Les clubs traditionnels bousculés par le numérique

Si les clubs et réseaux d’entreprise demeurent des cénacles privilégiés où se nouent interactions, possibilités de réseautage et opportunités de business, ce modèle établi doit aujourd’hui compter avec l’inexorable montée en puissance du numérique. Le réseau physique glisse progressivement vers le réseau social virtuel. Symbole de cette évolution bien de notre temps : l’avènement des Instapreneurs, ces jeunes entrepreneurs qui grandissent presque exclusivement par Facebook et consorts.

La crise a amplifié le phénomène des contacts virtuels.
La crise a amplifié le phénomène des contacts virtuels.

Depuis le début des années 2010, un nombre croissant d’organisations - entreprises, administrations, associations - jouent la carte des réseaux sociaux. Ces plateformes, dont les plus connues sont Facebook, Instagram, Linkedin et Twitter sont en effet perçues comme de nouveaux moyens de décloisonner les échanges, d’y apporter davantage de transversalité, d’impulser de nouvelles formes de collaboration, d’améliorer la circulation de l’information et le partage de compétences. Tout n’est pas digital : on compte plus de 10 000 clubs d’affaires en France, des centaines en Lorraine. Tout passe ici par l’humain. À l’heure de la communication virtuelle, intégrer un réseau demeure important. Une étape à ne pas négliger dans sa trajectoire entrepreneuriale. La première vertu de ces cercles est d’enrayer la solitude du chef d’entreprise. Ils permettent aussi de discuter entre pairs, de bénéficier de l’expérience d’un mentor, d’agrandir son réseau, d’optimiser ses compétences et ses affaires. Accélérateur quand tout va bien, le réseau aide aussi à affronter les moments plus ardus dans le cycle de vie d’une entreprise. Clubs locaux à l’échelle d’une ville, chapeautés par les Chambres de commerce et d’industrie, réseaux nationaux, déclinaisons territoriales de fédérations, ramifications locales, ils gardent un rôle social primordial. La crise est venue bousculer ce modèle ancré et apprécié des chefs d’entreprise. En effet, les confinements, la raréfaction des interactions, l’impossibilité durant de longues semaines de se réunir, cela, couplé à de nouveaux concepts digitalisés plébiscités par la génération des entrepreneurs issus de la génération des digital natives, rebat les cartes.

Exposer les valeurs de l’entrepreneur

Les tenants de la philosophie startupeuse, s’ils gardent un intérêt pour les clubs et réseaux de leurs aînés, leur ont toutefois trouvé un pendant dans l’air du temps : le réseau social numérique. On se situe ici dans la logique du web social. Si ce type de process semble encore à l’état embryonnaire dans le contexte des murs d’une entreprise, il se développe vitesse grand V, dépassé ce cadre. Les clubs et réseaux d’entreprise sont ici concernés au premier chef. L’exemple le plus parlant de cette mutation digitalisée concerne les Instapreneurs, dénomination directement inspirée du réseau social Instagram, lequel n’a, de premier abord, pas grand-chose à voir avec l’entreprise. Cela c’était avant le début de la pandémie, laquelle a engendré, souvent en mode accéléré, pléthore de changements comportementaux. Revenons à Instagram, ce réseau dédié à l’image, à la belle image, où l’on poste ses plus belles créations après avoir pris soin d’utiliser filtres et retouches. Par ce biais, un entrepreneur peut rapidement et aisément modifier son compte personnel en compte professionnel. L’objectif économique se conjugue avec la créativité. Les abonnés ne sont pas sur leur smartphone ou tablette pour consulter un site d’e-commerce, mais pour entrer dans l’univers d’une marque. Les produits sont visibles, mais pas de façon flagrante. Les valeurs, la vie de l’entreprise doivent ressortir à travers des parutions facilement compréhensibles. Si les grandes marques évoluent autour d’un univers bien balisé, les petites entreprises peuvent laisser libre court à plus de fantaisie, faire participer au quotidien de l’entrepreneur, surprendre, amuser, oser, faire sourire. Être décalé tout en restant professionnel. Les réseaux sociaux élargissent de manière exponentielle le champ relationnel du dirigeant. Son réseau plus restreint en présentiel est alors démultiplié en distanciel.