Les messages de Bruno Le Maire, invité à Nesle

Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Économie et des Finances, était l’invité du club des Acteurs économiques de l’Est de la Somme, le 23 janvier à Nesle.

L'ancien ministre de l'Économie et des Finances s'est longuement exprimé à Nesle.
L'ancien ministre de l'Économie et des Finances s'est longuement exprimé à Nesle.

Devant près de 250 chefs d’entreprise et cadres, Bruno Le Maire a répondu aux nombreuses questions élaborées par Julien Burlat, président du club organisateur de l'événement. «La soirée est consacrée à l’économie d’aujourd’hui, avec ses enjeux, compliqués en ce début d’année. Nous allons partager ensemble vos réflexions et vos visions pour le futur». L'ancien ministre, 56 ans, professeur agrégé de lettres, énarque, entré en politique en 2007, est devenu député de l’Eure pendant trois mandats, après que Jean-Louis Debré, dont il était le suppléant, fut nommé président du conseil constitutionnel. Bruno Le Maire fut également ministre de l’Agriculture de 2009 à 2012, «je suis viscéralement attaché à l’agriculture, mes beaux parents sont exploitants. Je les défendrai toujours».

«La fin au quoi qu'il en coûte»

Ministre de l’Économie de 2017 à 2024, il a toujours préféré défendre ses convictions plutôt qu’un parti : «J’ai toujours été passionné par l’économie. J’ai mal vécu la dissolution car cela a abouti à un éclatement, une dispersion complète de la vie politique. Il n’y a plus de clarté, d’autorité. Il faut préparer un projet de refondation politique. Le déficit public est un record, La crise du covid est la plus grave, depuis 1929, puisqu’elle a engendré 115% de dettes. En 2014, la dette représentait 32 K€ par français, en 2024, ce sont 48 K€. En 2022, j’ai voulu retirer certains dispositifs, j’ai reçu des oppositions très fortes, la dette a donc continué à augmenter. Le problème en France est que toute dépense exceptionnelle devient un acquis social. Il faut savoir mettre fin au quoi qu’il en coûte». Concernant la situation financière, il prend sa part. Dès qu’il n’a plus été ministre, il a démissionné de la haute fonction publique, trouvant scandaleux que d’autres se gardent un poste au chaud.

Bruno Le Maire estime que trois secteurs économiques sont gravement atteints : «Le bâtiment en fait partie ; je préconise l’allègement des charges, des normes toujours plus contraignantes et le coût du crédit pour les futurs acheteurs. Le monde agricole a trop de boulets aux pieds, de normes, alors que les pays importateurs n’ont pas ces règles très strictes qui nous sont imposées. Le secteur automobile est confronté au basculement du thermique vers l’électrique décidé trop rapidement. »

«J'ai coupé avec la vie politique»

Il pense par ailleurs que la Chine a 10 à 15 ans d’avance sur la France : «Il faut mettre des tarifs douaniers élevés afin de ralentir les ventes chinoises. Des mesures protectionnistes sont indispensables. Il faut que la France retrouve sa place de leader dans la création d’entreprises, d’emplois, d’exportation, ce qui n’est plus le cas depuis la dissolution. Nous nous sommes appauvris, on doit retrouver la prospérité et cela se fait par le travail et l’innovation».

Bruno Lemaire a conclu ses 90 minutes de conférence en faisant passer des messages : «Avec la sécurité, l’éducation est primordiale. L’éducation, ce n’est pas 80% de bacheliers». Il défend l’idée de 80 % d’une classe d’âge avec un emploi, plutôt qu’en études supérieures : «Il faut opérer cette révolution mentale. La formation professionnelle est indispensable. Il faut revaloriser le métier d’enseignant, délocaliser les décisions concernant l’éducation, la gestion des collèges des lycées au plus près des concitoyens. Il faut également délocaliser la gestion financière des collectivités».

L'ancien ministre veut d'autre part faire confiance aux acteurs locaux : «Quand je n’ai plus été ministre, cela m’a fait beaucoup de bien de retrouver la vie de tout un chacun à commencer par ma famille. J’ai coupé avec la vie politique. Je suis professeur de français à l’école polytechnique de Lausanne et conseiller stratégique dans une entreprise néerlandaise, seule entreprise au monde à produire les puces pour l’IA, les PC...»