Ecoscope
Les hôteliers doivent innover pour exister...
En 2025, l’industrie hôtelière se trouvera à un carrefour, confrontée à de réels enjeux pour pérenniser son modèle économique. Recrutements complexes, concurrence débridée, évolutions sociétales, hausse des taxes et empilement des normes. Les pistes pour sortir de ce labyrinthe existent bel et bien.
L’Union des Métiers des Industries de l’Hôtellerie (Umih) est la 3e organisation professionnelle en termes d’adhérents après le bâtiment et la métallurgie. En Moselle, le bureau départemental est présidé depuis 2021 par Christophe Thiriet. À l’heure où l’année 2024, chaotique sur bien des plans, tire ses derniers feux, et qu’au regard des observateurs économiques, le cru 2025 sera tout sauf un long fleuve tranquille, Christophe Thiriet ne veut pas tomber dans la morosité ambiante : «C’est sûr que nos professionnels subissent des problèmes de recrutement, des charges en hausse, des obligations normatives qui s’empilent. Nous devons être solidaires et montrer nos forces ensemble. Nos métiers évoluent dans le bon sens et savent innover.» Ces derniers mois, l’Umih 57 a gonflé son nombre d’adhérents à 463 établissements, cafés, hôtels, restaurants, traiteurs et établissements de nuit. Sur un territoire, cela compte en termes de représentativité. Christophe Thiriet souligne «un effet ciseau» : «Il existe trop d’entraves conjoncturelles et réglementaires pour nos établissements. Cela les oblige souvent à restreindre leurs horaires d’ouverture, voire à fermer plusieurs jours. Cela se percute avec cette tendance sociétale «du travailler moins» mais à demander en même temps des ouvertures plus larges. N’oublions pas : 75 % de notre clientèle est d’affaires.» Quant à la pénurie de personnels, Christophe Thiriet la déplore : «Nos métiers sont des vocations. Dans une société de loisirs, il est grand temps de revaloriser la valeur travail. Celui de nos apprentis particulièrement. Il nous faut recruter et fidéliser. Nous améliorons les conditions de travail, nous nous modernisons pour être plus attractifs.» Il note localement «les bonnes coopérations avec les collectivités locales, France Travail, la préfecture», «l’effet positif du label Qualité MOSL.» Pour lui, les métiers de l’hôtellerie et de la restauration ont cet atout majeur de faire partie de notre culture hexagonale. Éléments positifs : «Le renouvellement de génération et la transmission de nos savoir-faire.» Christophe Thiriet l’affirme : «Ne lâchons rien !»
La loi en faveur des hôteliers professionnels
Le 7 novembre dernier, les hôteliers ont accueilli avec soulagement cette nouvelle émanant de l’Assemblée nationale et du Sénat : la loi visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme a été adoptée. Nommée loi anti-Airbnb, elle donne de nouveaux pouvoirs aux maires pour réguler l’impact sur leurs communes : limitation de la durée de location, zonage de secteurs interdits ou interdiction de location courte durée sur de nouveaux programmes immobiliers. Elle limite aussi les avantages fiscaux pour les loueurs. Gérant de l’Hôtel de l’Europe (***) à Toul depuis 1999, Hervé Simonin dit sa satisfaction : «Enfin ! C’est clairement une concurrence déloyale qui s’est installée face à l’hôtellerie professionnelle.» Ainsi, l’Umih reproche à Airbnb «de ne pas respecter les réglementations en vigueur, de créer une rupture d’égalité concernant la collecte de la taxe de séjour, au détriment des collectivités locales, ne pas être soumis à des contrôles de sécurité.» L’hôtelier toulois observe : «Quand j’ai ouvert mon hôtel, on comptait dans mon centre-ville ces meublés sur les doigts d’une main. Ils sont aujourd’hui 30. Et plus de 150 dans un rayon de 10 km. J’ai fait une croix sur ma clientèle de mariage. Si on y ajoute les 35 heures, j’ai perdu une quinzaine de chambres par week-end. Et encore, mon établissement se porte bien.» Il garde cette conviction : «Je dis toujours, ce métier tu l’aimes ou tu le fais mal. Sans doute, nous faut-il penser autrement, inventer d’autres modèles. Je suis personnellement pour une paie à la semaine. Surtout, qu’on ne décide pas tout et n’importe quoi en lieu et place des gens de terrain : nous. Je suis quelqu’un d’optimiste : les centres-villes ont besoin d’une offre de restauration et d’hôtellerie hautement qualitative. C’est une clé d’attractivité. Battons-nous collectivement pour ne pas faire de nos villes des villes dortoirs.»
«Les centres-villes ont besoin d’une offre de restauration et hôtelière hautement qualitative», observe Hervé Simonin. © Laurent Siatka
En 2025, la tendance des salaires dans le secteur de l’encadrement hôtelier et de la restauration montre une prévision de croissance modérée, même si la pénurie de main-d’œuvre pousse vers des rémunérations souvent attractives. L’industrie hôtelière se trouve à un carrefour crucial, confrontée à une série de défis et d’opportunités. Le paysage global de l’hospitalité est en pleine transformation, marqué par des changements rapides dans les préférences des consommateurs, les avancées technologiques, et les préoccupations environnementales. Ces facteurs combinés imposent aux acteurs de l’hôtellerie de revoir leurs stratégies et de repenser leur modèle économique pour rester compétitifs. Personnification de l’expérience client, durabilité, reconfiguration des espaces, sourcing et gestion des talents : les recettes pour pérenniser les établissements.
«Dans un paysage de l’hospitalité en mutation, ses acteurs doivent revoir leurs stratégies pour demeurer compétitifs.»