Les jeunes générations face aux challenges des entreprises familiales

Comment prendre le train des entreprises familiales en marche ? C'est l'objet du séminaire intitulé «Les 24 heures des nouvelles générations» et d'une réflexion plus globale menée par Deloitte, l'EDHEC Business School, le FBN (Family Business Network), l'IFA (l'Institut français des administrateurs) et Intuitae.

Ces jeunes générations doivent s’insérer dans ces structures particulières que sont des entreprises familiales. Contribuer, poursuivre et s’approprier leur développement, tout en assurant la pérennité de la société, ce sont quelques-uns des challenges et des préoccupations de ces nouveaux venus. Pour cerner tous les aspects et analyser les enjeux de cette question, Deloitte et ses partenaires ont dégagé, au cours du séminaire et au fil des réflexions, quatre pistes.

 Du bon usage du temps et du monde. «L’entreprise familiale, de par sa capacité à s’inscrire dans le temps et à être transgénérationnelle, a tous les atouts pour passer du statut de PME à celui d’ETI»,  affirme Christophe Saubiez, associé responsable des entreprises familiales chez Deloitte. Ces fameuses ETI dont la France manque puisqu’elles ne sont qu’environ 5 000 et près du double en Allemagne (voir La Gazette n°8644 www.gazettenpdc.fr/eti-pessimistes-dans-lhexagone-et-optimistes-a-linternational). Pour parvenir à être une ETI, il faut à chaque «passage de relais» entre les générations s’interroger : comment continuer à faire ce que l’on sait faire ou quel futur modèle de croissance adopter.

Pour permettre cette croissance, la conquête de nouveaux marchés étrangers est une possibilité souvent défendue par les plus jeunes, mais beaucoup d’entreprises familiales hésitent. Un investissement lourd ou des divergences de vues entre les générations peuvent venir contrecarrer ce développement. Pourtant, la prise de risques sur ces marchés, encouragée par des jeunes générations moins réticentes aux risques que leurs aînés, peut s’avérer payante pour l’entreprise. De plus, «notre statut d’entreprise familiale et notre indépendance nous donnent beaucoup de liberté pour prendre ces risques, ce sont de vrais atouts», selon Marc-Antoine Brochard, de Sodebo.

 Gérer l’individu et les valeurs. Trouver l’équilibre entre son projet individuel et le projet collectif de l’entreprise familiale, tel est l’un des défis majeurs qui se posent à la nouvelle génération. Le rôle d’un individu auprès de la société familiale peut être très varié : leader, administrateur ou encore aide à la cohésion familiale. Ainsi, d’après Emilie Bonamy, d’ELB conseil, «les rôles peuvent évoluer tout au long de la vie. C’est cela qui apporte de la valeur à l’entreprise». Mais la nouvelle génération peut aussi opter pour une voie légèrement différente, «en étant un actionnaire responsable, un administrateur, un facilitateur d’entente familiale, le responsable d’une fondation, ou encore créer sa propre entreprise», comme Emilie Bonamy le précise.

La valeur de l’entreprise vient aussi des valeurs qu’elle véhicule. Ainsi, celles de la famille et celles de l’entreprise influencent le comportement des hommes et le développement de l’entreprise. Il s’agit respectivement des fondements de l’affectio familiae et de l’affectio societatis qui contribuent à la pérennité des entreprises familiales. Les nouvelles générations doivent cerner et identifier ces valeurs, saisir leur importance et savoir se les approprier, tout en les faisant évoluer.

La réflexion de Deloitte et ses partenaires donne ainsi de nombreuses clés pour comprendre les difficultés des jeunes générations à rejoindre ces entreprises familiales. Des sociétés dont la stabilité et la vision à long terme sont pourtant des atouts qu’il faut préserver pour notre tissu économique national actuel… et futur !