Leica rayonne après un siècle d'excellence photographique

Pour être "très rapide et discrète", la photographe Franziska Stünkel, spécialisée dans les clichés urbains, pris sur le vif, ne jure que par son boitier Leica, appareil emblématique de la...

Matthias Harsch, PDG de Leica, lors d'une interview avec l'AFP à l'usine Leica de Wetzlar, dans l'ouest de l'Allemagne, le 18 mars 202 © Kirill KUDRYAVTSEV
Matthias Harsch, PDG de Leica, lors d'une interview avec l'AFP à l'usine Leica de Wetzlar, dans l'ouest de l'Allemagne, le 18 mars 202 © Kirill KUDRYAVTSEV

Pour être "très rapide et discrète", la photographe Franziska Stünkel, spécialisée dans les clichés urbains, pris sur le vif, ne jure que par son boitier Leica, appareil emblématique de la marque allemande qui fête son centenaire.

L'artiste berlinoise, qui capture dans les reflets des vitres le court instant où objets et humains "coexistent" dans un même motif, explique qu'elle aime "réduire la photographie à l'essentiel".

Une pratique pour laquelle le petit boîtier noir de son modèle "M11" numérique fait merveille, dit à l'AFP la photographe de 51 ans .

Bien avant elle, des figures du photojournalisme tels que Robert Capa et Henri Cartier-Bresson ont contribué à la renommée de Leica. 

Née à Wetzlar, dans le centre de l'Allemagne, la marque à la pastille rouge résiste grâce à un positionnement de niche sur un marché de la photo archi-dominé par les géants japonais tels que Sony, Canon et Nikon. 

Si l'entreprise Leica de fabrication d'optiques et de microscopes a été fondée en 1869 par l'entrepreneur Ernst Leitz, c'est en 1925 qu'elle a présenté son premier modèle d'appareil 35 mm qui a jeté les bases de la photographie moderne, auparavant pratiquée en chambre grand format.

600 pièces par appareil

Aujourd'hui, les boîtiers "made in Wetzlar" sont toujours assemblés à la main dans une usine de la ville située au nord de Francfort. 

Dans un environnement sans poussière, 70 ouvriers, équipés de tournevis de précision et autres pincettes, assemblent plus de 600 pièces par appareil. Un travail minutieux "qui demande beaucoup d'expérience", explique Peter Schreiner, responsable du montage des appareils photo. 

Dans une halle voisine, le polissage des lentilles se fait jusqu'à "une précision de 0,1 millionième de mètre", avant les phases également délicates de collage et de laquage, souligne Roland Elbert, chef de la fabrication optique.

Après une décennie difficile dans les années 2000, l'entreprise Leica affiche une santé insolente et a totalement embrassé la technologie numérique qui représente aujourd'hui l'essentiel des ventes.

Un "appareil qui fait de vous un meilleur photographe", affirme à l'AFP l'artiste Alan Schaller, qui utilise un modèle "M11 Monochrom", dédié à la photographie en noir et blanc.

Ce Britannique règle l'ouverture, la vitesse d'obturation et la sensibilité ISO de l'objectif, assurant être "plus rapide qu'avec n'importe quel appareil automatique".

Un modèle, le "M6", reste fabriqué pour les nostalgiques de l'argentique.

Smartphones

Les ventes annuelles de l'exercice 2024/2025 devraient "atteindre la marque record des 600 millions d'euros pour une croissance annuelle proche de 10%", se félicite Matthias Harsch, aux commandes de l'entreprise depuis huit ans.

C'est plus rapide que les ventes mondiales d'appareils numériques qui ont crû de 4% en 2024 à 6,84 milliards d'euros, selon l'institut de consommation GfK.

L'innovation reste au cœur de la marque avec un budget de recherche de "plus de 10 % des ventes", affirme M. Harsch.

Au-delà des appareils photo, Leica se diversifie avec des montres, un projecteur laser pour une expérience de cinéma à la maison, et surtout une incursion toujours plus prononcée dans la photographie mobile. 

Son optique équipe désormais les smartphones du chinois Xiaomi, numéro trois du secteur, et le "Leitz Phone", conçu avec Sharp pour le marché japonais. 

Pour autant la marque chérie des artistes n'a pas l'impression de perdre son âme : "avec un téléphone, on fait des clichés, le reste c'est de la photographie", sourit le patron, évoquant une "cohabitation pacifique" entre les deux segments.

La différence est aussi dans le prix : compter près de 9.000 euros pour le boitier nu du "M 11" et quelques milliers d'euros de plus pour l'objectif. Leica ne communique pas le nombre d'unités vendues.

Les droits de douane tous azimuts lancés mercredi par les Etats-Unis seront "examinés" par Leica, commente sobrement son patron. 

Lors du premier mandat de Donald Trump, l'entreprise avait déjà dû affronter des surtaxes frappant ses objectifs. 

L'Amérique du Nord a représenté en 2024 20% des ventes de Leica, contre un tiers pour l'Asie et autant pour l'Europe, hors Allemagne (10%).

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