Les enseignants de Mayotte font leur rentrée dans l'incertitude après le cyclone

Cinq semaines après le passage du cyclone Chido et une semaine avant les élèves, les enseignants de Mayotte ont fait leur rentrée lundi dans un contexte houleux, entre des établissements toujours pas remis en état et...

Une école primaire détruite à Mamoudzou, le 14 décembre 2024 © Alexis DUCLOS
Une école primaire détruite à Mamoudzou, le 14 décembre 2024 © Alexis DUCLOS

Cinq semaines après le passage du cyclone Chido et une semaine avant les élèves, les enseignants de Mayotte ont fait leur rentrée lundi dans un contexte houleux, entre des établissements toujours pas remis en état et un autre où des sinistrés ont été évacués.

La rentrée des élèves, prévue initialement le 13 janvier et plusieurs fois décalée, aura lieu "à partir du 27 janvier", selon le ministère de l'Education.

Malgré ce report, une incertitude générale règne toujours à Mayotte, où de nombreux établissements ne sont pas encore en état d'accueillir les quelque 117.000 élèves scolarisés dans le département le plus jeune de France.

Dans un communiqué, le ministère de l'Education nationale a expliqué lundi que les modalités d'accueil des élèves seraient "adaptées à chaque école".

Pour "garantir la continuité pédagogique", des "systèmes de rotation des élèves dans les classes" seront mis en place et des cours seront "diffusés sur la chaîne Mayotte-La 1ère", ajoute le communiqué.

Les élèves bénéficieront de "dons de fournitures scolaires" et pourront avoir recours à "un soutien psychologique", poursuit le ministère.

A l'Assemblée nationale, où les députés entament lundi l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte, le ministre des Outre-mer Manuel Valls a lui reconnu que la rentrée sera "progressive, complexe, difficile" et présentait "un défi", 30% des établissements étant selon lui inutilisables ou occupés.

Lundi matin, une petite dizaine d'enseignants se sont réunis sous la houlette de syndicats devant le rectorat de Mayotte à Mamoudzou, le chef-lieu, pour protester contre les modalités d'attribution d'une prime post-Chido et les conditions de la réouverture des écoles.

"On nous oblige à faire la rentrée sans que nous en connaissions les conditions, notamment sur l'accès à l'eau et l'électricité", a dénoncé à l'AFP Yamina Ali, enseignante en primaire à Mamoudzou, assurant que ses collègues n'avaient pas pu pénétrer dans l'établissement lundi, le portail étant non fonctionnel sans électricité.

 - Transfert dans la confusion -

Autre point de tension, le lycée Younoussa-Bamana de Mamoudzou, où étaient hébergés des sinistrés du cyclone, pour la plupart des migrants issus de la région africaine des Grands Lacs. Des collectifs d'habitants avaient pénétré vendredi dans l'enceinte pour tenter de les déloger, dans un contexte de colère persistante contre les étrangers à Mayotte.

Lundi, ces migrants ont été évacués dans la plus grande confusion, leur transfert initialement prévu vers un gymnase ayant été annulé au dernier moment. En début d'après-midi, plusieurs centaines d'entre eux attendaient toujours à côté de leurs affaires rassemblées sans savoir où ils iraient, a constaté l'AFP.

Selon la CGT Educ'action, Younoussa-Bamana était le seul établissement encore occupé. 

La semaine dernière, le recteur de l'académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, a affirmé sur France Culture que 39 écoles (sur les 221 écoles "administratives") étaient en incapacité de fonctionner. Cinq établissements secondaires sur 33 ont été "significativement impactés" par le cyclone.

La rentrée le 27, "c'est l'objectif de cette semaine. On va faire le point sur le matériel pédagogique, appeler les élèves pour faire un état des lieux précis, on a vu aussi ce besoin d'accompagnement psychologique", a-t-il déclaré lundi à la cité scolaire de Bandrélé (sud-est) où il était venu assister à la rentrée, cité par Mayotte-La 1ère.

La ministre de l'Education, Elisabeth Borne, dont le déplacement sur le territoire fin décembre avec le Premier ministre François Bayrou avait été houleux, a prévu de se rendre à Mayotte la semaine du 27 janvier pour échanger avec la communauté éducative, les parents et les élèves.

Selon des enseignants interrogés par l'AFP, la question du nombre d'élèves qu'ils auront à la rentrée se pose également. Au lycée des Lumières à Kaweni, le service de "la vie scolaire est en train de faire le point sur les enfants qui sont encore sur le territoire, beaucoup étant partis à La Réunion ou dans l'Hexagone", a indiqué un professeur souhaitant rester anonyme.

A l'assemblée nationale lundi, Manuel Valls a annoncé la prise en charge sur critères sociaux des billets d'avion pour les enfants du second degré qui seraient contraints de suivre leur scolarité sur un autre territoire en raison de l'état de leur établissement.

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