Législatives: Macron prié par sa majorité de se faire discret

Après la claque des européennes,perçue comme un vote sanction contre Emmanuel Macron, la plupart des députés et cadres de la majorité préfèrent que le président de la République reste à...

Emmanuel Macron à Meseberg proche de Berlin, le 28 mai 2024 © Odd ANDERSEN
Emmanuel Macron à Meseberg proche de Berlin, le 28 mai 2024 © Odd ANDERSEN

Après la claque des européennes,perçue comme un vote sanction contre Emmanuel Macron, la plupart des députés et cadres de la majorité préfèrent que le président de la République reste à distance de la campagne éclair des législatives.

Celui-ci a tenu une conférence mercredi, trois jours après avoir dissout l'Assemblée nationale. "Je ne ferai pas campagne aux législatives de la même manière que je ne l'ai pas fait" en 2022 et en 2017, a-t-il déclaré.

"C'est le Premier ministre (Gabriel Attal) qui va porter cette campagne avec les responsables de la majorité qui sont là à ses côtés", a-t-il ajouté.

Mardi, il avait cependant semblé vouloir s'engager personnellement: "J'y vais pour gagner", avait-il affirmé au Figaro Magazine.

La dissolution a eu l'effet d'une douche froide sur les députés de la majorité. "Je sais (...) que c'est brutal pour vous, vos collaborateurs et ceux qui repartent au combat", a compati mardi devant le groupe Renaissance le Premier ministre Gabriel Attal.

Plusieurs députés ont exprimé, à l'occasion de cette réunion, leur souhait que le Premier ministre s'engage pleinement dans la campagne.Lui et non le président de la République.

"Il y a eu beaucoup d'appels à ce que Gabriel Attal s'engage", non pour lui reprocher de ne pas le faire assez mais avec l'idée "qu'il ne faut pas que ce soit quelqu'un d'autre, très clairement cela voulait dire pas (Emmanuel) Macron", a affirmé un cadre du groupe à l'AFP.

De manière "symptomatique", "certains ont demandé à pouvoir mettre leur photo à côté de celle de Gabriel Attal (...) et donc pas du président de la République", a ajouté cette source.

Un autre député corrobore: "A partir du moment où le vote des européennes a été un vote sanction contre le président de la République, beaucoup de collègues ont voulu dire que, même si on aimait le président et qu'on lui était très fidèle, il fallait qu’il fasse attention parce qu'il ne fallait pas qu'il y ait un vote sanction contre les parlementaires qui mouillent la chemise".

"C'est moi qui mènerai cette campagne en tant que chef de la majorité", a déclaré le Premier ministre sur TF1 mardi soir, après plusieurs jours de silence médiatique.

Sereinement président

Au MoDem, le son de cloche n'est guère différent. "Il faut nous laisser parler de notre bilan, de notre engagement, de notre volonté de travailler peut-être autrement", dit le président du groupe centriste à l'Assemblée nationale Jean-Paul Mattei.

Son collègue Bruno Millienne en fait le "constat malheureux": "Je suis toujours en alliance avec le président (Macron)" mais, "pour ma campagne, je ne peux pas m’appuyer sur (son) image", devenue "détestable" aux yeux de nombre d'électeurs.

Interrogé sur BFMTV mardi, le président du parti François Bayrou a dit savoir "une chose, c'est qu'(Emmanuel Macron) est président de la République et ce n'est pas le président de la République qui va mener cette campagne".

Le maire de Pau, comme Gabriel Attal, va fortement s'impliquer. Ce sera aussi le cas d'Edouard Philippe, président du troisième parti membre de la majorité, Horizons.  Lui aussi invité de BFMTV mardi soir, Edouard Philippe a affirmé ne pas être "sûr qu'il soit complètement sain que le président de la République fasse une campagne législative".

Emmanuel Macron est "président de la République dans un moment où, de toute évidence, les institutions vont être soumises à des turbulences, ce qui me paraît donc justifier qu'il soit totalement, complètement, sereinement président de la République", a-t-il souligné.

Mini-présidentielle

En filigrane de cette entrée en lice des chefs de la majorité, commence à se jouer la bataille pour 2027.

Mais au-delà de cette dimension nationale, la campagne aura aussi et peut-être d'abord une dimension locale pour chaque candidat. "Ce sera une mini-présidentielle dans chaque circonscription. Et c’est la personnalité, ce que portent les candidats qui va jouer", assure Bruno Millienne.

La campagne sera "pour partie nationale, pour partie locale, avec des députés qui sont maintenant expérimentés, qui connaissent leur terrain et qui iront parler aux électeurs de leur circonscription", décrit le député Renaissance François Cormier-Bouligeon.

Candidate à sa succession dans les Yvelines, Béatrice Piron "ne mettra pas la photo d'Emmanuel Macron sur (son) affiche". "Je suis maintenant suffisamment connue et je vais défendre mon positionnement personnel, mes soutiens locaux et éviter les réactions anti-Macron qui existent parfois", dit-elle à l'AFP.

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