Les DRH face à un problème structurel

Après une crise sanitaire ayant chamboulé littéralement les codes du management, les directeurs de ressources humaines doivent aujourd’hui s’adapter aux difficultés de recrutement récurrentes. Un problème structurel où formation et accompagnement, marque employeur, nouveaux process de recrutement s’imposent dans la sphère RH. Le point avec Frédéric Lemoine, président de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) Lorraine Centre.

Les DRH face à un problème structurel

«La situation est de plus en plus tendue aussi bien au niveau de l’emploi des cadres que dans quasiment toutes les typologies de postes. C’était déjà le cas il y a six mois et cela risque d’être encore le cas dans les mois à venir.» Constat établi par Frédéric Lemoine, le président de l’ANDRH (Association national des directeurs de ressources humaines) Lorraine Centre au sujet des difficultés de recrutement actuelles. «La notion même de métiers dits sous tension n’a quasiment plus lieu d’être, même ceux que l’on ne se doutait pas il y a deux ans rencontrent des difficultés de recrutement.» En juin dernier, la section régionale de l’ANDRH a tenu à Nancy son université où les DRH ont pu rendre compte de leurs problématiques et surtout tenter de trouver les pistes à suivre. Du côté du recrutement, «la donne a changé, il y a un avant et un après Covid-19. L’attractivité de l’entreprise est l’un des principaux enjeux pour les managers. Il est indispensable de former les managers aux nouvelles réalités de recrutement. Il faut travailler sur la culture de l’entreprise, l’intégration dans l’entreprise. Il est nécessaire de se réinterroger sur la manière de faire les choses. La fonction managériale est en pleine mutation. Les collaborateurs, tout comme les futures recrues, recherchent une véritable relation avec leur manager. Pour les recrutements, la problématique est beaucoup plus profonde, ce sont l’ensemble des codes, de nos références qui ont changé.»


Accompagner, former, tutorer

Dans une enquête, parue en mars dernier, l’ANDRH mettait en avant les différents impacts pouvant expliquer la situation actuelle. 88 % des DRH affirment avoir des difficultés à recruter. L’enquête tente de dresser le futur du travail dans l’entreprise à l’horizon 2025. Le travail hybride va devenir la norme avec «une stabilisation du télétravail autour de deux jours par semaine en moyenne d’ici 2025», peut-on lire dans cette enquête. À côté de cette flexibilité recherchée, les collaborateurs en place et surtout les potentiels candidats affichent de nouvelles attentes. Cette fameuse quête de sens évoquée notamment pendant la crise sanitaire n’est pas un leurre. «Elle est révélatrice de la capacité de l’entreprise à avoir une réelle responsabilité sociale et environnementale. Les gens entendent s’investir dans une entreprise qui possède un minimum de valeurs en adéquation avec les leurs. L’impact social et l’empreinte environnementale sont aujourd’hui des critères importants», assure Frédéric Lemoine. Face à ces nouvelles donnes, les DRH sont aujourd’hui en pleine phase de recadrage histoire de permettre de capter les potentiels candidats. «Nous sommes face à un problème structurel ! Les termes qui reviennent sans cesse aujourd’hui sont ceux de formation et d’accompagnement. Accompagner, former, tutorer, sont aujourd’hui les leviers à actionner. Un autre regard s’impose tout comme la prise en considération de la nécessité d’opérer les choses sur un temps plus long.» Une adaptation nécessaire où «les DRH doivent accepter aujourd’hui de former.» Une offre de formation et d’accompagnement sur la durée des futurs collaborateurs semble s’imposer comme le pilier d’une stratégie de recrutement adaptée. Reste aux chefs d’entreprise d’en prendre réellement conscience. «C’est simple aujourd’hui, ils semblent ne plus avoir le choix», assure le président de l’ANDRH Lorraine Centre.

L’atout des seniors

«Les entreprises sont amenées à avoir besoin des seniors. Ils ont l’expérience et les réflexes professionnels.» Pour Frédéric Lemoine, le président de l’ANDRH Lorraine Centre, la problématique de l’emploi des seniors pourraient tout simplement s’afficher comme une des solutions face aux difficultés de recrutement des entreprises. «Le lien possible à mettre en place avec la population des seniors et celui de mentorat auprès des jeunes au sein de l’entreprise.» Un genre de duo bien pensé histoire de préparer et d’anticiper les besoins en matière de collaborateurs au sein d’une structure.