Les Companions allient la robotique à l'expertise humaine

Et si un robot assistait les peintres dans les chantiers pour réaliser les tâches pénibles et rébarbatives ? En véritable bras droit de l'ouvrier, cet assistant collaboratif imaginé par Antoine Rennuit, fondateur des Companions, devrait faciliter le travail sur les chantiers.

L'opérateur entre les réglages dans une tablette directement reliée à Paco, le robot peintre.
L'opérateur entre les réglages dans une tablette directement reliée à Paco, le robot peintre.

Le robot est encore en phase de développement, mais déjà Antoine Rennuit lui prédit une belle destinée. Alors que se posent les questions récurrentes des marges de plus en plus faibles, de la sécurité et de la pénibilité des tâches sur les chantiers, le docteur en robotique a imaginé, avec une équipe de dix personnes (dont cinq salariés), une machine capable de seconder l’artisan peintre sur les chantiers, baptisée Paco. «Il s’agit d’améliorer les performances de l’humain en lui laissant exécuter les tâches à forte valeur ajoutée. En aucun cas on ne laisse décider le robot. C’est bien le peintre qui choisit la façon de peindre, le nombre de couches…», explique le fondateur. Toutes ces données sont d’abord entrées dans une tablette directement connectée au robot. Baptisée Les Companions, l’entreprise déroule son expertise en quatre étapes : l’observation et le diagnostic du chantier via une phase manuelle, la numérisation de l’environnement avec une caméra 3D (métrage, nombre de couches, type de peinture…), la préparation spécifique de scan et de programmation du chantier. «On ne travaille plus de la même manière avec un robot ou un humain. Les Companions permettent de changer et d’améliorer les méthodes : par exemple, le métrage à la main est souvent source d’erreur», précise l’ingénieur des Mines de Douai, qui a créé l’entreprise en 2018.

L’intelligence artificielle au service de l’humain

Avec des outils simples et performants, Les Companions misent sur une complémentarité homme/machine : «Quand la machine effectue une tâche, le peintre peut se concentrer sur une autre et garder son expertise. Et dans les PME, le robot peut renforcer une équipe et permettre à un artisan d’accepter des chantiers. Mais surtout, le robot ne fonctionne pas seul : un opérateur doit intervenir et interagir en cas de problème.» Il ne semble y avoir aucune limite au robot des Companions, programmé pour travailler de façon industrielle et sur des surfaces d’au moins 25 m2 et des hauteurs allant jusqu’à 2,50 mètres. Pour aller plus loin, le robot pourra conseiller sur le type de technique à appliquer selon la peinture.

D’abord dans les constructions neuves

La commercialisation est prévue pour fin 2021, à destination des entreprises de bâtiment, et principalement dans la construction neuve, via un système de location. Antoine Rennuit prévoit déjà une ouverture à l’international. «Il y a quelques initiatives de robotisation dans le BTP, à l’image du robot maçon Hadrien en Australie, ou encore aux Etats-Unis avec un robot industriel pouvant aller jusqu’à 30 mètres de hauteur. Nous ne sommes pas les seuls mais c’est encore un marché de niche.» D’ici cinq ans, il espère atteindre une quarantaine de salariés.