutionnel.
Au grand dam de LR, inquiet d'une révision de certaines mesures votées comme le conditionnement des prestations sociales, ou le durcissement de l'Aide médicale d'Etat (AME) et du regroupement familial.
Les députés de gauche saisissent le Conseil constitutionnel le 22.
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