Législatives: les chefs de file devant les patrons, Attal personnalise la course à Matignon

Le Nouveau Front populaire demande un effort aux milliardaires, le Rassemblement national veut rassurer: les représentants des principaux partis dans la course aux législatives ont passé jeudi leur grand oral devant les patrons, tandis que Gabriel...

Le président du Medef, Patrick Martin (c), le président de l'Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL) Michel Picon (g) et le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin (d) lors d'une réunion avec les chefs de partis et de coalitions avant les législatives, le 20 juin 2024 à Paris  © JULIEN DE ROSA
Le président du Medef, Patrick Martin (c), le président de l'Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL) Michel Picon (g) et le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin (d) lors d'une réunion avec les chefs de partis et de coalitions avant les législatives, le 20 juin 2024 à Paris  © JULIEN DE ROSA

Le Nouveau Front populaire demande un effort aux milliardaires, le Rassemblement national veut rassurer: les représentants des principaux partis dans la course aux législatives ont passé jeudi leur grand oral devant les patrons, tandis que Gabriel Attal appelait les électeurs à l'élire à Matignon.

Jordan Bardella, Jean-Luc Mélenchon ou lui-même ? "Les Français vont choisir un Premier ministre" le 30 juin et le 7 juillet, a lancé le chef de file du camp présidentiel, en personnalisant la campagne des législatives autour de ces trois figures, quand bien même la gauche n'a pas désigné son futur candidat pour Matignon en cas de victoire.

Alors que sa majorité s'inquiète de l'animosité suscitée par Emmanuel Macron dans l'opinion, le Premier ministre a tenté jeudi de reprendre les rênes en se déplaçant dans l'Orne et la Sarthe, exhortant les Français à donner "une majorité absolue" à son camp. Des mots déjà employés à l'identique par M. Bardella, le président du Rassemblement national qui assure qu'il refuserait le poste en cas de majorité relative le 7 juillet.

Mais la déambulation de Gabriel Attal au Mans a été écourtée par une trentaine de manifestants dont l'un criait: "Vous êtes le paillasson de l'extrême droite".

Ciblé de toutes parts par les oppositions et épinglé mercredi par la Commission européenne qui a ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs, le camp présidentiel a tenté de défendre son programme économique devant les patrons. 

C'est l'ex-Premier ministre Edouard Philippe qui a ouvert la série d'auditions salle Gaveau à Paris, en répétant son attachement à la politique en faveur des entreprises déployée depuis 2017 sous la houlette d'Emmanuel Macron. 

"Il ne faut absolument pas changer la logique" mais plutôt "aller plus loin", a-t-il déclaré devant un large auditoire composé de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), l'Union des entreprises de proximité (U2P), ou le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), outre le Medef.

Patriotisme économique

Il a été suivi par Eric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) pour le Nouveau Front populaire, qui ont défendu un programme accusé par l'exécutif d'être dispendieux.

Sur scène, M. Vallaud a proposé un "pacte productif nouveau" unissant les travailleurs, les capitaines d'industrie et les consommateurs; et appelé les milliardaires à "un effort de patriotisme économique".

M. Coquerel a reçu des huées de l'auditoire quand il a fait la distinction entre "ceux qui produisent des richesses dans ce pays et ceux qui regardent avant tout les cours de la Bourse". 

L'alliance de gauche a prévu de présenter le chiffrage de son programme vendredi midi lors d'une conférence de presse. Mais dès jeudi soir, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a estimé dans une interview au Figaro qu'il coûterait 200 milliards d'euros sur cinq ans à la France tout en permettant d'en rapporter 230 milliards grâce à un "coup de fouet à l'activité".

Cette grand-messe a été l'occasion pour Jordan Bardella et Eric Ciotti d'apparaître pour la première fois côte à côte depuis l'annonce surprise de leur alliance. 

Le président du RN a dénoncé la "déraison budgétaire" du gouvernement et le "risque de décrochage économique", s'engageant à supprimer "intégralement" la CVAE, un impôt de production qui pèse sur les entreprises - cette dernière mesure étant également défendue par les macronistes. 

Sur l'abrogation de la réforme des retraites, une promesse dont les modalités restent floues, le doute n'a pas été levé: "On n'a absolument pas compris quel serait le calendrier et la réalité" de l'abrogation de la réforme, a réagi le patron du Medef Patrick Martin à l'issue des auditions.

Au journal de 20H de TF1, Jordan Bardella a réaffirmé qu'il permettrait, dans un premier temps, "à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans de partir à 60 ans avec 40 annuités", puis ajusterait la réforme en fonction des marges budgétaires, avec l'objectif d'un départ à 62 ans au maximum plutôt que 64 aujourd'hui.

Concernant la gauche, M. Martin a fustigé la proposition de Smic à 1.600 euros, affirmant "que si on veut précipiter la faillite d'entreprises allons-y gaiement".

Erosion du RN

Malgré cela, les promesses électorales se sont multipliées, à gauche, au RN et même au sein du gouvernement après de récents engagements de Gabriel Attal en faveur du pouvoir d'achat. Ce dernier a redit que les impôts n'augmenteraient pas -- une "règle d'or".

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a toutefois prévenu au cours de ces auditions patronales: "la marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle". 

Qui saura le mieux convaincre à dix jours du scrutin? Un sondage Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio notait jeudi une légère érosion du RN et de ses alliés à 34% des intentions de vote au premier tour, devant la gauche (29%) et le camp présidentiel (22%), ce dernier bénéficiant d'une progression.

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