Les frères Bailleul poursuivent la route du bio
Troisvaux bientôt dans l'histoire de l’agriculture bio française ? Peut-être grâce à la première récolte de betteraves que surveillent les frères Bailleul et leur épouse dans les 4,5 hectares de cultures qu’ils ont mis en chantier au printemps dernier. Dans un contexte de croissance agricole «verte», visite champêtre d’une exploitation précurseuse.
Les Hauts-de-France rattrapent peu à peu leur retard sur la croissance verte en France. Les derniers chiffres indiquent des paliers conséquents : plus de 1 000 fermes bio (en hausse de 15% par rapport à 2017), 155 nouvelles installations-reconversions, 868 entreprises «en transformation», 167 magasins et 148 grossistes sont dénombrés. Si le secteur a besoin de près de 7 hectares pour créer un emploi direct, le taux de celui-ci dans l’emploi agricole régional atteint désormais 6,2%. Dans le Pas-de-Calais, parmi les 201 fermes bio du département, il en est une qui n’est pas novice en matière d’agriculture bio. «Mes parents ont commencé le bio il y a plus de 20 ans. C’est parfois des rotations de 9 ans et pas mal d’alternance dans les cultures», raconte l’un des deux frères qui dirigent le GAEC familial. Outre une production de 300 000 litres de lait, les exploitants cultivent 3,5 hectares de betterave sucrière bio. Coopérant de longue date avec Tereos, le GAEC livrera ses betteraves de manière contractuelle et rachètera de la pulpe pour ses vaches. «On devrait récupérer du sucre également pour nos yaourts bio», précise Sylvain Bailleul. À noter que le prix du sucre bio est quatre fois supérieur au prix du marché actuel.
«Plus la betterave est en terre, plus elle donne du sucre»
Dans la prairie, 60 hectares sont dédiés à la fauche. Des parcelles de céréales pour l’alimentation (pommes de terre et pois) sont par ailleurs cultivées. Pour Tereos, ce projet de betteraves bio recouvre quelques contrats passés avec, selon l’entreprise, une trentaine d’agriculteurs des Hauts-de-France. Ce sont 200 hectares qui sont concernés par cette première récolte qui sera travaillée sur le petit site industriel d’Attin, tout proche et habitué à «tester» les nouvelles productions. «La betterave sucrière est plus facile à récolter. On la sème un peu plus tard que la fourragère. Il faut la laisser assez longtemps en terre. Plus elle est en terre, plus il y aura de sucre», explique Sylvain Bailleul. Dans le champ, Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du Conseil régional chargée de l’agriculture, est enthousiaste mais lucide : «Le bio est un secteur porteur mais difficile à réaliser. Il ne doit pas y avoir d’opposition entre agriculture conventionnelle et bio. La Région tient son rôle : 70% des approvisionnements sont locaux, dont 10% dans les lycées. On a passé des marchés publics avec des lycées en groupement d’achat. On commence à travailler sur les produits frais. Aujourd’hui, les acteurs bio sont fédérés au sein de ‘Bio en Hauts-de-France’. On avance.» La récolte des betteraves sucrères bio est attendue après l’été.