Conférence-débat à Lille avec Jean-Christophe Caffet, chef économiste chez Coface
Les entreprises des Hauts-de-France surveillent de près leurs exportations
A l’invitation de la CCI des Hauts-de-France, l’assureur-risques Coface a animé une conférence-débat à Lille, afin de parler exportations et conjoncture mondiale aux 150 entreprises présentes.
«Gérer, c’est prévoir», dit le vieil adage. «Et réagir lorsque les objectifs ne sont pas atteints», ajoutent les chefs d’entreprise. Le 20 septembre dernier, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-France avait donc invité les entreprises régionales à une conférence de Jean-Christophe Caffet, chef économiste chez Coface, ex-compagnie du commerce extérieur français. En fait, il s’agit d’une compagnie d’assurances spécialisée dans le risque, notamment pour les entreprises qui travaillent à l’export.
Une situation compliquée en Angleterre
Pour faire simple, Coface note les pays et les entreprises étrangères à partir de données macro-économiques, financières, sociales et même politiques. L’assureur informe ensuite les sociétés françaises de l’état de santé de leurs clients. «En fonction de cela, nous revoyons notre politique de facturation à crédit pour nos clients étrangers», explique Arnaud Lefort, président de la CCI international Hauts-de-France. Et l’enjeu est de taille puisque «25% des faillites d’entreprise sont dues à des impayés de leurs clients», selon les autres responsables de la CCI.
Dans les Hauts-de-France, 12 000 entreprises sont concernées. Elles représentent 12% des exportations françaises, même si 80% se font avec l’Allemagne et la Belgique. «Chaque année en France, les exportations se situent entre 500 et 600 milliards d’euros, soit environ 25% du PIB», précise Jean-Christophe Caffet. De nombreux pays sont aujourd’hui dans le collimateur de Coface, à commencer par la Turquie. Mais pas que... «Depuis le Brexit, la situation est compliquée en Angleterre. Et en Espagne ce n’est guère mieux !», ajoute un de ses confrères assureur.
Le risque d’un hiver très froid
Pour cette conférence, 150 représentants des entreprises des Hauts-de-France étaient venus écouter ce spécialiste de la conjoncture économique. Jean-Christophe Caffet n’a pas parlé uniquement des exportations. Face à la poussée de l’inflation dans tous les pays européens, la flambée du prix des matières premières et le contexte géopolitique mondial, les entreprises nordistes se demandent à quelle sauce elles vont être mangées en 2023.
«Ce n’est pas très réjouissant, avoue le spécialiste. Déjà, car l’activité économique mondiale n’a pas repris à la hauteur d’avant-Covid.» Mais ce n’est pas tout, car «si le conflit en Ukraine dure, ça va se compliquer». Un exemple : «Si l’hiver n’est pas trop froid, on devrait passer le cap au niveau du gaz. Mais si la guerre continue, les pays européens ne pourront pas recharger les stocks avant l’hiver suivant. Et là, on va connaître de sérieux problèmes...»
C’est à dire ? «Plus de gaz, plus de pétrochimie, donc plus de plastique, donc plus de pare-chocs, donc arrêt de l’industrie automobile ! Etc.» Et en ce qui concerne l’euro face au dollar ? «Pour le moment, on a moins de risque de se planter en prévoyant la météo que de prévoir ce qui va se passer avec l’euro !» Les entreprises des Hauts-de-France peuvent donc vraiment être inquiètes de ce qui va se passer à partir de 2023…