Les Jeudis de l’U2P à Saint-Omer : entre forces et inquiétudes
Jean-Michel Rouyer, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) Hauts-de-France a rencontré les commerçant du centre-ville de Saint-Omer le 10 octobre. L’occasion de prendre le pouls du territoire.
C’est un exercice auquel se prête l’U2P (Union des entreprises de proximité) Hauts-de-France, tous les quinze jours. Une délégation va à la rencontre des dirigeants d’une commune, l’occasion d’échanger sur les préoccupations locales. Ce 10 octobre, c’était au tour du centre-ville de Saint-Omer. Un choix qui ne doit rien au hasard. Si la mission de l’organisation professionnelle «est de représenter tous les entrepreneurs auprès de tout type d’institution» indique le président, l'un de ses principaux chevaux de bataille «est la valorisation des centres-bourgs notamment pour lutter contre la désertification des zones rurales».
Trésorerie, charges, inondations...
L’U2P, qui représente les deux tiers des entreprises de la région, était accompagnée des représentants locaux de France Travail et de la Banque Populaire. «C’est une première pour nous», évoque Alexis Kuberski, manager de l’équipe «Entreprises» chez France Travail à Longuenesse. «C’est une belle occasion d’échanger avec les artisans sur leurs problématiques de recrutement ou de formation. De plus, certains ne travaillent pas avec nous, donc c’est ici la construction d’un travail collaboratif»
Au cours de la déambulation, les discussions du jour portent sur la santé des entreprises. Du côté de la Banque populaire, on constate que «les artisans prennent de moins en moins de salariés. Déjà, ils peinent à en trouver, mais avec les augmentations des matériaux, des matières premières, de l’énergie, de l’inflation… Ces accumulations d’événements donnent des trésoreries très tendues. Si on ajoute les inondations de ces derniers mois, les baisses de chiffres d’affaires sont nombreuses, allant de 20 à 60%».
Recrutement : «Personne ne se présente»
Rue
de Dunkerque, l’équipe pénètre au sein de la Boucherie Pérard. Le patron
sourit, écoute l’U2P et répond simplement : «Mon problème, c’est
le recrutement. J’ai des postes, notamment pour des apprentis. Le problème n’est pas
de trouver, mais déjà que nos annonces aient des réponses… Personne ne se
présente !». France Travail écoute, prend des notes, interroge.
Le président de l’U2P parle du livret d’intégration des apprentis, regrette
tout en acceptant les changements d’aspiration des candidats et leurs attentes
face à leur future carrière. On sent l’amour du métier chez l’artisan boucher,
mais il est inquiet, d’autant que la retraite approche et qu’une autre
difficulté se profile : la transmission. «Ce dialogue nourrit les
actions des élus de l’U2P auprès des parlementaires de la région Hauts-de-France»,
conclut Jean-Michel Rouyer.
L’U2P vent debout face à la Loi de Finances 2025
Dans un courrier national, l’U2P s’élève contre le fait que le gouvernement envisage de raboter les aides liées à l’apprentissage. Localement, Jean-Michel Rouyer se montre inquiet : «C’est une réduction des financements des centres de formation des apprentis ainsi que des aides aux entrepreneurs. Si cela passe, certains métiers seront si affectés qu’ils disparaîtront. Nous formons deux tiers des apprentis avec une grosse partie en CAP et BEP». Pour l’U2P, le gouvernement semble oublier l’investissement en temps consenti par les des entreprises concernant les formations sur le terrain et le nombre de transmissions de sociétés que cela génère. L’organisation professionnelle espère que ces économies concerneront plutôt les BTS… provoquant d’autres conséquences.