Les dirigeants d’entreprise font encore preuve de résilience
Malgré un contexte économique et social incertain, les dirigeants semblent assez optimistes vis-à-vis de la situation de leur entreprise pour les prochains mois. Globalement, leurs jugements sur les perspectives générales d’activité contribuent positivement à l’évolution du climat des affaires, en février, plus particulièrement dans le secteur des services.
Les dirigeants d’entreprise gardent encore le moral. Selon les données de l’Insee, publiées le 22 février, le climat des affaires s’est éclairci légèrement en février. L’indicateur le synthétisant s’établit à 103, en hausse d’un point par rapport à son niveau de janvier, se maintenant trois points au-dessus de sa moyenne de longue période. Le moral des patrons se redresse dans les services et l’industrie, mais se détériore dans le bâtiment. Cette tendance favorable est principalement portée par les services. Dans le détail, les entrepreneurs de ce secteur se montrent plus optimistes sur leurs perspectives d’activité et de demande prévue. Cette confiance s’accompagne d’une moindre incertitude économique ressentie. À 106, l’indicateur qui mesure le moral de ces patrons s’améliore en février d’un point, traduisant ainsi leur opinion plus positive sur la conjoncture. Toutefois, l’évolution reste contrastée selon les sous-secteurs, note l’Insee. Les perspectives générales se consolident dans l’hébergement-restauration, mais se détériorent dans les activités immobilières.
Industrie : carnets de commande bien remplis
En ce qui concerne l’industrie, février marque le troisième mois d’amélioration pour le secteur. À 104, le moral des dirigeants progresse d’un point sur un mois, porté par une vision plus positive sur la conjoncture. Ce constat s’explique par la hausse marquée du solde d’opinion des dirigeants sur leur production passée et leurs carnets de commande. «Les perspectives générales de production dans l’ensemble de l’industrie manufacturière s’améliorent nettement, selon les chefs d’entreprise ; le solde associé se situe à son plus haut niveau depuis le début de la guerre en Ukraine», il y a un an, indique l’Insee. Et «les difficultés d’approvisionnement se réduisent de nouveau.» Le rebond du climat des affaires est particulièrement prononcé dans l’agroalimentaire, et l’automobile où le solde d’opinion sur l’évolution passée de la production atteint son plus haut niveau depuis octobre 2020. À l’inverse, une forte dégradation est observée dans la branche des biens d’équipement et «autres industries.»
Bâtiment : cela s’assombrit ?
En revanche, le climat des affaires s’assombrit dans le bâtiment. L’indice dédié perd deux points en février (112 vs 114, en janvier), mais demeure toutefois nettement au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Les entrepreneurs se montrent moins confiants quant à l’évolution de leurs effectifs prévus et passés bien qu’ils soient plus sereins quant à leurs perspectives d’activité pour les mois à venir. Ils jugent le niveau de leurs carnets de commande «supérieur à la normale.» Comme le mois précédent, ils estiment que ces derniers peuvent assurer 8,8 mois de travail. Mais les tensions sur l’appareil de production continuent de pénaliser le secteur. En effet, 68 % des entrepreneurs du bâtiment font encore face à des obstacles qui freinent leur production (contre 69 % le mois précédent). La moitié d’entre eux se disent confrontés à une pénurie de main-d’œuvre (contre 48 % en janvier), tandis qu’en revanche les difficultés d’approvisionnement s’atténuent : 19 % des dirigeants interrogés les subissent, «une proportion au plus bas depuis mai 2021», contre 24 % le premier mois de l’année. Le climat de l’emploi, mesuré à 110, reste globalement favorable. Il perd un point comparativement à sa valeur de janvier, mais reste supérieur à sa moyenne de longue période. «Cette quasi-stabilité résulte d’évolutions contrastées», révèle l’enquête. Les chefs d’entreprise semblent satisfaits quant à l’évolution récente des effectifs dans les services, mais ils sont cependant pessimistes quant aux perspectives d’emploi au cours des prochains mois.
Aïcha BAGHDAD et B.L