Législatives: pour Raphaël Glucksmann, l'union de la gauche malgré tout
"Je n'y vais pas à reculons": Raphaël Glucksmann a soutenu vendredi l'accord du Nouveau Front Populaire scellé la veille malgré ses profonds désaccords avec La France insoumise, acceptant de faire quelques concessions sur sa ligne politique, celle qui avait...
"Je n'y vais pas à reculons": Raphaël Glucksmann a soutenu vendredi l'accord du Nouveau Front Populaire scellé la veille malgré ses profonds désaccords avec La France insoumise, acceptant de faire quelques concessions sur sa ligne politique, celle qui avait le mieux convaincu à gauche lors des européennes.
C'est l'un des absents de la photo de famille à la Maison de la Chimie... Olivier Faure, Marine Tondelier, Fabien Roussel, Manuel Bompard, tous les dirigeants des mouvements de gauche arborent un large sourire, actant un accord de "rupture" censé faire barrage à l'extrême droite et représenter l'alternance à Emmanuel Macron.
Une absence, certes, mais pas de prise de distances. Place publique, le microparti de l'eurodéputé, est représenté par l'économiste Aurore Lalucq, élue dimanche au Parlement européen comme M. Glucksmann. Et celle-ci est satisfaite: "On a tous fait, je trouve, des pas incroyables en un temps absolument record", a-t-elle souligné aux côtés de ses homologues.
"La seule chose qui importe à mes yeux, c'est que le Rassemblement national ne gagne pas ces élections législatives et ne gouverne pas ce pays", avait déclaré un peu plus tôt sur France Inter Raphaël Glucksmann, engagé "dans une lutte à mort contre l'extrême droite".
"La seule manière de faire, c'est qu'il y ait une union de la gauche", a ajouté l'essayiste, resté muet ces derniers jours lors des discussions entre les différentes formations de gauche en vue des législatives anticipées pour trouver un accord, scellé finalement jeudi soir.
Les tractations ont été "un rapport de force idéologique, ça a été dur", a relaté Raphaël Glucksmann, assurant toutefois avoir obtenu les conditions qu'il avait fixées, tout en rejetant la perspective de voir Jean-Luc Mélenchon nommé à Matignon.
Electeurs trahis?
Le leader de Place publique n'a jamais caché ses nombreuses divergences avec La France insoumise, sur l'Europe et l'international notamment. Il avait notamment accusé la formation de Jean-Luc Mélenchon d'être à l'origine des attaques antisémites dont il a été l'objet pendant la campagne européenne.
Le "contrat de législature" signé par la gauche acte certaines demandes de l'eurodéputé: il reconnaît une "explosion inquiétante sans précédent" des "actes racistes, antisémites et islamophobes", les "massacres terroristes du Hamas" commis en Israël le 7 octobre.
Sur l'Ukraine, un autre point-clé du programme européen de M. Glucksmann, le Nouveau Front Populaire s'engage à "défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien", notamment par "la livraison d'armes nécessaires" et "la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l'effort de guerre russe.
Mais certains points sensibles, comme le nucléaire et l'Otan, ne sont pas évoqués. Pas plus que d'éventuels engagements contre la "brutalisation du débat public" qu'il dénonçait, ciblant clairement la France insoumise.
Fort de son score de 13,83% aux européennes, l'essayiste de 44 ans aurait en effet souhaité "construire un pôle social démocrate" sur la base de son succès aux européennes. Mais la brutale dissolution de l'Assemblée par Emmanuel Macron, et la menace de l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir en ont décidé autrement.
"Je ne vais pas arriver vers vous en chantant victoire", a-t-il reconnu avec amertume, disant comprendre que ceux qui ont voté pour lui aux européennes "puissent se sentir trahis" par cette union avec les Insoumis, huit mois après l'explosion de la Nupes.
Il mouillera la chemise
Ses opposants ne se sont pas privés de souligner ce revirement. "Comment les électeurs qui ont soutenu monsieur Glucksmann, qui a mené une campagne vraiment respectable, digne, avec beaucoup d'idées fortes, peuvent-ils soutenir une alliance qui, par définition, proposerait Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre?", a interrogé Emmanuel Macron mercredi.
Le chef de file de cette union "ne sera pas Jean-Luc Mélenchon", a répliqué Raphaël Glucksmann vendredi, car "il faut une personne qui fasse consensus", évoquant "d'autres figures infiniment plus consensuelles", comme le député insoumis François Ruffin, les socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault, ou l'ex-leader de la CFDT Laurent Berger.
Lui-même a répété qu'il ne serait pas candidat, mais a assuré qu'une figure émergera "qui pourra rassembler même au-delà du Front populaire".
Il a enfin promis de "mouiller sa chemise" pour soutenir sur le terrain les candidats écologistes, socialistes, Place publique ou communistes... se gardant bien de citer les Insoumis.
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