Les cigares nicaraguayens gagnent en respectabilité et en parts de marché

Consommés dans 90 pays au monde, les cigares du Nicaragua ont gagné en respectabilité et en parts de marché. Les sols volcaniques sur lesquels le tabac du pays d'Amérique centrale est cultivé lui confèrent un caractère particulier, de l'avis des...

Une ouvrière vérifie la qualité des cigares dans l'usine de Joya de Nicaragua, la plus ancienne compagnie de tabac du pays, le 24 janvier 2024 © Oswaldo RIVAS
Une ouvrière vérifie la qualité des cigares dans l'usine de Joya de Nicaragua, la plus ancienne compagnie de tabac du pays, le 24 janvier 2024 © Oswaldo RIVAS

Consommés dans 90 pays au monde, les cigares du Nicaragua ont gagné en respectabilité et en parts de marché. Les sols volcaniques sur lesquels le tabac du pays d'Amérique centrale est cultivé lui confèrent un caractère particulier, de l'avis des marchands et consommateurs au 11e festival du cigare nicaraguayen.

Les tabacs nicaraguayens "ont un très bon corps, sont ronds, doux, pour certains épicés", indique à l'AFP le Colombien Andres Diaz Cote, un amateur de cigares de 57 ans, dans les allées de la foire organisée à Esteli, à quelque 150 kilomètres au nord de la capitale Managua. Selon lui, "la façon dont (les feuilles) brûlent est parfaite".

L'industrie du tabac au Nicaragua a émergé dans les années 1960 des mains des migrants cubains qui avaient fui après la révolution de 1959. Autour d'Esteli, ils ont trouvé les sols volcaniques riches en minéraux et en nutriments et un climat tropical parfait pour les plants de tabac.

Environ 150 entreprises dans les environs d'Esteli opèrent dans la culture du tabac, la transformation, la fabrication de cigares et l'emballage, explique Juan Ignacio Martinez, président de Joya de Nicaragua, la plus ancienne compagnie de tabac du pays. 

Aujourd'hui, les cigares nicaraguayens sont consommés dans plus de 90 pays à travers le monde, la plupart exportés vers les Etats-Unis où ils ne sont pas soumis aux sanctions contre le régime du président Daniel Ortega.

Les cigares cubains, considérés comme les meilleurs au monde, n'ont eux pas accès au marché nord-américain, le plus grand au monde pour le cigare, en raison de l'embargo imposé par Washington à l'île communiste depuis 1962.

En 2022, Cuba a généré 545 millions de dollars de revenus grâce à ses marchés en Europe (54%), Asie (19%), Amérique latine (15%) et Afrique et Moyen-Orient (12%). 

Une préférence que ne partage pas l'homme d'affaires américain Rocky Patel, qui produit également des cigares au Honduras et en République dominicaine : "Je pense que les meilleurs cigares du monde viennent actuellement du Nicaragua. Les gens adorent les cigares nicaraguayens", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

Satisfaire le client

Avec la pandémie de Covid-19, les fabricants de tabac nicaraguayens craignaient une baisse d'activité, mais c'est l'inverse qui s'est produit.

Avec les restrictions de circulation dans le monde entier, les gens ont pris l'habitude de fumer chez eux plutôt que dans les bars à cigares, ce qui a stimulé les ventes.

"A partir de 2019, nous avons eu une forte demande de tabac... et cela a grandement bénéficié à l'industrie et au Nicaragua en tant que pays", a déclaré à l'AFP Manuel Rubio, président de la Chambre nicaraguayenne du tabac.

"L'année dernière, nous avons eu de bons résultats avec environ 180 millions de cigares exportés pour environ 400 millions de dollars", a-t-il ajouté. "On prévoit cette année une croissance autour de 10 à 15%".

L'industrie du cigare génère 35.000 emplois directs dans le seul département d'Esteli, sur un total d'environ 65.000 dans tout le pays.

Aristo Torres, 56 ans, est un de "torcedor" (rouleur de cigares). Il explique avec patience et une fierté non dissimulée la fabrication du "bonchero", le mélange de feuilles qui entre dans la composition de chaque cigare.

L'important, selon lui, est de "satisfaire le client", et pour cela "on se doit d'apprendre encore chaque jour, expérimenter", souligne-t-il.

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