Les jeunes des Hauts-de-France plus vulnérables qu'ailleurs
Une nouvelle étude de l'Insee montre que la région fait partie des plus jeunes de France. Mais cette catégorie de la population semble plus vulnérable qu'ailleurs avec un taux d'insertion professionnelle plus faible et des situations de précarité plus fréquentes.
À quelques semaines de voir Amiens devenir capitale européenne de la jeunesse – une première pour une ville française – l’Insee, en partenariat avec la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) a rendu publique une nouvelle étude ciblée sur les 15-29 ans. Les chiffres montrent que la région est la plus jeune des régions de province, avec 1 133 000 personnes dans cette tranche d’âge, soit environ 19% de la population. « La moitié des jeunes de la région résident dans le Nord. Les autres sont surtout concentrés autour de Lille et Amiens », précise Nadia Belhakem, chargée d’études à l’Insee Hauts-de-France. Malgré une fécondité et un solde migratoire défavorables, les Hauts-de-France devraient toujours figurer parmi les plus jeunes régions de l’Hexagone à horizon 2050, d’après les prévisions de l’institut.
Un taux d’emploi plus faible
Cette catégorie d’âge est l’une des plus représentées mais aussi l’une des plus vulnérables au niveau régional, toujours d’après l’Insee. Les jeunes des Hauts-de-France rencontrent notamment d’importantes difficultés scolaires. Ceux titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur y sont sous-représentés : 29% contre 35% en France métropolitaine. « L’Aisne et le Pas-de-Calais sont particulièrement touchés. Ces territoires cumulent les difficultés avec un milieu familial défavorable, des logements surroccupés et marché du travail dégradé », développe Nadia Belhakem. Une données qui explique en partie le fait que l’insertion professionnelle des 15-29 ans soit plus difficile dans la région qu’ailleurs : 40% d’entre eux sont en emploi, soit 4 points de moins que la moyenne nationale. « Les jeunes habitant dans les zones d’emploi de Lille et Flandre-Lys, plus diplômés, occupent plus souvent un emploi », ajoute-t-elle. D’autres facteurs, comme le lieu de résidence et le sexe, ont une influence sur l’accès au marché du travail. Ainsi, dans l’Oise, l’insertion des jeunes semble facilitée par la proximité géographique avec le marché du travail francilien. À l’inverse, ils sont plus fréquemment au chômage dans l’Aisne et le Pas-de-Calais. Au nord du littoral, ils sont moins mobiles et plus souvent confrontés au déclassement. Autre donnée préoccupante : un jeune sur quatre dans la région n’est ni en emploi, ni scolarisé.
Une plus grand précarité
Les jeunes des Hauts-de-France sont également plus souvent en situation de pauvreté que sur le reste du territoire. Trois jeunes ménages sur dix y sont confrontés et sans les aides sociales, ils seraient quatre sur dix. « Cela s’explique par une situation économique dégradée et une moindre qualification », indique Yohan Baillieul, chef de projet à l’Insee Hauts-de-France. Une situation plus marquée dans les pôles de petite et moyenne tailles ainsi que dans les villes-centres et au contraire plus favorable dans les couronnes des grands pôles urbains. Par ailleurs, 57% des 15-29 ans de la région vivent chez leurs parents, soit 4 points de plus que dans les autres régions de province. « La présence de plusieurs pôles d’enseignement supérieur, d’accès relativement aisé, rend moins nécessaire le besoin de déménager. Ensuite, les étudiants d’origine sociale défavorisée, plus nombreux qu’ailleurs, sont moins en capacité de quitter le domicile familial », conclut le chef de projet.
Trois territoires plus impactés
Toutes ces données de l’Insee ont permis de révéler que les jeunes sont plus particulièrement vulnérables dans l’Avesnois et la Thiérache, l’ex bassin minier et le nord du littoral. Dans ces territoires ruraux, les jeunes cumulent les situation de fragilité avec notamment un échec scolaire plus fréquent et un marché de l’emploi plus dégradé qu’ailleurs. Autour de Guise, dans le nord de l’Aisne, plus d’un jeune sur cinq est au chômage. Les jeunes se trouvant dans l’ex bassin minier peinent également à s’insérer dans le marché du travail : le taux d’emploi dans la communauté d’agglomération de Valenciennes est inférieur de 8 points par rapport à la moyenne nationale. « Ces trois territoires représentent un enjeu fort. Ils font d’ailleurs l’objet de politiques publiques particulières et accélérées », a précisé Éric Dudoit, directeur adjoint de la DRJSCS, lors de la présentation de l’étude.