Législatives: la droite explose après l'annonce par Ciotti d'une alliance avec le RN
Le patron de LR Eric Ciotti a provoqué un séisme mardi au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national, sans parvenir à entraîner avec lui pour l'instant d'autres dirigeants du parti...
Le patron de LR Eric Ciotti a provoqué un séisme mardi au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national, sans parvenir à entraîner avec lui pour l'instant d'autres dirigeants du parti, ulcérés pour la plupart par sa décision.
La rumeur sur un accord avec le RN avait couru tout au long de la matinée. Eric Ciotti l'a confirmée sur TF1 à la mi-journée: "Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats".
Le député des Alpes-Maritimes, connu pour ses positions droitières, est ainsi devenu le premier dirigeant du parti gaulliste à proposer un accord qui, s'il se concrétise, sera le premier de ce genre en France avec l'extrême droite.
Le président de LR, qui juge son parti "trop faible" pour s'opposer à la Macronie et au RN, a estimé que la droite avait besoin de cet accord pour préserver sa représentation à l'Assemblée nationale qui compte aujourd'hui 61 députés, dont beaucoup ne sont pas sur sa ligne.
Il a assuré être suivi par le président des jeunes LR Guilhem Carayon, candidat dans le Tarn, la N.2 de la liste aux européennes Céline Imart et des "dizaines de parlementaires".
Jordan Bardella a confirmé mardi soir un accord entre le Rassemblement national et Les Républicains pour les législatives, avec plusieurs dizaines de candidats LR qui seront investis ou soutenus, dont des députés sortants.
Mais une consultation menée au sein du groupe LR, qui compte 61 membres, n'a enregistré que deux votes favorables, celui de M. Ciotti et celui de sa collègue des Alpes-Maritimes Christelle D'Intorni, a précisé à l'AFP une source du parti.
La N.2 du parti, la députée Annie Genevard, a annoncé la tenue d'un "bureau exécutif exceptionnel" mercredi, "suivi d'une conférence de presse". Signe que le psychodrame risque de se poursuivre.
Les Républicains, qui se sont effondrés sous la barre des 5% à la présidentielle en 2022, ont été pris en étau entre la majorité macroniste, qui a multiplié les débauchages dans ses rangs, et le RN et Reconquête qui ont séduit nombre de leurs militants.
Au cours des dernières années, le parti a hésité entre une ligne droitière pour récupérer ses électeurs passés au RN et une autre plus centriste afin de ramener au bercail ceux qui ont rejoint la Macronie.
Interrogé sur son maintien à la tête de LR, M. Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, a répondu vouloir rester à son poste, précisant que "seuls les militants pourraient me l'enlever".
Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand a toutefois exigé son exclusion et un "rapide vote des militants" pour sur ce ralliement.
On ne trahit pas!
Après cette annonce fracassante, les dirigeants du parti ont rejeté catégoriquement cette alliance. Parmi eux Laurent Wauquiez, pourtant soutenu par Eric Ciotti lui-même comme candidat de la droite à l'Elysée en 2027.
"Parfois on convainc, parfois on ne convainc pas, mais on ne trahit jamais", a-t-il déclaré à Yssingeaux (Haute-Loire) où il a annoncé sa candidature aux législatives.
Le président LR du Sénat Gérard Larcher, qui s'est toujours opposé à un accord avec l'extrême droite, a assuré qu'il "n'avalisera jamais un accord avec le RN".
Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau est allé plus loin, accusant le chef du parti de "déloyauté".
Les dirigeants de LR ont voulu montrer leur unité et la solitude de M. Ciotti en publiant une tribune dans Le Figaro, assurant que sa décision était "une impasse".
Dans une autre tribune, parue dans Valeurs actuelles, une trentaine de jeunes LR ont refusé "toute forme de coalition avec le RN".
Au sein du parti, on assure par ailleurs que M. Ciotti "n'a aucun pouvoir d'investir" et que la désignation des candidats LR revient à la commission nationale d'investiture (CNI) où il ne disposerait pas d'une majorité.
Selon un cadre du parti, les résultats décevants aux européennes dans sa circonscription des Alpes-Maritimes, où la liste RN a recueilli près de 30% des suffrages, loin devant LR qui a frôlé les 10%, ont poussé sur la décision de M. Ciotti.
Des premières défections se sont produites: des élus locaux et près d'une dizaine de sénateurs, dont la vice-présidente Sophie Primas et le rapporteur général du Budget Jean-François Husson, ont annoncé qu'ils quittaient le parti gaulliste.
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