Monique Rubin, présidente de la Fédération nationale des marchés de France : «Les marchés dynamisent les cœurs de ville»

À l’heure où les pouvoirs publics multiplient les initiatives pour dynamiser les cœurs de ville, les marchés de France tiennent une place prépondérante. Pour Monique Rubin, la présidente de cette fédération nationale des professionnels qui interviennent sur le domaine public, «si l’on veut faire vivre nos cœurs de ville, c'est l'ensemble du commerce et des indépendants qui doivent s’unir pour contribuer à séduire les consommateurs.»

«Aujourd'hui, le plus important est de travailler avec les commerçants sédentaires parce que nous sommes là pour la pérennisation du commerce en cœur de ville», assure Monique Rubin.
«Aujourd'hui, le plus important est de travailler avec les commerçants sédentaires parce que nous sommes là pour la pérennisation du commerce en cœur de ville», assure Monique Rubin.

Pouvez-vous nous parler de votre fédération nationale ?

Monique Rubin : Notre fédération nationale est une très vieille dame puisque nous allons fêter ses 100 ans cette année, à Épinal, où elle a pris naissance, à la suite d’un mouvement de revendication mené par des femmes pressurisées par des situations complètement anormales. Ce mouvement de révolte a surpris les élus et les politiques d'alors, qui n’auraient jamais pensé que des commerçants de marché pouvaient se structurer. Or, il a fait tache de partout, dans toute la France. Maintenant, la fédération nationale a son siège 14 rue de Bretagne, à Paris. Nous regroupons 100 structures syndicales et 12 000 adhérents, répartis dans tout l'Hexagone. Tous sont des personnes qui exercent une activité de distribution sur le domaine public. Ce sont donc des commerçants, des producteurs, des agriculteurs, des artisans, etc. À partir du moment où on est sur le domaine public, on peut adhérer. C'est une adhésion libre, même si on aimerait qu’elle soit obligatoire.

Vous assurez donc un lien entre les commerçants et les municipalités ?

La spécificité de notre profession est que nous exerçons sur le domaine public, que nous sommes une profession réglementée qui obéit à des règles strictes. Les professionnels respectent le règlement type des Marchés de France. Notre fédération a travaillé dernièrement, afin de le mettre en conformité avec les textes de lois récents, en collaboration étroite avec les fédérations de la CGAD (Confédération générale de l’alimentation en détail). Avec ce règlement de marché, nous défendons, bien sûr, les intérêts de nos adhérents, mais pas seulement. Du fait que nous sommes sur le domaine public, il est important d'avoir les meilleures relations avec les collectivités locales. Il faut qu'on ait un partenariat avec nos maires, qu'on échange avec nos élus. Aujourd'hui, le plus important pour nous est surtout de travailler main dans la main avec les commerçants sédentaires parce que nous sommes là pour la pérennisation du commerce en cœur de ville. Et les marchés sont vraiment la dynamique des cœurs de ville.

Le marché a indéniablement un poids économique pour sa commune. Comment aidez-vous les élus qui veulent être attractifs avec leur marché, voire concurrencer ceux des villes voisines ?

On sera toujours aux côtés de nos élus qui feront appel à nous, à la Fédération des marchés de France ou à ses syndicats locaux, pour essayer de trouver la meilleure solution possible pour dynamiser leur marché. Comme je le dis, un marché fonctionne bien quand on a un élu qui a la volonté d'avoir un bon marché, quand on a un placier qui a la volonté de bien s'occuper de son marché et quand on a un très bon règlement de marché. Avec ces trois facteurs réunis, les commerçants non sédentaires qui seront présents resteront là, seront fidèles et offriront aux clients leurs meilleurs produits, la meilleure allure de marché, qui fonctionnera de mieux en mieux.

Et comment aidez-vous les commerçants qui veulent justement s’installer sur les marchés ?

Ça, ce sont les petites ficelles internes. On n'a pas, nous, en tant qu'organisation professionnelle, le pouvoir de dire «c'est mon adhérent, je veux qu'il ait la meilleure place.» Ce n'est pas possible. On est sur le domaine public, on respecte les principes de notre Constitution, donc l’égalité. Je n'ai pas à privilégier quelqu'un au détriment d'un autre. Si le commerçant est adhérent au Marché de France, s’il présente une belle qualité de produit, il aura un petit coup de pouce de notre part, on pourra le conseiller au maire qui essayera de le faire venir et lui obtenir un emplacement. Ce sont des discussions que nous avons avec nos élus, et nous les invitons d’ailleurs à constituer des commissions de marché, en interne avec les organisations professionnelles. Une récente étude menée dans de nombreuses villes, a montré que 35 % de consommateurs en plus viennent le jour du marché et découvrent le commerce de centre-ville. Il ne faut pas que les commerçants sédentaires refusent de voir le marché devant chez eux. Tout cela se négocie, se discute. Le dialogue et la concertation sont vraiment l’essentiel.

Propos recueillis par Boris Stoykov (Les Affiches Parisiennes pour Réso Hebdo Éco - www.reso-hebdo-eco.com).