Tendances

Les nouveaux visages de l’apprentissage

Un million d’apprentis dans l’Hexagone à l’horizon 2027 ! L’objectif affiché par le gouvernement devrait être atteint. Aujourd’hui près de 840 apprentis sont répertoriés, tous secteurs d’activités et diplômes confondus, et l’univers entrepreneurial apparaît s’être réellement approprié le dispositif. La prolongation de l’aide à l’embauche de 6 000 € y est pour beaucoup. Le Grand Est s’affiche comme la 7e région en termes d’effectifs d’apprentis.

© : ANFA
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«Les TPE et les PME se sont réellement appropriées l’apprentissage et l’alternance. C’est devenu un des leviers pour pouvoir recruter à court terme.» Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la formation professionnels en est quasi convaincue l’objectif affiché d’atteindre le million d’apprentis d’ici 2027 est plus que réalisable. «Aujourd’hui, au niveau national, nous avons près de 840 000 apprentis, tous secteurs d’activités et tous niveaux de diplômes confondus, c’est cinq fois plus qu’il y a cinq ans.» Dans la région, d’après les derniers chiffres de l’Oref (Observatoire régional de l’emploi et de la formation) paru début janvier, 57 503 apprentis sont répertoriés à la rentrée 2021 soit une augmentation de + 19,5 % entre 2020 et 2021 et de plus de 147,1 % entre 1993 à 2021. «À la rentrée 2021, 30 973 apprentis sont inscrits en première année d’apprentissage dans le Grand Est. 85,5 % des apprentis étaient déjà en formation l’année précédente. 57,6 % sont issus de la voie scolaire (lycées-collèges) et 27,9 % étaient déjà en apprentissage», peut-on lire dans le tableau de bord de l’apprentissage de l’Oref. Des chiffres jugés tout simplement historiques depuis les années 2000. Le prolongement annoncée, en janvier dernier de l’aide de 6 000 euros, accordée aux employeurs recrutant des alternants, y est, sans aucun doute, pour beaucoup. Depuis la réforme de l’apprentissage, initiée par la loi de septembre 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel, la filière de l’apprentissage et de l’alternance apparaît connaître un véritable engouement. Contrats d’apprentissage, d’alternance de professionnalisation, ces terminologies hier à connotation négative prennent tout simplement leur revanche et s’affichent, pour bon nombre d’entreprises, comme un des moyens pour lutter contre les difficultés de recrutement.

Disparités à prendre en compte

«Aujourd’hui, le choix est simple, investir sur un jeune en apprentissage au sein de l’entreprise et de le former aux compétences nécessaires dont nous avons besoin et surtout à la culture de l’entreprise est parfois préférable pour assurer sur le court et moyen terme ou encore anticiper les futurs départs en retraite», assure un responsable de ressources humaines au sein d’un groupe de BTP. «Aujourd’hui, recruter un alternant est considéré non plus comme une simple opportunité mais réellement comme un moyen pour faire face à un besoin immédiat de main- d’œuvre», continue une professionnelle de l’insertion. Si l’apprentissage et l’alternance affichent aujourd’hui une nouvelle image, derrière le quantitatif des chiffres se cachent plusieurs disparités à prendre en compte. «L’apprentissage progresse partout mais il est particulièrement dynamique dans les grandes entreprises et les hauts niveaux de diplômes», assure un professionnel du secteur. Les chiffres fournis par l’Oref le confirment. «À partir de 2008, les effectifs de niveau 3 (CAP) ont entamé une baisse et depuis 2011, après des années de croissance, le niveau 4 (baccalauréat professionnel) suit cette tendance. En 2016, les effectifs se stabilisent et amorcent une hausse conséquente depuis la rentrée 2020. Ce sont les formations du supérieur qui connaissent une croissance continue, notamment les niveaux 6-7-8 (maîtrise, master et doctorat).» L’apprentissage semble donc «profiter» aux jeunes (et moins jeunes) dans le cadre de l’obtention d’un diplôme d’études supérieures. «Avant tout le monde ou quasiment, pouvait entrer en apprentissage. Aujourd’hui la sélection est plus poussée et on remarque que l’apprentissage bénéficie notamment aux plus qualifiés», assure un membre d’une Geiq (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification). Un apprentissage à deux vitesses serait-il en train de se mettre en place ? Pas impossible...

Aide de 6 000 € prolongée

6 000 € pour l’embauche d’un apprenti ou d’un alternant ! Mise en place par un décret de fin décembre 2022, cette aide sera prolongée jusqu’à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est ce qu’a annoncé récemment le gouvernement. Elle concerne toutes les entreprises. À noter que l’aide couvre 100 % du salaire d’un apprenti de moins de 18 ans, 70 % du salaire d’un apprenti de 18 à 20 ans, 60 % du salaire d’un apprenti de 21 à 25 ans et près de 30 % du salaire d’un apprenti de 26 ans et plus.