Environnement

Les entreprises en première ligne dans la lutte contre le changement climatique

L’enquête Udes menée par l’institut Viavoice, avec le soutien d’Aésio mutuelle et d’UpCoop, interroge les Français sur leurs attentes à l’aune des transitions sociales et écologiques en cours et sur la responsabilité des employeurs. Focus sur les principaux résultats.

Pour 89 % des Français, la lutte contre le dérèglement climatique est l’affaire des entreprises. Ainsi, «les choix des entreprises peuvent avoir un impact notable dans la lutte contre le dérèglement climatique», révèle l’enquête Udes(*) menée par l’institut Viavoice. L’étude, qui interpelle sur la responsabilité des acteurs de la vie économique, politique et citoyenne, pointe la «responsabilité majeure des entreprises dans la lutte contre le changement climatique», note le président de l’Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes), Hugues Vidor. Les entreprises seraient ainsi «en première ligne», juste devant les politiques et les individus. «Ces trois acteurs sont identifiés comme des acteurs importants : tout le monde a son rôle», indique Thomas Genty de Vivavoice. Autres facteurs qui pourraient inciter les entreprises à limiter leur impact sur l’environnement : «plus de contraintes légales», et, dans une moindre mesure, «plus d'exigences de la part des clients» et «une montée des compétences des salariés et des dirigeants sur le sujet.» Quant aux moyens nécessaires à la lutte contre le dérèglement climatique, «la clé est dans l’information, la sensibilisation et la compréhension des enjeux pour permettre ensuite d’agir concrètement», observe Hugues Vidor.

Plus d’un jeune sur trois préfère travailler dans une entreprise en phase avec ses valeurs

Pour les Français, si un travail qui a du sens est avant tout un emploi proposant une bonne qualité de vie au travail, qu’ils estiment «justement rémunéré», un travail qui donne autonomie et responsabilités et dans lequel ils peuvent avoir des perspectives d'avenir, c’est aussi un emploi qui permet d’être utile à la société, en produisant des produits ou services «qui servent, qui sont utiles aux autres, en dehors de leur dimension économique.» Et, dans une moindre mesure, un emploi qui contribue à aider ses concitoyens en difficulté, ou ayant un impact positif sur l'environnement. Parmi les éléments contribuant à rendre un emploi attractif, de manière décroissante : le salaire, l'intérêt pour le poste, les possibilités d'évolution, et, à un degré moindre, les valeurs défendues par l'entreprise, «l'impact de ce que vous faites personnellement dans vos fonctions sur la société» et «l'impact de votre entreprise sur la société.» À noter que les valeurs défendues par l'entreprise comme élément d’attractivité sont citées par plus d’un quart des 18-24 ans (contre 16 % au total pour les actifs).

Les Français refusent le statut quo

Interrogés sur le modèle d’entreprise que représente l’économie sociale et solidaire (ESS), la majorité des Français (71 %) semble considérer les entreprises du secteur comme «un modèle d’entreprise attractif» et «dans lequel ils aimeraient travailler» (67 %). Celles-ci seraient jugées comme «une alternative crédible aux modèles d’entreprises capitalistes traditionnelles» à 64 %, un modèle qui permet «d’amortir les manques de l’État ou des collectivités locales» pour 61 %, et «de mieux lutter contre le réchauffement climatique» à 60 %. En revanche, c’est un modèle jugé compétitif face aux entreprises pour seulement la moitié des répondants. «Reste une large partie de la population qu’il faut convaincre de l’efficacité de ce modèle», juge Thomas Genty. «Malgré cet aspect attractif, on observe une connaissance de l’économie sociale et solidaire qui reste perfectible» : entre une et deux personnes sur dix ne se prononce pas sur sa perception détaillée de l’ESS. Pourtant l’étude leur a auparavant expliqué ce qu’était cette branche de l’économie, ses acteurs et proposé des réponses. De manière générale, face au dérèglement climatique, «neuf Français sur dix refusent le statu quo, soit l’état actuel des choses», indique Hugues Vidor. 33 % des répondants souhaitent un changement radical de notre société et 57 % préfèrent «améliorer ce qui ne fonctionne pas» plus que «transformer la société.» Pour Thomas Genty, «il y a certes une majorité de réformistes, mais également une part importante - un tiers - qui estime qu’il faut changer radicalement les choses, avec une radicalité plus importante auprès des jeunes. Des tensions existent quant aux méthodes à mettre en place.» Parmi les moyens nécessaires pour lutter davantage contre le dérèglement climatique, les Français souhaiteraient «mieux savoir ce qui est vraiment efficace» et «trouver des alternatives qui nous font défaut aujourd'hui.» État et entreprises ont encore un bel effort de pédagogie à faire !

Charlotte de SAINTIGNON

(*) Enquête réalisée en ligne du 25 au 29 janvier 2023, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes de plus de 18 ans.