Les métiers les plus accidentogènes
Chaque année, plus de 500 Français meurent d’un accident du travail. L’an passé, 651 000 accidents dans le cadre des activités professionnelles ont été recensés. Quels secteurs sont les plus touchés ? Quels sont les facteurs de risque les plus courants ? Des outils novateurs apparaissent et contribuent avec la formation à encourager une politique améliorant la santé des salariés.
En 2005, le nombre de décès liés au travail était de 474. En 2010, de 529 et en 2018 de 551. L’an passé, le nombre des accidents de travail a bondi de 3 % avec une statistique établie à 651 000 (contre 633 000 un an auparavant). D’après l’Insee qui publie régulièrement des études sur ce fléau de la vie d’entreprise, près d’un tiers des personnes en activité ou l’ayant été se souviennent avoir eu au moins un accident ayant entraîné une blessure. Sans surprise, les ouvriers sont les plus exposés, avec 40 % d’entre eux déclarant au moins un accident avec blessure au cours de leur carrière. Les cadres notent un tel événement à 16 %, les employés à 22 %, les professions intermédiaires à 25 %. Les secteurs d’activité ne sont pas tous égaux sur le sujet : le bâtiment et la construction apparaissent les plus risqués, suivis par les transports, l’agriculture-sylviculture-pêche et l’industrie.
Des causes traumatiques
Les accidents de travail et les accidents de trajet mortels sont des événements essentiellement masculins : 94 % pour les premiers, 78 % pour les seconds. Pour les salariés touchés, les conséquences sont réelles. Si 90 % des accidentés reprennent leur activité antérieure après leur convalescence, 5 % d’entre eux ont repris un emploi dans un secteur différent, et 4 % n’ont pas retravaillé depuis. Pour les travailleurs de plus de 55 ans, ce sont 15 % des victimes qui ne reprennent pas d’activité professionnelle. Pour ce qui concerne l’indemnisation et la mise au repos, des différences importantes subsistent. Si 75 % des cas entraînent au moins un jour d’arrêt de travail (dans 20 % des cas, il dépasse trois mois), la proportion est moindre chez les agriculteurs, les artisans, les commerçants et chefs d’entreprise (64 %). L’accident est reconnu et indemnisé dans trois cas sur quatre pour les ouvriers, mais seulement un cas sur deux pour les indépendants. 15 % des agriculteurs et 9 % des artisans n’ont reçu aucune indemnisation car ils n’étaient pas couverts. Les actions les plus à risque sont l’exposition aux fortes vibrations, le contact avec des produits chimiques, les températures extrêmes, la respiration de poussières, vapeurs, fumées ou gaz, la manipulation de charges lourdes, les chutes de hauteur et les accidents par machine. D’autres métiers sont particulièrement impactés : ceux du transport aérien, de l’enseignement des sports et des loisirs, du déménagement, de l’exploitation forestière. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques livrent régulièrement le panorama de ces accidents du travail qui suivent une courbe évolutive marquée par une relative stabilité depuis plusieurs années. Si la fréquence des accidents s’établit à 33,5 pour 1 000 salariés, tendance historiquement basse, les entreprises intensifient toutefois cette réduction des risques, ce par l’apport de nouveaux outils numériques.
Transition numérique, plus de sécurité
La formation demeure la meilleure arme pour prévenir les dangers. Surtout quand on sait que 53 % des accidents sont dus à des erreurs de manutention. Les salariés peuvent dès lors acquérir les gestes adéquats et déceler les situations à risques par des modules innovants, en phase avec ce qu’ils vivent dans le cadre de leur travail. On commence à voir, au sein des grands groupes, se développer des visites virtuelles permettant de visualiser l’environnement sans avoir à se déplacer sur place ou à reproduire une maquette physique. Ces avancées technologiques permettent d’être au plus près de la réalité. Le BTP est le secteur d’activité comptant le plus d’accidents au travail. La sécurité y est un enjeu permanent. Là aussi, on voit poindre des outils novateurs. Sur mobile et tablette sont centralisées des informations telles les habilitations du personnel, la progression du chantier, les visites prévues… Les données sont affichées en temps réel. Si un accident survient, il est immédiatement signalé aux équipes dans le but de prévenir l’arrivée des secours et de limiter d’autres accidents potentiels. La transition numérique dans le BTP, c’est plus de sécurité pour les travailleurs. Avec des applications directes. C’est, par exemple, les semelles connectées capables de détecter une chute et d’envoyer une alerte géolocalisée aux secours. L’utilisation des drones tend à se démocratiser dans les missions de surveillance et de prévention des risques. Accentuée par l’essor de la fibre optique, l’évolution technologique amène de nouvelles façons de se former. Cette mutation de grande ampleur répond à une même logique : la volonté des entreprises de protéger toujours plus efficacement leurs salariés.
Les métiers les plus accidentogènes
Dans le tableau des métiers provoquant le plus d’accidents de travail (ou mortels), celui de marin-pêcheur, avec une proportion de décès de 1 sur 500. Élagueur (1 sur 1 618) et Pilote d’avion (1 sur 1 785) suivent. D’autres métiers sont hyper exposés tels agriculteur, couvreur de toit, charpentier, ouvrier de la sidérurgie, ouvrier de maintenance, éboueur, chauffeur routier et ouvrier du bâtiment. En moyenne, en France, en compte 21,9 accidents du travail par million d’heures travaillées. Les hommes sont touchés avec 25,4 accidents/millions d’heures travaillées contre 17.