Les émeutes urbaines aiguisent les divergences au sein de la Nupes

"On ne peut pas donner le sentiment d'encourager et d'accepter les violences": les émeutes urbaines mettent au jour les divergences au sein de la Nupes, où même le patron du PS Olivier Faure ne cache...

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, le 7 juin 2023 à l'Assemblée nationale à Paris © Ludovic MARIN
Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, le 7 juin 2023 à l'Assemblée nationale à Paris © Ludovic MARIN

"On ne peut pas donner le sentiment d'encourager et d'accepter les violences": les émeutes urbaines mettent au jour les divergences au sein de la Nupes, où même le patron du PS Olivier Faure ne cache pas son "profond désaccord" avec Jean-Luc Mélenchon.

Invité aux journées d'été du courant minoritaire du PS "Debout les socialistes", farouchement opposé à la Nupes et à LFI, Olivier Faure a cependant défendu l'alliance avec LFI. Mais il a affirmé sa différence sur la manière d'aborder les émeutes qui secouent le pays depuis quatre nuits après la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.

Alors que La France insoumise est accusée de ne pas condamner suffisamment fermement les violences, le Premier secrétaire estime que le PS a "raison d'appeler au calme et au retour à la paix civile". "Nous n'avons pas à encourager les exactions sur les commerces et les biens publics".

Il était interpellé notamment par l'ex-député Patrick Mennucci, qui estime que le PS ne peut poursuivre l'alliance Nupes: "On a le sentiment que LFI a raté le coup de la révolution avec les gilets jaunes, avec les retraites, et qu'ils se disent +on va faire la convergence des luttes avec les quartiers+".

Mais pour Olivier Faure, il faut continuer à parler avec Jean-Luc Mélenchon "même dans les moments de profonds désaccords, et le moment actuel est un moment de profond désaccord".

"Je ne pense pas qu'on ait franchi la barrière républicaine" avec la ligne tenue par LFI, a-t-il précisé ensuite à la presse. "Je suis à la fois vraiment favorable à une démarche unitaire" au sein de la Nupes, "mais ça ne m'oblige pas à être aligné" avec Jean-Luc Mélenchon, a-t-il ajouté, déplorant d'être sans cesse obligé de se définir par rapport au tribun insoumis. "Pas besoin de taper sur le voisin pour dire ce que nous sommes".

Un message loin d'être entendu par l'assistance, où le Premier secrétaire n'était pas en terrain conquis. 

Dans un hôtel du centre de Lyon, son opposante interne Hélène Geoffroy, présidente de "Debout les socialistes" et maire de Vaulx-en-Velin, a invité toute la frange anti-LFI du PS, dont François Hollande, qui intervient dimanche, et Bernard Cazeneuve, qui a quitté le parti après l'accord Nupes.

logique trotskyste

Le principal rival d'Olivier Faure, le Premier secrétaire délégué Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, a finalement renoncé au déplacement, en raison des violences urbaines dans sa commune, comme de nombreux autres participants, souvent élus locaux.  

Pour Hélène Geoffroy, c'est l'occasion de dire d'une même voix "que le PS est attaché à l'état de droit" et que le "sujet majeur, c'est l'appel au calme, et ensuite on analyse les causes" des émeutes.  

L'ancienne ministre de la Ville sous François Hollande estime que Jean-Luc Mélenchon "a des propos déconnectés de la réalité". "Il essentialise les gens de banlieue et veut leur faire porter des messages qu'ils ne portent pas. Moi quand j'annonce que j'ai des renforts de police, les habitants sont rassurés", souligne-t-elle.

Pour Rachid Temal, sénateur du Val d'Oise, "Jean-Luc Mélenchon donne le sentiment que les gens de banlieue cautionnent la violence, c'est faux" et "il n'est pas le porte-parole des banlieues".

Le chef des Insoumis "est retombé dans la logique trotskyste" et "pousse un mouvement insurrectionnel", condamne Philippe Doucet, ex-maire d'Argenteuil.   

Même les derniers propos du leader insoumis sont sujet à caution: dans une vidéo vendredi, il a assuré que "jamais les Insoumis n'ont été pour la violence", et appelé "notamment les plus jeunes" à "ne pas toucher" aux écoles ou aux bibliothèques.

"Ca veut dire quoi, que tout le reste, on peut le brûler?", a demandé Bernard Cazeneuve. Pour l'ancien Premier ministre, "quand il y a un tel niveau de violence, on ne peut pas ne pas appeler au calme, au motif que la révolte est belle".

Le patron du PCF, Fabien Roussel, a reconnu lui aussi samedi sur franceinfo avoir "un discours différent" de Jean-Luc Mélenchon". "Notre responsabilité c'est d'appeler au calme, à l’apaisement", a-t-il plaidé. Tout en reconnaissant qu'il était "difficile d’être entendu": "On est tous un peu impuissants".

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