Les Hauts-de-France bientôt leader dans la green logistique

Afin de réduire l'impact écologique - conséquent - de la logistique et de la supply chain, les acteurs du territoire s'engagent et investissent dans la green logistique, un concept qui représente également un levier économique et un levier de performance pour la région. Leur ambition est de se positionner au niveau européen.

© elenabsl
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Drive, click and collect, livraisons express, à domicile ou en point relais... Les modes de consommation des Français, de plus en plus exigeants et de plus en plus séduits par le e-commerce, ne cessent d'évoluer. Depuis le début de la crise sanitaire il y a un an, le phénomène a d'ailleurs explosé, et avec lui les besoins en logistique et en transports, «responsables à eux seuls de 35% des émissions de gaz à effet de serre», indique Philippe Hourdain. C'est pour limiter l'empreinte carbone de ce secteur en plein développement, qui emploie 144 000 personnes dans la région (soit environ 11% de l'emploi salarié privé), que le président de la CCI Hauts-de-France souhaite poursuivre les actions menées en ce sens par son prédécesseur dans le cadre de rev3.

Améliorer les pratiques

Plus propre, plus écologique, plus durable, plus performant et plus éthique, telles sont les ambitions de la green logistique. «Il s'agit de faire évoluer le secteur à tous les niveaux dans une optique d'optimiser la consommation d'énergie», résume Philippe Hourdain. «C'est le cap numéro un fixé par rev3. Dans la région, nous sommes bons en distribution, en e-commerce et donc bons en logistique, mais sur la partie environnementale, il nous reste des progrès à faire. D'autres pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, avec lesquels nous collaborons, sont meilleurs que nous», ajoute Laurent Desprez, directeur d'Euralogistic.

«Avec Euralogistic nous étions dans une démarche d'amélioration. Avec ce nouveau pôle, nous allons devenir des avant-gardistes»

Le pôle d'excellence stratégiquement basé à Dourges, au sud de Lille, œuvre au quotidien pour améliorer les pratiques des entreprises et des collectivités et les faire monter en compétences dans le domaine de la logistique et de la supply chain. 

«Notre rôle, c'est de les faire avancer dans leurs pratiques. Parfois il faut revoir la partie organisation des stocks, la partie digitalisation, proposer de développer un nouvel entrepôt ou d'optimiser les transports. Pour y parvenir, on s'appuie sur la formation, l'ingénierie et un solide réseau de partenaires. Nos actions sont très diverses et complètes. On réalise des audits, on fournit des préconisations, on organise des journées de recrutement, des rencontres entre les différents acteurs de la chaîne. On a aussi mis en place des petites formations express d'une semaine, les 'Supply Chain Booster', qui fonctionnent très bien», précise le technicien.

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Le pôle d'excellence basé à Dourges œuvre au quotidien pour améliorer les pratiques des entreprises et des collectivités et les faire monter en compétences dans le domaine de la logistique et de la supply chain. © Act'Studio

«La green logistique, c'est aussi la co-modalité, une meilleure automatisation ou une meilleure efficacité énergétique des bâtiments... La logistique ne se résume pas au packaging et au transport de marchandises. L'objectif est aussi d'apporter un côté éthique en privilégiant les circuits courts», énumère encore le président de la CCI Hauts-de-France, qui souhaite porter la région au rang des leaders européens en matière de logistique verte. 

«Nous avons de nombreux atouts pour y arriver : une situation géographique idéale, des acteurs très dynamiques, comme Caille en Picardie ou le groupe Log's dans le Nord, et une immense surface de stockage. Bientôt nous pourrons aussi compter sur le canal Seine-Nord», souligne Laurent Desprez.

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«La green logistique, c'est aussi la co-modalité, une meilleure automatisation ou une meilleure efficacité énergétique des bâtiments», souligne Philippe Hourdain.

Et devenir leader

Mais bientôt, c'est surtout sur la Cité internationale de la logistique et de la supply chain, basée à Dourges également, que la région pourra compter afin de peser encore davantage. «Avec Euralogistic nous étions dans une démarche d'amélioration. Avec ce nouveau pôle, nous allons - je le souhaite - devenir des avant-gardistes», indique Philippe Hourdain.

Ce «lieu totem», comme le qualifie le président de la CCI Hauts-de-France, s'appuiera sur une école d'application (Supply Tech), un centre technique, d'ingénierie et de recherche (Logistics Factory) et un incubateur logistique (Néo-Hub) pour former les acteurs du territoire à la logistique de demain afin de les rendre plus performants et attirer ceux de l'extérieur. «C'est un facteur de différenciation dont les fondements sont déjà bien ancrés grâce à notre savoir-faire et à la culture rev3. Et c'est grâce à ces atouts que nous pouvons faire venir des start-up et des investisseurs chez nous. On commence d'ailleurs à avoir des demandes plus précises, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment...»

Porté par le réseau consulaire, la Région, l'État et l'Europe, ce projet colossal, qui représente un investissement de 40 millions d'euros, devrait aboutir à horizon 2022-2023. «La Cité internationale de la logistique et de la supply chain va nous apporter des moyens supplémentaires pour professionnaliser notre offre. C'est un nouveau cap», se réjouit Laurent Desprez.

Euralogistic en chiffres

  • 2003 : année de sa création par le réseau des CCI
  • 4 bâtiments
  • 12 000 m² de surface au total, dont 5 000 m² pour l'entrepôt-école
  • 20 000 personnes formées sur place en 8 ans
  • 2013 : Trophée national de la logistique