Les barrières commerciales peuvent freiner la transition énergétique, selon le chef de l'AIE

Les barrières commerciales peuvent ralentir la transition énergétique, estime le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, dans un entretien à l'AFP, tout en soulignant que...

Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, dans son bureau, le 14 septembre 2023 à Paris © JOEL SAGET
Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, dans son bureau, le 14 septembre 2023 à Paris © JOEL SAGET

Les barrières commerciales peuvent ralentir la transition énergétique, estime le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, dans un entretien à l'AFP, tout en soulignant que le commerce a besoin d'être équitable.

"Les barrières commerciales peuvent bien être un facteur de ralentissement de la transition mondiale vers des énergies propres", selon M. Birol, interrogé en marge du Forum économique mondial de Davos. "Mais la philosophie générale est que le commerce équitable est un bon ami de la transition énergétique."

Transition énergétique et équilibres commerciaux figurent parmi les sujets brûlants cette semaine dans la station des Alpes suisses. 

La Chine a dénoncé mardi par la voix de son Premier ministre Li Qiang les "barrières au commerce vert". 

"Certaines technologies ou produits verts et bas-carbone qualitatifs et très efficaces ne peuvent pas circuler librement", a-t-il notamment dit, appelant à "retirer les barrières" et à "travailler ensemble". "Il est crucial" de "défendre fermement le système commercial multilatéral", a-t-il lancé.

La Chine est le leader mondial en matière de déploiement d'énergie solaire et d'éoliennes. C'est également le plus grand producteur de voitures électriques.

Tensions commerciales

En parallèle, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est inquiétée mardi de "déséquilibres commerciaux". 

Alors que Bruxelles a ouvert une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques, elle a assuré avoir eu une discussion "franche" avec M. Li sur ces "déséquilibres".

"La Chine joue un rôle essentiel en matière d'énergies propres", relève M. Birol auprès de l'AFP. "Mais bien sûr, les pays doivent examiner quelles sont les implications commerciales (...) pour leurs économies, si cette production est réalisée de manière équitable ou non par rapport à d'autres productions."

L'Union européenne s'inquiète également de perdre des marchés à cause des soutiens massifs à la transition énergétique décidés par Washington et qui comprennent notamment des allégements fiscaux pour les véhicules électriques fabriqués aux États-Unis.

De son côté, l'Europe se trouve à la "croisée des chemins" car elle se situe derrière la Chine dans la fabrication de technologies propres "et peut-être bientôt derrière les États-Unis", poursuit le directeur exécutif de l'AIE.

"Il est temps pour l'Europe d'élaborer une feuille de route sur la manière dont nous allons restaurer notre leadership technologique en Europe, en tenant compte des nouvelles conditions du marché et du cadre technologique", a-t-il déclaré.

Vers la COP29

La COP28, organisée à Dubai en décembre, a trouvé un compromis visant à "transitionner hors" des énergies fossiles et à fixer à l'échelle mondiale l'objectif de tripler la capacité d'énergies renouvelables d'ici 2030. 

Le financement des pays en développement a toutefois été "l'élément manquant le plus important", déplore M. Birol, pour qui les pays les plus riches doivent financer la transition énergétique dans les pays en développement pour que cet objectif soit atteint.

Lors d'une rencontre mardi à Davos avec un ministre azerbaïdjanais, M. Birol a exprimé son espoir que la question soit discutée lorsque Bakou accueillera la COP29 en novembre. Les pourparlers de Bakou doivent aborder le problème pour avoir "une chance" que la prochaine conférence sur le climat de l'ONU soit une "réussite", a-t-il souligné.

L'Azerbaïdjan a déçu les militants pour le climat en nommant comme président de la COP29 Mukhtar Babayev, ancien dirigeant de la compagnie pétrolière publique Socar et actuel ministre de l'Ecologie et des Ressources naturelles du pays.

L'an dernier, les Emirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient choisi Sultan Al Jaber, patron de la compagnie nationale Adnoc, pour présider la conférence. 

Pour le directeur exécutif de l'AIE, les questions concernant la nomination d'une personne ayant consacré sa carrière aux combustibles fossiles sont "légitimes". "Cependant, à mon avis... nous ne devrions pas tirer de conclusions hâtives et "leur donner l'opportunité de prouver qu'ils méritent d'être présidents de la COP et qu'ils tiennent leurs promesses", a-t-il estimé. 

Lors de ses entretiens avec les responsables azerbaïdjanais, M. Birol assure avoir constaté "beaucoup de bonne volonté". "Que la bonne volonté se transforme ou non en bons résultats est une tout autre histoire", a-t-il cependant relevé.

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