Dominique Garnier, président de la FBF Grand Est

«Les banques ont la capacité à absorber les chocs conjoncturels»

En 2023, les banques régionales ont enregistré des résultats en baisse, après une année 2022 quasi historique. La conjoncture additionnée à des pressions inflationnistes persistantes expliquent, pour partie, les raisons de ces résultats. Il n’en demeure pas moins que les banques régionales affichent leur solidité histoire de continuer l’accompagnement du développement de l’écosystème entrepreneurial, et ce malgré les incertitudes actuelles. Le point avec Dominique Garnier, le président du Comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française.

«Le financement des entreprises demeure l’une des principales priorités des banques régionales», assure Dominique Garnier, le président du Comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française.
«Le financement des entreprises demeure l’une des principales priorités des banques régionales», assure Dominique Garnier, le président du Comité des banques Grand Est de la Fédération bancaire française.

Les Tablettes Lorraines : Les banques régionales ont présenté des résultats 2023 en baisse. La conjoncture fluctuante et les différentes incertitudes actuelles ont entraîné cet état de fait. La situation est-elle préoccupante ?

Dominique Garnier : Les banques régionales et les banques françaises sont solides. Elles ont démontré qu’elles avaient la capacité à absorber les chocs conjoncturels et les risques et surtout les anticiper. 2023 a été marquée au plan macroéconomique par le ralentissement économique mondial, des pressions inflationnistes persistantes et le durcissement des conditions de financement avec le relèvement par six fois de taux directeurs de la Banque centrale européenne conduisant le taux de facilité de dépôt à 4 % fin 2023, soit une augmentation de 2 % en un an.

Les taux d’intérêts semblent revenir dans une tendance plus raisonnable, liée notamment aux prises de décision de la Banque centrale européenne, cette tendance va-t-elle se poursuivre ?

La Banque centrale européenne a fait remonter les taux pour juguler l’inflation. Aujourd’hui avec la baisse de 25 points de base, il y a un retour à une certaine normalité. Les taux ne monteront plus, ils sont stabilisés. Cela devrait se poursuivre cette année mais également l’année prochaine.

Dans son bilan 2023 et ses perspectives pour 2024, présenté mi-avril, Bpifrance Grand Est, assure que l’investissement des entreprises dans la région est bien présent. Comment appréhendez-vous cette donne ?

Nous percevons une bonne dynamique de la part de certaines entreprises régionales. L’investissement et les projets sont là. Le financement des entreprises demeure l’une des principales priorités des banques régionales. Tous les types d’activité sont financés même si, aujourd’hui, certains secteurs sont plus tendus que d’autres à l’image de l’immobilier. Dans ces périodes délicates, nous sommes partout là où nous pouvons l’être. À côté des entreprises qui investissent, nous avons des entreprises qui déposent le bilan. Nous devons être au rendez-vous dans les deux situations. Dans un cas comme dans l’autre, les banques doivent comprendre ce qu’elles financent. Elles s’engagent dans la durée.

Comment intervenez-vous auprès des entreprises en difficulté ?

Tout est d’abord question de transparence. L’économie fonctionne avec la confiance. Plus on voit clair tôt, plus il est possible de trouver les bonnes voies à prendre. Pour le financement des comptes d’exploitations, l’écosystème bancaire possède des solutions comme l’escompte, l’affacturage, les facilités de caisse. Une chose est certaine quand un compte commence à être structurellement débiteur d’une façon permanente, il faut commencer à s’inquiéter. Il faut avoir une visibilité quand cela commence à se tendre au niveau trésorerie. Nous ne pouvons pas financer à perte trop longtemps.

À l’occasion du sommet Choose France, mi-mai, le président de la République, Emmanuel Macron plaidait pour une fusion des grandes banques françaises avec leurs consœurs européennes, histoire de faire face à la concurrence mondiale. Quel est votre avis sur cette idée ?

Les banques françaises ont tout à fait la taille pour demeurer à être rentable et jouer leur rôle dans la compétition internationale.

Le 9 juin, Emmanuel Macron, le président de la République, a annoncé la dissolution de l’assemblée nationale et la tenue d’élections législatives à la fin du mois. Comment l’univers bancaire régional réagit-il ?

Il est aujourd’hui très difficile de mesurer les impacts de cette décision. Les banques prennent les événements comme ils arrivent. En fonction des résultats, il faudra adapter la politique mais les banques seront toujours là pour accompagner l’économie.

Propos recueillis par Emmanuel VARRIER