Les maires du Nord veulent se faire entendre face à l'État
Jeudi 26 septembre se déroulait le 68e Congrès des maires du Nord, au Gayant Expo de Douai. L’occasion pour les élus de marquer leurs différences face à un État centralisé qui laisse selon eux peu de place aux élus locaux.
Les accolades et les sourires sont bien présents dès la matinée du 26 septembre au Gayant Expo de Douai, où se tient le 68e Congrès des maires du Nord, portée par l’Association des maires du Nord (AMN) et des présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).
Après les retrouvailles, l’heure était aux discours, avec en introduction Bernard Gérard, maire de Marcq-en-Barœul et président de l’Association des Maires du Nord depuis le 6 octobre 2023 et la démission de Joffrey Zbierski. Le président a rappelé qu’il n’y avait «pas de plus bel engagement que celui d’élu local», même si cet engagement pouvait se montrer «exigeant». «Nous sommes à portée de baffes et de bises», sourit l’édile. Des mots partagés par l’auditoire, dont Fréderic Chéreau, le maire de Douai et local de l’étape, qui assure que «les communes sont un repère pour les Français». Florence Bariseau, vice-présidente en charge de la ruralité, la proximité, les solidarités et de la politique de l’eau de la Région Hauts-de-France a même ajouté que les maires étaient «les repères et les remparts du quotidien». «Toutes les collectivités locales souffrent, a-t-elle indiqué, et la région aussi, mais nous avons décidé de vous accompagner».
Un accompagnement qui fait partie des missions du président de l’Association des Maires du Nord, qui s’est félicitée de voir les demandes et les intérêts des élus locaux remonter aux portes de l’État, en l’occurrence devant le préfet Bertrand Gaume, qui reçoit une fois par mois une dizaine de maires du département.
Des fractures entre l'État et les élus locaux
Ce lien avec le représentant direct de l’État sur le terrain, le préfet, est d’une grande importance pour les maires et les représentants du département. Car la fracture entre un État très centralisé et le terrain local est bien présente, notamment sur la question des finances et du déficit. Les déclarations de Bruno Le Maire au moment de son départ du ministère de l’Économie et des Finances, accusant les collectivités locales d’être responsables du creusement du déficit public ne sont toujours pas passées. Bernard Gérard s’est dit «déconcerté par un État qui nous dit dispendieux alors que c’est lui qui est responsable de la dette à 80%», saluant au passage la résilience des élus locaux face «aux passages de crises en crises».
Le maire de Douai, de son côté, a expliqué que les «communes ont redonné 71 milliards d’euros à l’État. Nous ne sommes pas responsables du déficit, on a même aidé à le réduire», tout en souhaitant que ce dernier ne se désengage pas. Christian Poiret, le président du département du Nord, a considéré qu’il n’était «pas acceptable d’entendre des ministres des Finances dire que le déficit a comme cause les communes, le département et la région. Il faut connaître la vraie vie et ce qu’il se passe dans les communes», a-t-il ajouté. «L’État décide, les technocrates décident, les parlementaires votent et les départements paient. Ce n'est pas normal», clame le président, sous les applaudissements de la salle.
Au delà des différences et des conflits, les représentants des élus locaux n'ont cessé de demander aux parlementaires présents de faire entendre encore plus les demandes et les besoins des communes au nouveau Gouvernement. Le préfet s'est même engagé à faire remonter certains points à qui de droit dans la capitale. De quoi espérer un apaisement.
L'intelligence artificielle au secours des mairies ?
Lors de son passage à la tribune, Florence Bariseau, vice-présidente en charge de la ruralité, la proximité, les solidarités et de la politique de l’eau de la Région, a assuré comprendre les difficultés qui incombent aux élus locaux. Elle s'est notamment concentrée sur les complications administratives, qui surchargent les maires des plus petites communes et accentuent encore un peu plus les problèmes du quotidien. Pour pallier cela, la vice-présidente envisage de créer outil avec l’intelligence artificielle pour venir en aide aux maires au niveau administratif. Nommé Mon projet ma commune, il n'est encore qu'une ébauche, mais Florence Bariseau souhaite le présenter au niveau européen afin d'obtenir du soutien pour le développer.